Présentation de l’éditeur. « Une amusante promenade dans l’histoire des sciences, à travers le portrait de trente-cinq scientifiques. Les époques sont balayées, depuis les anciens Grecs, tels Pythagore ou Thalès, jusqu’à des scientifiques encore vivants, comme la généticienne Emmanuelle Charpentier ».

 

Antonio Fischetti est chercheur en acoustique. Il publie régulièrement des chroniques dans Charlie Hebdo depuis 1997, dans la rubrique « L’Empire des sciences », qui ont fait l’objet de publications. Mais il a également l’auteur d’ouvrages de vulgarisation, comme Questions idiotes et pertinentes sur le genre humain : 36 réponses pour en finir (ou pas) avec les idées reçues (2012).

Guillaume Bouzard est l’auteur d’albums à l’humour complètement décalé : Les Poilus (Fluide glacial, 2016) vaut vraiment le détourJe m’en veux de ne pas en avoir rendu compte dans la Cliothèque. Au lieu de quoi je l’ai savouré très égoïstement… Rien ne vous empêche d’en faire autant.. Son super-héros à la manque, Plageman (1997 et 2000), et Les Pauvres Types de l’espace (1995) sont à conseiller. Récemment, il a ajouté un volume aux « Lucky Luke » en mettant en valeur son cheval : Jolly Jumper ne répond plus (2017). Il n’empêche que Guillaume Bouzard donne aussi dans le sérieux (bon, OK : avec de nombreuses entorses) : on a ainsi bien apprécié Le Rugby. Des origines au jeu moderne, co-écrit avec Olivier Bras (2017). Au fait, j’interdis à qui que soit de prétendre que je suis de parti pris…

Sa collaboration avec Antonio Fischetti partait donc sur d’excellentes bases. On retrouve, dans cette Planète des sciences, une structure similaire à La Planète des sages, de Jul et Charles Pépin. On a ainsi une page sur un savant, qui donne un aperçu de ses travaux de recherche, l’autre étant réservée à une bande dessinée qui exploite un événement particulier. Trente-sept personnages sont ainsi abordés. Mais si la majorité est constituée d’hommes, comme on pouvait s’y attendre, les auteurs ont pris soin de donner une place aux femmes : outre le personnage récurrent, Gründüne, quelles que soient les époques, on trouvera Marie Curie, Jane Goudall, Emmanuelle Charpentier, ainsi que, indirectement, Rosalind Franklin (par le biais de James Watson). Comme ces noms l’indiquent, des célébrités sont mêlées à des scientifiques plus obscurs, dont l’apport a tout de même été important. Qui se souvient d’Antonie Van Leewenhoek, par exemple, d’Erwin Schrödinger, Alexander Grothendieck ou de Konrad Lorenz ? Je n’en dirai pas davantage. Vous savez lire : vous irez voir par vous-même. De plus, il n’y a pas que des morts (comme pour les poètes). À James Watson, Jane Goodall et Emmanuelle Charpentier, déjà évoqués, s’ajoutent Yves Coppens et Peter Higgs.

L’alliance du texte et de la bande dessinée fonctionne parfaitement. Des enfants assez jeunes (j’en ai fait l’expérience) peuvent très bien s’emparer de l’ouvrage pour développer leur culture scientifique, accompagnés par un adulte. L’entrée par le dessin facilite bien les choses, et permet ensuite de se pencher sur la notice biographique. La Planète des sciences a donc toute sa place dans les bibliothèques scolaires, dès le premier degré et, à plus forte raison, dans les niveaux supérieurs. Mais l’âge ne fait rien à l’affaire : on prendra beaucoup de plaisir à sa lecture.


Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes