CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au lycée Catherine et Raymond Janot à Sens et au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

Les éditions Autrement publient conjointement avec la DIACT (Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires) un nouveau volume dans la collection Atlas Monde, consacré à la question de la mobilité.

Françoise Potier est directrice de recherche à l’INRETS (Institut National de la Recherche sur les Transports et leur Sécurité). Elle a écrit conjointement avec Georges Cazes un Que sais-je ? sur le tourisme. Christophe Terrier est chef du département de la Stratégie, de la prospective, de l’évaluation et des statistiques du ministère du tourisme. Il est le créateur de Mirabelle (méthode informatisée de recherche et d’analyse des bassins par l’étude des mobilités domicile – travail). Il est l’initiateur de la carte des Territoires vécus, publiée par l’INSEE. Voir : http://cterrier.club.fr/carte.htm
L’ouvrage est préfacé par Pierre Mirabaud, alors délégué interministériel à l’aménagement et à la compétitivité des territoires.

C’est donc un atlas très institutionnel que publient les éditions Autrement. La question de la mobilité est au cœur des nouvelles problématiques de géographie. Les mobilités ont connu leur diffusion en tant que concept avec la carte des territoires vécus. C’est la même idée qui est reprise ici même si il est plus difficile d’en rendre compte au niveau cartographique. Sous cet angle, le traitement du tourisme est intéressant, d’autant plus que , c’est l’une des forces économiques de la France avec 7% du PIB. Le tourisme est « amical » pour les territoires car il engendre de nombreuses activités secondaires au titre de l’économie présentielle.

L’ouvrage s’organise en deux grandes parties : une longue introduction et 22 courts chapitres abondamment illustrés de cartes consacrées aux mobilités particulières aux habitants de chaque région.

Que retenir de l’introduction générale ?
On constate qu’il y a une très forte constance des lieux touristiques dans le temps. L’importance de la région d’origine, qui avait déjà été remarqué par J.M Benoit. La France à 20 minutes, se confirme. Il n’y a pas d’homogénéisation des modes de vie. On ne va pas en vacances de la même façon selon l’endroit où l’on habite. 89% des voyages se réalisent en France. Le taux de départ des Français à l’étranger est l’un des plus bas d’Europe. L’hébergement marchand est minoritaire (40% seulement). Un quart des Français ne partent pas en vacances alors que 15% d’entre eux réalisent plus de 50% des séjours touristiques. Cela tient au revenu, au degré d’urbanisation et à l’âge des individus. 35% des nuits effectuées dans l’hexagone sont le fait des touristes étrangers. La typologie du tourisme des Français en France fait apparaître une France coupée en deux selon une ligne Le Havre – Genève. Au Sud, les régions bénéficiaires. Au Nord, les régions déficitaires, à l’exception de l’Ile de France. Il ressort de cette étude le rayonnement de Paris, la structuration de territoire touristique par les réseaux ainsi que la relativement faible amplitude des parcours.

C’est dans la seconde grande partie que l’ouvrage montre ses limites. Chaque chapitre est constitué de l’analyse de cartes. L’ensemble demeure aride. Les facteurs d’explication manquent. Ainsi, si l’on retient l’exemple de la Lorraine qui accueille chaque année le FIG (Festival International de Géographie), le dossier consacré à la région égrène de nombreux chiffres sur les pratiques des lorrains en villégiature. Ceux-ci quittent peu leur région pour de courts séjours. Ils se rendent alors dans la région elle-même, en Ile de France, en Alsace et en Rhône Alpes. Pour les longs séjours, « le Lorrain » part plus volontiers à l’étranger que le « Français provincial ». En dehors de cette destination, il passe ses vacances en Rhône Alpes, PACA, Languedoc Roussillon pour profiter du soleil. La Lorraine est une terre qui accueille des touristes pour des longs et des courts séjours (4 millions de séjours) en provenance de l’étranger, de l’Ile de France, de l’Alsace, de Champagne – Ardennes. Il aurait été bienvenu de fournir des éléments d’explication à ces mobilités en faisant référence au patrimoine historique, naturel et culturel (cf. le FIG et ses 50 000 visiteurs annuels).
Faute de quoi, l’ensemble est particulièrement indigeste, surtout si l’on en fait une lecture linéaire. Aussi, la consultation de cet ouvrage est à conseiller pour une recherche de renseignement ponctuel. C’est donc un atlas plus adapté aux collectivités territoriales qu’à l’enseignement (sauf dans le cadre d’une étude de cas du tourisme dans une région).

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