Yvette VEYRET et Paul ARNOULD sont tous les deux professeurs émérites, l’une à l’université Paris-Nanterre et l’autre à l’École normale supérieure de Lyon. Il sont spécialistes de l’environnement. La cartographe Claire LEVASSEUR a épaulé les deux auteurs de cet atlas en leur permettant de représenter graphiquement les principaux enjeux du développement durable.

L’introduction a d’abord pour objectif d' »inscrire le durable dans la durée ». Les auteurs rappellent que la notion de développement durable entendue comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » n’a jamais fait consensus et au contraire cache des approches parfois divergentes. On peut faire remonter sa théorisation au XIXème siècle avec les écologistes américains et en Europe, à l’économiste T.MALTHUS. Mais c’est dans la deuxième moitié du XXème siècle que les questions sur la gestion de la nature (volet écologique), le développement des idées anti-capitalistes ou de décroissance (volet économique) et la recherche de l’équité (volet social) se renforcent et se répondent mutuellement. Aujourd’hui, les 17 objectifs (déclinés en 169 sous-objectifs) du développement durable de l’ONU concernent 193 pays et remplacent les objectifs du millénaire. Ils sont « interconnectés, le succès de l’un dépendant de l’évolution des autres ».

Cet atlas est divisé en 3 parties. Un constat de l’état du monde est d’abord tiré. Puis les réponses globales sont présentées. Enfin elles sont envisagées à l’échelle de la France.

1. Un monde inégalitaire, loin du développement durable : Malgré des améliorations, les inégalités économiques, sociales et environnementales restent fortes à toutes les échelles. La population de la planète est encore loin des standards de développement durable : inégalités face à la santé, alimentaires, d’accès à l’eau, aux ressources minières et énergétiques, crise de la biodiversité, désertification, pollution des mers et des océans,…

2. Des réponses globales pour un développement durable : De nombreuses conférences ont tenté de mobiliser les différents acteurs au développement durable depuis 1972. De nombreuses actions ont alors été mises en œuvre : investissement dans les énergies renouvelables, « marché » carbone, protection de la forêt (REDD) ou de la mer (Convention de Montego Bay), développement du commerce équitable ou du tourisme durable,… Mais elles manquent souvent de coordination et d’harmonisation, conditions nécessaires à leur réussite. Par ailleurs, les accords votés et donc acceptés collectivement, sont souvent non contraignants, réduisant ainsi leur efficacité selon l’évolution des contextes d’application.

3. L’échelle locale : la France et le développement durable : Les négociations internationales constituent en effet un cadre et c’est aux échelles inférieures que des politiques pertinentes doivent être mises en œuvre. La France est un bon exemple. Dans le cadre d’une diplomatie de « soft power », elle entend être un leader du développement durable, au moins dans les discours. La réussite revendiquée de la COP21 à Paris en est une preuve. Sur le terrain, les initiatives se sont multipliées ces dernières années dans de nombreux domaines : lois et règlementations environnementales, amélioration de la qualité de l’air, transition énergétique, mobilités, gestion de l’eau, agriculture, trames vertes et bleues, gestion des risques,…. Elles se heurtent néanmoins au problème du financement dans un contexte de contraintes budgétaires et à l’acceptabilité sociale des décisions prises (la taxe carbone est par exemple à l’origine du mouvement des gilets jaunes).

Cet atlas permet d’avoir une bonne base de connaissance du développement durable. Elle devra être approfondi par d’autres ouvrages généraux ou traitant d’un domaine particulier. Les représentations cartographiques à l’échelle mondiale et à l’échelle nationale (de la France dans la 3ème partie) sont nombreuses. Mais on peut se poser la question de la pertinence de ces échelles pour représenter les enjeux du développement durable. Des études de cas à des plus grandes échelles (autres que dans le cadre français) auraient permis d’aborder encore davantage la multiplicité de l’engagement des acteurs pour un développement durable dans leur environnement proche. Ce regret ne remet pas en cause la qualité globale de cet atlas, comme souvent aux éditions Autrement, et la qualité des textes. Les enseignants de collège et de lycée y trouveront certainement des documents originaux et utilisant des données récentes pour illustrer leurs cours.