Ce livre , riche en archives,  propose un panorama de la diplomatie culturelle de la France au XXe siècle. Il contient aussi de multiples flashs sur des institutions.

La diplomatie culturelle avant le XXe siècle

Dans l’introduction, Guillaume Frantzwa dit que l’on peut remonter à l’époque du roi Soleil pour parler de diplomatie culturelle. Depuis le règne de Louis XIV, la France a pris l’habitude de faire partie des puissances qui occupent le devant de la scène. Louis XIV s’est appuyé notamment sur les artistes. Napoléon pressent le besoin pour la France de garder le rôle de modèle culturel qu’elle détenait auparavant. L’influence de la langue française est importante. Jusqu’à la chute de Second Empire, l’interpénétration des milieux diplomatiques et littéraires, la vie de cour et la volonté des souverains créent de multiples institutions en France ou à l’étranger. Après 1870, l’influence française régresse puis remonte après 1889 avec l’Exposition universelle.

La naissance des réseaux culturels modernes (1883-1940)

Il n’y a pas d’action coordonnée au départ. L’Alliance française organise par exemple des tournées de la Comédie Française. Des services étatiques dédiés à la diffusion culturelle n’apparaissent qu’après 1900 et une accélération a lieu à partir de 1920. L’Alliance française est une initiative du secteur privé. Elle s’appuie sur la langue selon l’idée que, qui parle français pense français. En parallèle de l’Alliance française, on trouve un certain goût pour la création de centres culturels franco-étrangers après 1900. On voit apparaître la fonction d’attachés culturels dans les ambassades. Ces instituts ont des missions diverses. Certains se concentrent sur les échanges universitaires et d’autres se focalisent sur le secteur artistique. On constate que les bourses pour étudier à l’étranger sont pour des étudiants de haut niveau. Il y a des publications de revues et les bâtiments sont vus comme des vitrines. L’auteur évoque ensuite l’Alliance française d’action artistique (AFAA). Sa principale action consiste à soutenir les projets montés à l’étranger en faveur de la culture. A partir des années 30, on relève des opérations de grande ampleur mais elles sont compliquées en raison de la montée des gouvernements fascistes. Pour soutenir l’industrie du cinéma, le gouvernement français décide la création du festival de Cannes. La première édition est prévue pour le 1er septembre 1939 mais est évidemment annulée compte tenu des circonstances.

La culture à l’épreuve de la guerre (1940-1950)

La guerre signifie la fermeture d’établissements. Le service des œuvres et l’AFAA ne sont pas épargnés par les déprédations de l’occupant. Le général De Gaulle s’emploie en continu à construire son appareil gouvernemental et sa propagande. A partir de 1945, il s’agit de refonder la diplomatie culturelle. Il y a un souci de reconquérir la place de grande puissance perdue durant la guerre. En novembre 1945, c’est la fondation de l’ONU pour l’éducation, plus connue sous le nom d’Unesco. En plus de reconstruire, il faut aussi, pour la France, étendre son réseau. Cette reconquête se déroule à des rythmes différenciés. Peu à peu, avec la montée de la Guerre froide, la vie des instituts français dans les nouvelles républiques socialistes se complique.

Maintenir une influence au temps de la Guerre froide (1950-1990)

La France cherche à enrayer le déclin de sa culture et à freiner la progression des États-Unis et de l’URSS. Dans le monde communiste, on voit fleurir des pétitions dont une sensée avoir recueilli 550 millions de signatures, au moment où le monde communiste ne regroupe que 549 millions d’habitants ! Le voyage de De Gaulle en URSS accélère le dégel des relations entre Paris et Moscou. Ensuite, la Chine devient un enjeu. L’Alliance française profite de la politique d’ouverture de la Chine et de son statut privé pour ouvrir quatorze antennes sur le territoire entre 1989 et 2019. La France invente la notion d’exception culturelle. En 1946, il y a également la création du CNC et d’un ministère de la Culture en 1959. Le livre évoque aussi l’importance de Jack Lang. L’Amérique est un enjeu majeur dans le déploiement des réseaux et son importance peut se mesurer à la récurrence des voyages de la Comédie française et de l’Opéra.

Trouver sa place dans un monde globalisé (1950-2000)

Il s’agit à présent de trouver sa place entre les deux Grands et d’inventer de nouvelles façons de valoriser sa culture et sa compétence aux yeux du reste du monde. La politique extérieure de la France s’ordonne autour de quelques idées : l’indépendance nationale, l’équilibre des blocs militaires dans le monde, la construction de l’Europe, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le développement des pays pauvres. Après l’indépendance des anciennes colonies, il faut parfois un peu de temps aux instituts français pour s’implanter. Le rapport que la France entretient avec elles est proche, mais aussi complexe. La France use de vieux leviers notamment sous forme de tournées théâtrales. En 1969, les attachés scientifiques font leur apparition à côté des attachés culturels. Dans le domaine des sciences, la France a cherché à étendre ses voies d’action dans un de ses vieux domaines de prédilection depuis le XIXème siècle : l’archéologie. La place internationale de la France est confortée par son rôle moteur dans la construction du multilatéralisme.

Les défis de la diplomatie culturelle du XXIe siècle (2000-2023)

La position des États-Unis vis-à-vis de la France est beaucoup plus fluctuante. Le Quai d’Orsay dit arriver à faire vivre une notion comme l’exception culturelle dans un monde globalisé, ce qui apparaît presque anachronique. Le réseau des instituts français est encouragé à suivre l’exemple de l’Alliance française, comptant essentiellement sur le mécénat depuis ses origines. C’est le temps aussi pour le développement de nouveaux outils stratégiques. Culturethèque est une plateforme en ligne présentée comme une bibliothèque numérique ouverte. Le Quai d’Orsay compte toujours sur l’Alliance française pour compenser les suppressions d’instituts dans une logique de complémentarité. Campus France est lui destiné à promouvoir l’enseignement supérieur français auprès des étudiants étrangers. Un flash est proposé sur le Louvre Abu Dabi. Le livre évoque également le cadre européen. La coopération européenne n’exclut pas la rivalité pour les langues en premier lieu et pour l’influence sur les partenaires extérieurs en second lieu.

Cet ouvrage richement illustré permet un panorama très intéressant sur cet aspect du soft power de la France. Il pourra servir notamment dans le cadre de l’HGGSP en classe de première.