Dans cette seconde édition, Aurélien Delpirou et Stéphanie Mourlane nous proposent une nouvelle monture de leur atlas, évoquant un sujet mis en lumière par les Rendez-Vous de l’Histoire 2019, l’Italie. Aurélien Delpirou, maître de conférences à l’École d’Urbanisme de Paris, chercheur au sein du laboratoire Lab’Urba, travaille sur les liens possibles entre les politiques urbaines et les politiques de mobilités dans les principales métropoles. Stéphane Mourlane, quant à lui, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Aix-Marseille et à Sciences-Po, a beaucoup travaillé sur les relations internationales en Méditerranée et sur la question de l’immigration italienne. La préface est rédigée par Marc Lazar, professeur des Universités en histoire et sociologie politique à Sciences-Po (président du centre d’Histoire) et président de la School of government de la Luiss-Guido Carli de Rome, qui s’est spécialisé dans l’histoire et la vie politique italienne. La réalisation cartographique a été confiée à une habituée du genre, Aurélie Boissière (Atlas de l’Afrique, Atlas de la mondialisation…).

L’introduction insiste sur la question des frontières de l’Italie, rappelant que la forme familière de la botte s’est construite via des conflits avec ses voisins territoriaux (on peut évoquer le Risorgimento de la fin du XIXème siècle). L’hétérogénéité italienne pose le paradoxe de sa diversité et son unité territoriale. Ainsi, Marc Lazar associe les différences majeures entre les paysages, cultures et populations italiennes et l’histoire qui a uni ce peuple « d’Italiens ». Les chiffres nous rappellent la place actuelle de l’Italie, un membre en difficulté de l’Europe occidentale, tout autant inspirant (par sa culture par exemple) qu’inquiétant (la montée des populismes).

Dans une première partie, les auteurs insistent sur les contrastes territoriaux de l’Italie. On insiste sur le clivage le plus commun, l’opposition Nord/Sud mais également sur le duo/duel Rome/Milan. La question urbaine est évoquée de manière approfondie (tissu urbain, périurbanisation) tout comme les aménagements, permettant la référence à l’effondrement du pont Morandi de Gênes et ses conséquences, et ses risques.

La deuxième partie traite le sujet de la population italienne et pose la question de son identité. Ainsi, la langue italienne et ses dialectes montrent une diversité culturelle forte entre les différentes régions. La démographie permet de montrer le vieillissement de la population dans le cadre familial si particulier de la mamma. Enfin, la question des migrations, perturbant l’Italie et amenant des discours xénophobes comme ceux de l’ancien ministre Salvini, amènent à réfléchir aux entrées mais également aux sorties, moins nombreuses aujourd’hui mais structurantes durant tout le XXème siècle.

Dans une troisième partie intitulée « Etat et politique », les auteurs posent le paradoxe d’une Italie défiante face à son système politique tout en disposant d’institutions solides dans le temps. L’ouvrage montre l’ouverture au XIXème siècle de l’Italie à la démocratie par des biais similaires à la France de la même époque comme l’éducation. Le fascisme est à la fois présenté par ses productions urbanistiques et son organisation. Le retour de la démocratie est montré par les fragilités qui la caractérisent et permet d’insister sur la question de la mafia et des populismes. La place de l’Église, essentielle pour comprendre le fonctionnement de l’Italie, apparaît par le biais historique et sociétal (lien avec les migrants).

La quatrième partie insiste sur la culture italienne, indispensable pour l’ensemble de l’Europe. Cependant, les auteurs montrent parfaitement la crise que traverse l’État italien pour la gestion de ses biens culturel tout en gardant des fers de lances (le festival de cinéma de la Mostra est un exemple). On insistera également sur l’enjeu du tourisme, ressource économique importante pour le pays et s’appuyant sur des territoires comme celui de la Toscane (présenté par une cartographie sur la viticulture de la région). La place de l’automobile et du football montre une société profondément marquée par des symboles nationaux et mondialisés (Ferrari, Juventus de Turin…). La question médiatique clôture cette partie, montrant les liens étroits et les problématiques avec le monde du politique.

Pour finir, la dernière partie intitulée « L’Italie face au monde » permet de traiter la place géopolitique et géoéconomique de l’Italie, au centre de la Méditerranée. D’un point de vue historique, l’ouvrage insiste sur les différents conflits marquant de l’histoire italienne (des défaites comme Adoua ou des victoires comme la conquête de l’Éthiopie). Pour la géopolitique actuelle, l’Europe tient une place centrale à la fois par les aménagements, les investissements économiques mais également la défiance italienne face aux institutions européennes.

En conclusion, cet ouvrage constitue un outil très synthétique et bien illustré pour tous ceux qui cherchent à compléter leurs connaissances sur l’Italie. Quelques cartes ou schémas sur la puissance militaire actuelle auraient pu permettre de compléter un tableau déjà très complet de la péninsule italienne.