Historien du droit, des institutions et des faits sociaux, Pierre Renucci est un spécialiste des empereurs julio-claudiens. Auteur d’une kyrielle d’ouvrages sur les empereurs de la Rome antique, Pierre Renucci vient de consacrer un très bel ouvrage à Tiberius Claudius Caesar Augustus Germanicus, i.e. l’empereur romain Claude (10 avant Jésus Christ-54 après Jésus Christ) qui succéda à Caligula. Intitulée Claude. L’empereur inattendu, cette biographie a été publiée aux éditions Perrin.

Au cours du prologue, l’auteur rappelle que le problème principal d’Octave Auguste fut d’instaurer une monarchie qui n’en eût pas l’apparence à cause des mauvais souvenirs romains en la matière. La république, quant à elle, ne parvenait plus à fédérer un empire immense, lequel regroupait par ailleurs une multitude de peuples différents. A cette époque, Rome n’était plus une cité, mais un monde en soi.

Octave instaura donc une dynastie sans le dire ouvertement. Claude était, quant à lui, le frère de Germanicus. Leur famille était l’une des plus prestigieuses. Claude était un julio-claudien, héritier d’une dynastie acceptée. N’ayant jamais songé à la magistrature suprême, il fut le premier surpris à devenir empereur. On le disait débile, mais cela était vraisemblablement le fruit de la médisance. Reste que s’il n’était pas idiot, il était néanmoins bègue, mais aussi bourré de tics, bâfreur, ivrogne et porté sur les femmes.

En dépit de la peu flatteuse présentation qu’en firent les mauvaises langues, Claude était un authentique érudit avant de devenir empereur à 52 ans, le 25 janvier 41. Il n’avait pas du tout souhaité ce pouvoir qu’il exerça dans le sens de la plus stricte loyauté dynastique. Ses premières mesures furent de condamner les assassins de son prédécesseur et neveu, Caligula. A en croire Pierre Renucci, il ne payait pas de mine, mais Claude fut l’un des meilleurs administrateurs que connut Rome.

La grande innovation de son règne fut de confier les postes à responsabilité à des hommes compétents, et non plus exclusivement à des privilégiés. C’est la raison pour laquelle des esclaves affranchis purent occuper des places de tout premier rang. Claude considérait en effet tous les individus comme des citoyens du même univers.

Le bilan de son règne est positif. Il réussit notamment à imposer la paix et la sécurité aux frontières de l’empire romain. Il mena une politique de grands travaux et parvint à assainir les finances publiques. Il exerça son activité judiciaire avec humanité en poursuivant, par exemple, ceux qui tuaient des esclaves âgés. Mais ce n’est pas tout, Claude parvint en outre à conquérir la Grande-Bretagne.

Il dut, toutefois, faire face à des complots. Tous les incontestables progrès qu’il fit accomplir à la Rome impériale furent ternis par ses épouses successives, et notamment Messaline. En effet, celle-ci n’eut de cesse de tromper l’empereur et d’essayer de lui ravir le pouvoir. Une fois disparue, Messaline fut remplacée par Agrippine, laquelle manœuvra pour faire en sorte que lui succède son fils certes issu d’une autre union, mais que Claude adopta. Il semble que Claude fut finalement empoisonné.

Jean-Paul Fourmont