Un format percutant
On retrouve les onglets très pratiques autour de sept repères qui sont autant d’éclairages sur l’état de l’empire romain et du monde. Chaque date choisie bénéficie d’une double page pour expliquer son importance. On trouve ensuite pour chaque entrée des éclairages sur les événements qui se déroulent ailleurs au même moment. Des petits globes de repérage, un glossaire sont présents et offrent un complément au texte principal. Il y a également quelques informations très pratiques comme le chiffre de la population du monde à plusieurs époques. Les illustrations accompagnent très agréablement la lecture. Elles sont l’oeuvre de Benjamin Bachelier qui a déjà participé au volume de la collection consacré aux pyramides. Il faut souligner aussi l’ambition de vocabulaire de l’ouvrage, car sans verser dans l’encyclopédisme, le glossaire propose pas moins d’une trentaine de mots spécifiques sur l’Empire romain qui enrichiront utilement le lexique du jeune lecteur. Cela ne tient pas compte du vocabulaire défini tout au long du livre qui propose aussi quelques ressources pour aller plus loin.
Aborder l’Empire romain : un sacré défi !
Le pari d’histoire globale avait été pleinement réussi dans le volume consacré à Christophe Colomb. Le défi ici est un peu différent car en couvrant l’Empire romain, c’est plus d’un millénaire qui est proposé à l’étude. Ce n’est pas non plus un espace simple à étudier car il s’étend sur plus de 5 millions de kilomètres carrés, soit 17 fois l’Italie d’aujourd’hui. Il est peuplé d’une cinquantaine de millions d’habitants au plus fort de son extension. Les sept dates proposées permettent de couvrir à la fois la diversité et l’évolution de l’Empire romain. Une première double page les repositionne d’ailleurs sur une frise.
Naissance d’une ville
Fort logiquement l’histoire commence en – 753. C’est l’occasion pour l’auteur de faire le parallèle avec la Grèce à la même époque, et évidemment Homère. Comme dans les autres opus, la vraie valeur ajoutée c’est de sortir le lecteur d’une vision étriquée de l’histoire et, dès cette première date, Thierry Delahaye rappelle qu’au moment où l’Europe découvre le fer, l’usage en est connu en Orient depuis plus de mille ans. Ce pas de côté est varié, car le jeune lecteur apprendra sans doute que c’est à peu près aussi à la même époque que la teinture pourpre apparaît dans une autre partie du globe.
Pompéi sous la cendre
L’auteur décrit cet événement à travers quelques chiffres forts : la catastrophe a causé la mort de plus de 20 000 personnes et ce n’est qu’en 1748 que le site a été retrouvé. Mais que se passait-il d’autre à ce moment-là ? C’est aussi un moment de pleine puissance de Rome car en 80, le Colisée est inauguré et il peut accueillir 50 000 spectateurs venus se rassasier de spectacles tels des présentations d’animaux, des luttes entre gladiateurs ou encore des naumachies. Ailleurs, c’est l’apogée de l’empire kushan qui dominait un territoire allant de la mer d’Aral au delta de l’Indus.
Tour du monde et découvertes
Au fil des pages, le voyage est permanent. L’auteur évoque ainsi les momies du Pérou pour la date la plus ancienne, mais aussi l’Inde de Chandragupta pour le IV ème siècle avant Jésus-Christ. La date de 218 avant notre ère donne l’occasion d’aller en Chine et d’en apprendre plus sur la muraille qui s’étend sur plus de 10 000 kilomètres à l’origine. La ville de Pétra est mentionnée pour le Ier siècle de notre ère. Parmi les découvertes à glaner au fur et à mesure des dates proposées, on peut relever l’invention de la brouette vers l’an 200 en Chine. Bien sûr, ce repère n’est qu’indicatif, et il n’ y a pas là de date aussi fixée que pour les événements qui forment les onglets. C’est justement tout l’intérêt de cette approche qui apprend, mine de rien, à l’enfant à relier des faits précis de plusieurs espaces tout en étant capable de connaître d’autres inventions et de les situer dans un contexte.
Cet ouvrage est incontestablement une grande réussite, en proposant une toile de fond sur un thème fort, à savoir l’Empire romain, et en multipliant les éclairages à différentes époques, dans différents lieux et pour différents domaines. Vivement le prochain !
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.