Austerlitz 1805 est le deuxième tome des grandes batailles de l’histoire de France après celle de Bir Hakeim (par Vivier et Rizatto). Le goût pour la bataille n’a jamais disparu en histoire et, ici, nous voyons comment Napoléon et ses généraux sont parvenus à remporter ce qui est encore considéré aujourd’hui comme le chef-d’œuvre stratégique de l’Empereur.

Un scenario qui ne se limite pas à la bataille

La bataille d’Austerlitz, préparatifs inclus, occupe environ la deuxième moitié de l’album. La première est davantage consacrée aux débuts de la campagne d’Allemagne. Les différents protagonistes nous sont également présentés, notamment l’état-major de Bonaparte, ce qui est plutôt bienvenue pour ensuite les reconnaître plus facilement.

Quant-à la bataille proprement dite, sa narration suit différentes étapes : le choix du lieu, les pourparlers qui sont en fait une forme de manipulation de Napoléon, les discussions d’état-major pour ensuite arriver à la bataille. Enfin, nous assistons aux négociations qui font suite à la bataille puis celles qui terminent la campagne d’Allemagne et conduisent à un retour à la paix

Les difficultés à retranscrire une bataille en bande dessinée

La confusion et le désordre d’une bataille constituent un vrai défi pour une retranscription littéraire et graphique. Les auteurs ont cependant eu le mérite de bien contextualiser celle d’Austerlitz en la replaçant dans la campagne d’Allemagne.

Le dessin est clair et les efforts faits sur les costumes permettent à la fois d’en montrer la diversité, mais aussi de ne pas perdre le lecteur parmi les protagonistes.

Le scenario est parfois un peu complexe cependant, surtout au moment de la bataille. La principale difficulté réside dans le fait de retranscrire les moments stratégiques de celle-ci sans perdre le lecteur parmi tous les lieux décrits. Les cartes dessinées en couverture sont d’ailleurs précieuses, mais il peut être parfois fastidieux de s’y référer pour chaque événement décrit. Le degré de précision du scenario fait qu’il est parfois un peu difficile de s’y retrouver.

 Un scenario porté sur l’anecdote

Au-delà de la bataille, dont tous les faits d’importance nous sont relatés, de nombreux renvois nous apportent des précisions anecdotiques sur différents événements mentionnés, différents personnages et leurs relations, etc. Si certaines sont intéressantes, d’autres semblent parfois étranges dans leur intégration. Ainsi, alors que Napoléon adresse un ordre à Bernadotte, il est surprenant de voir une précision sur le fait que ce dernier avait voulu faire fusiller l’empereur en 1799.

Une vision de l’histoire qui peut porter à discussion

Les différentes anecdotes tendent à mettre en valeur la personnalité et le caractère de Napoléon, ce qui est compréhensible. Cependant, on peut s’interroger sur le fait que l’Empereur soit toujours présenté comme contraint de mener bataille face aux menaces extérieures. Il est d’ailleurs que le scenario insiste à plusieurs reprises sur le fait que le principal responsable de cette bataille est l’Angleterre. Le discours très dur vis-à-vis du royaume britannique face à la mise en valeur systématique de l’Empereur pose question sur la subjectivité du scenario.

Cette subjectivité peut d’ailleurs être lue à travers la dernière bulle de l’album qui, sans proposer une véritable conclusion, annonce une nouvelle anecdote sans grand rapport avec Austerlitz. Dans celle-ci, les auteurs d’affirment que le calendrier révolutionnaire que Napoléon supprime peu de temps après avait pour « but inavouable…, hélas, la déchristianisation ». Cette prise de position peut porter à discussion.