Un véritable annuaire d’études de cas pour enseigner ou comprendre la géopolitique

L’atlas est dirigé par Michel Nazet (professeur honoraire au lycée Saint-Michel-de-Picpus) et Alain Nonjon (professeur honoraire au lycée Michelet à Vanves). L’écriture est issue du travail d’une équipe de 15 auteurs, au sein de laquelle on retrouve de nombreux enseignants en classes préparatoires (Paris, Lille, Lyon, St-Etienne, Douai, Reims, Marseille, Limoges) coordonnée par les deux directeurs d’ouvrage. Les cartes sont réalisées par Jean-François Ségard.

De la Casamance au Xinjiang, des camps de réfugiés somaliens dans la ville kenyane de Dadaab jusqu’au site nord-coréen de Punggye-ri en passant par le centre religieux chiite de Qom en Iran, les situations décrites témoignent de la volonté de dresser un tableau géostratégique à l’échelle mondiale. Militaires, politiques, historiques, religieux, migratoires, diplomatiques ou financiers, les lieux stratégiques se caractérisent par des situations pouvant évoluer rapidement et justifient l’utilisation de la démarche multiscalaire dans l’enseignement.

La préface est parsemée de nombreuses références historiographiques (citons Raymond Aron, Michel Agier) et donne un ton offensif pour aborder les lieux stratégiques (quartiers, villes, régions, États). De nouveaux « arcs de crise » seraient en formation. Alain Nonjon affirme notamment à la page 7 que « de Trump à Poutine, un nouveau de choc de civilisation bouleverse les acquis ».

L’atlas est divisé en 6 chapitres, d’inégales longueurs : d’une vingtaine à une centaine de pages. Ce panorama d’études de cas se révèle riche grâce à de nombreuses informations et c’est là, l’un des points forts de cet opus. En une ou deux pages, un commentaire généralement organisé en courts paragraphes est accompagné d’une légende organisée, d’une citation et d’un encart d’actualité. La lecture n’est pas toujours aisée : la carte est parfois orientée dans un sens différent du texte, ce qui nécessite de tourner l’atlas à 90 degrés.

Notons que la qualité des légendes des différentes cartes varient en fonction des recommandations des auteurs : parfois très précises et respectant les règles de base de la sémiologie graphique, elles peuvent construites de façon à perdre le lecture (averti ou non). Par exemple, le figuré consistant à de petites bombes ne signifient pas forcément la présence d’un affrontement armé. La gamme de couleur des cartes met en avant des surfaces de couleur rouge/rose. Ce qui fait que les fleuves et rivières peuvent être représentés en rouge !

Une seconde édition pour gommer les imperfections ?

Le prix élevé de l’ouvrage, à savoir 35 euros, ne masquent pas les insuffisances de la relecture avant sa parution. Malgré les aspects novateurs et didactiques de l’atlas, les coquilles sont très nombreuses : dès la page 5, puis à la page 16, page 20, page 240… Par exemple, une coquille d’ordre statistique indique à la page 21 que la population javanaise est actuellement de 137 000 habitants ! Notons enfin que l’ouvrage est imprimé en Italie.

Un atlas utile pour les étudiants de classes préparatoires (notamment militaires) et pour les enseignants de la spécialité « Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences Politiques » désirant faire le point sur un point chaud du globe de façon concise. Il peut être un très bon complément du dictionnaire de géographie militaire de Paul-David Regnier paru en 2015. Espérons que la seconde édition actualisera la situation de chaque lieu présenté et gommera les petits défauts !

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes