Les nouvelles échelles de la puissance

Cette quatrième édition est écrite par Thierry Sanjuan (professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il travaille principalement sur les mutations sociales et urbaines de la Chine. Il a notamment publié un atlas sur la ville de Shanghai chez le même éditeur. Les cartes sont réalisées par Madeleine Benoit-Guyot.

Contrairement à certaines idées reçues, Thierry Sanjuan rappelle que les migrations chinoises ne se font plus massivement depuis l’intérieur vers les littoraux : désormais, les mobilités sont principalement à destination de l’Amérique du Sud et de l’Afrique (pour des contrats de travail).

Six grandes parties constituent le coeur de l’atlas : une mise en perspective géo-historique (« l’héritage »), le développement social (« vers une société développée »), l’adaption du maoïsme à l’insertion dans la mondialisation (« un territoire globalisé »), la géographie urbaine (« la Chine des villes »), les marges intégrées et en cours d’intégration (« les périphéries ») et les attributs de la puissance chinoise (« un acteur majeur de la globalisation »). L’auteur préfère souvent utiliser le terme de globalisation afin d’insister sur les ressorts économiques de la mondialisation dans cette quatrième édition.

La puissance est la notion fil-rouge. Selon l’auteur, « la Chine change d’échelle » : la capacité de projection vers le reste du monde est la suite de l’intégration réticulaire complète de son propre territoire. De nombreux acteurs sont alors des relais de cette puissance : la diaspora, les entrepreneurs, les ouvriers-expatriés, les soldats. Deux slogans sont particulièrement mis en avant : « le rêve chinois » et les « routes de la Soie » par le pouvoir central.

De nombreux documents sont pertinents afin de construire une séquence pour des lycéens.

  • Comme accroche pour expliquer les héritages des années 1920-1940, la page de la page 24 présente clairement les sept principaux lieux de la mémoire maoïste.
  • La carte de la page 44 aborde les étapes de l’ouverture du pays depuis les ZES (Zone Economique Spéciale) jusqu’aux villes frontalières telles que Tacheng au Xinjiang en 1992. Elle permet de clore le chapitre sur la « Chine et le Monde » en terminale.
  • La page 55 articule un petit graphique présentant la hausse exponentielle du nombre de véhicules motorisés. Il peut être à l’origine d’une étude portant sur les villes durables en classe de seconde.
  • Enfin, la dernière partie de l’atlas permet aisément de constituer des supports pédagogiques pour les attributs de la puissance : militaire, culturelle (avec les instituts Confucius), économique (via les investissements et les relations avec l’Afrique), en matière de transport (avec la stratégie de la « One Belt and One Road Initiative » qui se décompose en un faisceau de routes terrestres et un axe de circulation maritime).

Les candidats aux concours devant s’intéresser à la géographie du tourisme et des loisirs se reporteront à la double-page sur la société des loisirs : la confrontation de deux graphiques permet de voir que les mobilités chinoises à l’intérieur du territoire national sont en très forte augmentation. Les dépenses par Chinois ont doublé depuis 2005 (environ 888 yuan en 2016).

 

Deux petites remarques pour une prochaine réédition. A la page 40, une carte présentant les flux de touristes étrangers en Chine s’avère relativement imprécise pour la localisation de la France, de la Corée du Sud et du Japon. Un peu plus loin, une interrogation subsiste à la suite de la lecture de la carte présente à la page 83 : le Bhoutan fait-il vraiment partie de l’ASEAN ?

Ces deux petits détails n’empêchent pas l’atlas d’être toujours l’une des sources les plus pertinentes pour l’enseignement de la géographie de la Chine.

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes