« La 3ème édition de cet atlas, entièrement mis à jour, présente une synthèse des problématiques liées à l’eau illustrée de plus de 100 cartes et schémas ». Il est rédigé par le géographe David Blanchon, professeur à l’université Paris-Nanterre. Aurélie Boissière a réalisé la cartographie.
Plus de 600 millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde. Pourtant l’eau est abondante sur Terre. En effet, il n’y a pas de pénurie d’eau douce au niveau mondial mais elle est mal répartie dans le temps et l’espace. Ce qui distingue l’accès à l’eau n’est pas tant la ressource brute que la capacité à la mobiliser. L’eau peut être alors une source de tensions entre régions, entre villes et campagnes, entre usagers. Surtout, les ressources en eau sont partout menacées par des atteintes environnementales. Autant de raisons d’être « hydropessimiste » ?! L’auteur souligne que « seulement » 100 milliards de dollars par an (10% des dépenses militaires mondiales) seraient nécessaires pour apporter l’eau à tous, tout en gardant à l’esprit que ces financements ne seraient efficients qu’en les associant avec une nouvelle culture de l’eau, plus économe et plus égalitaire. Ces nombreux enjeux autour de la question de l’eau sont présentés dans cet atlas dans ces 5 chapitres :
1. Une ressource irremplaçable : Les stocks d’eau douce, même si elle ne représente que 2,5 % de l’eau sur Terre, sont considérables : plus de 40 millions de km². Mais, dépendants du cycle de l’eau, ils sont très inégalement répartis. Les ressources en eau peuvent également fortement varier dans le temps et l’espace. Ces variations sont parfois assez prévisibles (exemple du régime hydrologique du Nil) ou plus exceptionnelles (inondations et sècheresse).

2. Mobiliser et utiliser l’eau : La mobilisation de l’eau correspond à la capacité d’amener l’eau où on en a besoin, quand on en a besoin. Elle nécessite des capacités financières importantes (barrages, dessalement,…) et des savoir-faire techniques (sans cesse perfectionnés depuis l’Antiquité). Les États sont inégalement dotés mais c’est la volonté politique qui décide des capacités de mobilisation de l’eau. L’Indice de Pauvreté en eau est un bon indicateur. Il est faible dans les pays développés qui peuvent compenser un déficit de ressources par une capacité d’adaptation forte (Israël par exemple). Il est faible dans des pays africains, qui possèdent pourtant pour certains d’importantes ressources en eau. Le rapport entre prélèvements et ressource brute est un autre indicateur qui permet de connaître la pression sur l’eau. Les prélèvements d’eau pour l’agriculture, le secteur industriel ou l’eau domestique sont en constante augmentation et pèsent sur la ressource.

3. Une ressource menacée : Ces pressions de plus en plus fortes ont des conséquences sur la qualité de l’eau et donc sa disponibilité. Les grands barrages sont critiqués pour les perturbations environnementales qu’ils entrainent, les zones humides sont menacées, des ressources souterraines sont surexploitées (exemple de l’Arabie Saoudite), les rivières sont polluées… Certaines catastrophes régionales (mer d’Aral, le Colorado) sont des symboles de ces menaces qui pèsent sur l’eau. Enfin, le manque d’eau est un danger pour la vie de millions d’hommes. 1 million de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau potable.

4. De l’eau pour tous ? : « Le droit à une eau potable salubre et propre » n’est reconnu comme un droit fondamental que le 28 juillet 2010 par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Pourtant les inégalités d’accès à l’eau sont loin de se résorber et les conflits se multiplient. On peut citer l’exemple d’Israël et du Jourdain. Des tensions peuvent même apparaître au sein même des États, comme en Chine ou le Turquie. L’eau est un excellent révélateur des inégalités sociales et de genre. Plus on est pauvre, moins l’accès est facile, plus l’eau est chère.

5. Quels défis pour demain ? : Les progrès techniques permettent d’améliorer le traitement des eaux. Le recyclage de l’eau dans les villes réduit l’ « empreinte hydrologique » dans les écoquartiers. Dans le domaine de l’agriculture, forte consommatrice d’eau, le more crop per drop est un autre exemple. Cette technique permet d’augmenter le rendement à quantité d’eau égale en limitant l’évaporation. Mais ce nouveau système d’irrigation reste coûteux. Ainsi les choix politiques restent décisifs pour l’accès à l’eau. Alors, quels scénarios possibles à l’horizon 2030 ? : business as usual avec une aggravation des problèmes dans les pays en développement ? scénario « rose » avec maintien de la consommation et baisse des pressions environnementales grâce à l’introduction de techniques innovantes ? ou scénario « crise » avec des risques sur les productions agricoles ou de troubles sociaux dans les villes ?

Selon David Blanchon, « des solutions ne seront apportées aux problèmes de l’eau qu’à travers la mise en place de politiques innovantes fondées sur 3 principes : la diversité, la progressivité et la solidarité. » Il s’agit d’abord de prendre en compte la diversité des situations en s’adaptant aux besoins. Il faut ensuite assurer une « transition hydraulique » par étapes vers l’accès universel à l’eau. Enfin la  » crise de l »eau » ne pourra être résolue sans une entraide de l’échelle mondiale (coopération internationale) à l’échelle locale (entre les différents usagers). Ces trois conditions sont nécessaires pour aboutir à des solutions durables.

Comme d’habitude, les atlas Autrement sont de bons outils de travail pour les enseignants du collège et du lycée. Cet atlas sur l’eau sera particulièrement utile pour les programmes de géographie de 5ème et de 2nde. On apprécie particulièrement les cartes à différentes échelles. Les planisphères sont indispensables mais les cartes à plus grande échelle fournissent de nombreux exemples.