Le 15 octobre 1927, Mustafa Kemal, président de la République turque, entame un très long discours : le Nutuk. Il expose dans cette allocution qui dure près de six journées pleines son récit de la fondation de la Turquie moderne. Après la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal, alors militaire de carrière, refuse le dépeçage de l’Empire ottoman prévu par les Alliés au traité de Sèvres et mène une révolte contre le gouvernement d’Istanbul. Après sa victoire contre les Grecs à l’ouest de l’Anatolie puis l’abolition du sultanat ottoman par la Grande Assemblée nationale de Turquie, il proclame la République le 29 octobre 1923. Depuis Ankara, nouvelle capitale de la Turquie, Kemal impose alors des réformes fondamentales, basées sur l’indépendance et la laïcité, afin de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l’Empire ottoman multiculturel.
Marie Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni, s’appuyant sur les connaissances éclairées de l’historien François Georgeon, nous racontent comment un militaire nourri de culture occidentale et d’une énergie peu commune, Mustafa Kemal, permit à la Turquie d’entrer dans l’ère moderne. Un personnage autoritaire, désigné Atatürk (“le Turc-Père”) par la Grande Assemblée, qui reste aujourd’hui encore la grande figure tutélaire de la Turquie autant que l’un des hommes politiques les plus remarquables de la période de l’entre-deux-guerres.
Présentation de la scénariste
Marie Bardiaux-Vaïente obtient en 2015 un doctorat en Histoire contemporaine et politique. Cette thèse co-dirigée en Histoire du Droit est intitulée Histoire de l’abolition de la peine de mort dans les Six pays fondateurs de l’Union européenne. Scénariste de bande dessinée depuis 2011, militante pour l’abolition universelle de la peine de mort et féministe, elle témoigne de l’ensemble de ses diverses préoccupations et passions à travers son activité d’autrice, comme en témoignent La Guillotine (Eidola), Fille d’Œdipe (6 Pieds Sous Terre), la collection « Les Reines de sang » (Delcourt), ou lors de sa direction éditoriale du collectif Féministes (Vide Cocagne). Aux éditions Glénat, elle retrace le parcours de Robert Badinter dans L’Abolition, puis s’attèle au procès d’Adolf Eichmann dans L’Enfer est vide, tous les démons sont ici. Dans la collection « Ils ont fait l’Histoire », elle a écrit le scénario de Talleyrand (2021), avant que ne paraisse Atatürk en 2023. Ce dernier album met en lumière la figure politique de Mustafa Kemal, premier Président de la Turquie dont nous fêtons le centenaire de la République, cette année. Enfin, elle prépare chez le même éditeur un ouvrage sur le Conseil Constitutionnel à paraître en 2024, tout en continuant ses travaux de recherche sur l’Histoire de la Justice et la sociologie politique.
Présentation du dessinateur
Andrea Meloni est directeur artistique au studio Arancia. Il est le dessinateur de plusieurs albums de la collection “Ils ont fait l’Histoire”, dont Talleyrand, Mussolini ou Elisabeth Ire.
Présentation du conseiller historique
François Georgeon est historien et directeur de recherche émérite au CNRS. Spécialiste du monde ottoman et de la Turquie contemporaine, il est notamment l’auteur d’Au pays du raki. Le vin et l’alcool de l’Empire ottoman à la Turquie d’Erdogan (CNRS Éditions, 2021) et co-auteur du Dictionnaire de l’Empire Ottoman – XVe-XXe siècle(Fayard, 2015 ; nouvelle éd. CNRS Éditions, 2022).