Cet atlas inédit offre plus de 100 cartes et documents pour brosser un panorama complet des Etats-Unis d’Amérique, première puissance mondiale. Ouvrage précieux pour qui souhaite appréhender de façon sérieuse et la culture de ce pays, grand comme 32 fois la France.

Lauric Henneton est maître de conférences à l’université de Versailles Saint Quentin en Yvelines. Spécialiste des Etats-Unis, il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet. Il est régulièrement invité par les médias pour décrypter l’actualité américaine.

Pierre Gay, cartographe et graphiste indépendant vient couronner cet ouvrage par le biais de cartographies claires, qui permettent au lecteur d’embrasser d’un seul coup d’œil les enjeux pour chaque séquence historique .

Des Colonies à une République

L’histoire de l’Amérique du Nord se caractérise par une double dynamique, à la fois spatiale et démographique : des vagues successives d’immigration et, au fur et à mesure que les populations croissent inexorablement, une expansion territoriale inévitable. Aux migrations asiatiques de la période glaciaire succédèrent plusieurs vagues d’implantation européenne.

Dans un premier temps, le peuplement des futurs Etats-Unis est bien plus hétérogène que celui de la Nouvelle-France ou de l’Amérique du Sud (à l’exception de l’espace caraïbe). En effet, dès le début du XVIè siècle, on y trouve des colonies anglaises, françaises, néerlandaises et même suédoises, sans oublier les missions espagnoles, notamment en Floride ou en Californie. Aussi, au terme du première siècle de présence européenne sur le littoral oriental, et ce dès le début du XVIIIè siècle, les Anglais puis les Britanniques finissent par prendre l’ascendant. Des rivalités entre puissances européennes, notamment entre le royaume de France et de Grande-Bretagne, surgira la crise qui aboutira à une guerre civile, puis à l’indépendance des Treize colonies en 1783 par le traité de Versailles.

La jeune Amérique

Dès la fin du XVIIIè siècle, la croissance démographique pousse désormais les Américains à s’étendre toujours un peu plus à l’intérieur des terres et à repousser les limites du pays, convaincus qu’ils sont un nouveau peuple élu. L’expansion porte en elle l’opposition fondatrice entre deux modèles de société et deux modèles économiques, l’un fondé sur le travail libre, l’autre sur le travail d’une main-d’œuvre servile, par le biais de l’esclavage. Aux compromis fragiles succède une guerre civile sanglant qui aura raison de l’esclavage mais pas du racisme et de la ségrégation (1861 – 1865)

Les décennies qui suivent sont parquées par des mutations d’une ampleur et d’une rapidité inédites : urbanisation, industrialisation, immigration nouvelle, plus seulement protestante ou anglo-saxonne. Ces mutations s’accompagnent de la double affirmation des Etats-Unis comme une grande puissance économique, industrielle et comme puissance impériale, à la fin du XIXè siècle. L’expansion se fait donc désormais aussi en dehors des frontières, vers l’arc des Caraïbes, Panama mais surtout dans le Pacifique avec l’annexion de plusieurs îles (Hawaï) et des Philippines.

Le siècle américain

En participant au premier conflit mondial, les Etats-Unis vont à l’encontre de leurs réticence à intervenir militairement en dehors des Amériques puis se replient dans l’isolationnisme et la prospérité. La Grande Dépression des années 1930 n’est pas vaincue tant par le New Deal de Franklin Roosevelt que par une nouvelle intervention dans un conflit mondial, à l’issue duquel les Etats-Unis accèdent au rang de première puissance mondiale. Il s’agit du siècle américain. Leur immense prospérité s’accompagne d’une urbanisation galopante, créant de vastes banlieues accessibles en voitures. Sur le plan international, l’hégémonie militaire mais surtout culturelle et économique fait l’objet de résistance, mais presque rien ne peut échapper à l’Americain way of life.

Et maintenant ?

La fin de la Guerre froide correspond à une mutation interne (déclin de la rust belt et essor de la sun belt). Pour autant, le triomphe américain est en trompe-l’œil : les institutions politiques semblent aujourd’hui grippées, complexes, voire illisibles pour les citoyens et le pays semble de plus en plus ingouvernable. La santé des Américains, les inégalités, les infrastructures et l’école sont des sujets de grandes inquiétude. Si l’Amérique blanche et chrétienne, en déclin, résiste dans les urnes (élection de Trump avec le retour du retour du bâton blanc), l’immigration asiatique s’ajoute à l’immigration hispanique et les sans-Eglise progressistes succèdent aux évangéliques conservateurs : la Californie d’aujourd’hui semble être un signe avant-coureur des Etats-Unis du XXIè siècle.

Au-delà des centaines de pages de cet brillant ouvrage, on peut se poser la question suivante : Les Etats-Unis d’Amérique seront-ils capables de se réinventer ? S’ils demeurent pour l’instant une superpuissance, qu’en sera t-il dans 50 ans ?

Pour les Clionautes

Bertrand Lamon