Reconnaissance scientifique et engagement politique : c’est sur ces deux axes que se structure ce petit opus consacré à la présentation des réflexions de Valérie Masson-Delmotte, grande spécialiste de la caractérisation des climats passés et voix qui compte dans le débat actuel sur le réchauffement.
Chronologique, le portrait s’engage sur les rencontres humaines et littéraires qui ont inspirées la chercheure, entre autres Jean Jouzel. Sa vision sur le temps très long et précieuse pour justement montrer que les modifications de températures passées étaient naturelles et surtout bien plus progressives par rapport à ce qui se passe maintenant.
Lui ayant permis de croiser esprit de synthèse et de vulgarisation, son expérience au GIEC montre hélas, qu’après des débuts fortement marqués par le multilatéralisme, les ambitions ont toujours été revues à la baisse et que quelques « mauvais élèves » subsistent comme l’Arabie Saoudite ou les pays d’Amérique du Sud qui voient le virage possible vers une alimentation plus végétale comme un obstacle du fait de leurs fortes exportations de viande.
L’auteure évoque la montée des eaux qui concernera environ un milliard de personnes avec des inondations chroniques liées à la marée, les submersions côtières et l’érosion des secteurs sableux.
Des limites dures sont abordées comme la forêt (puits de carbone principal mais augmentation de la mortalité des arbres en raison du climat plus chaud lui-même) ou l’eau (la fonte des glaciers verra l’eau disponible se réduire et augmenter mécaniquement les sécheresses agricoles d’où l’intérêt de maitriser la demande).
L’engagement doit se faire par l’école, le premier maillon : envisager quelques repères de l’histoire du climat et une définition de la notion de « justice climatique » dans les programmes serait souhaitable tout comme traiter des causes, des conséquences et des actions possibles pour tenter de freiner au mieux l’évolution en cours. En parallèle, il faut former des esprits critiques et lutter contre la désinformation.
A titre personnel, Valérie Masson-Delmotte expose sa pratique du vélo (mais déplore qu’il y a encore tant d’efforts à faire sur les infrastructures et le stockage) et son régime alimentaire végétarien (moins de lait et moins de viande, notamment provenant de la vache, constitue une piste sérieuse).
L’ouvrage aborde enfin son engagement contre la restriction de la liberté de contestation non violente (même si elle ne partage pas les positions des « Soulèvements de la Terre ») et son scepticisme envers le solutionnisme technologique qui ne fait que nous détourner du problème central et des inévitables efforts à fournir.
Un petit peu ardu juste par moments malgré le modeste nombre de pages et la grande police d’écriture, cet ouvrage n’en demeure pas moins essentiel pour saisir l’importance de l’enjeu et que chaque dixième de degré compte.