L’association Reporters sans frontières, dans cette nouvelle livraison, se propose de nous faire découvrir (ou redécouvrir) le travail de l’immense photographe Willis Ronis.

L’homme, décédé à quatre-vingt-dix-neuf ans, a été l’un des vibrants témoins du siècle passé. Comme le rappelle Gabrielle de la Selle (p.19), l’homme est « traditionnellement classé dans la grande famille des photographes humanistes avec Robert Doisneau ou Sabine Weiss ». L’historienne poursuit en indiquant que « Willy Ronis s’en singularise par une œuvre placée sous le signe d’un profond et permanent engagement, comme il en témoignait sur France Inter en 2004 : « Elle a été immédiate, cette conscience politique, elle ne m’a pas quitté, bien que je ne sois pas un militant, ou plutôt que j’aie cessé de l’être depuis très longtemps. Je mourrai avec le cœur très à gauche, comme j’ai vécu ».

Ces convictions progressistes, on les retrouve dans certaines des images les plus célèbres de Ronis, comme celle de la délégué syndicale Rose Zehner, haranguant ses camarades pendant une grève chez Citroën-Javel en 1938 (photographie au destin extraordinaire qui donnera même naissance à un film) ou encore sur ce cliché figurant une petite fille juchée sur les épaules de son père, coiffée d’un bonnet phrygien et tendant le point un 14 juillet 1936 (p.16-17).

« Photographe de l’instinct » comme l’écrit Emmanuel Khérad, Willy Ronis s’intéressait, avec un œil empli d’humanité, à l’enfance, au sport ou encore au quotidien des gens simples et à la vie de leur quartier.

Dans la triste rubrique des « prédateurs de la liberté de la presse » figure Narendra Modi ; dans celle des « défenseurs de la liberté de la presse », Maryna Zolatava (condamnée à douze de prison en Biélorussie ; le pays a désormais le triste privilège d’être, après la Chine, le pays qui enferme le plus de femmes reporters), l’association palestinienne Nawa qui offre un « regard féminin et féministe sur l’actualité (p.134) », Ariane Lavrilleux ou encore Stanis Bujakera en RDC.

L’association rappelle que l’année 2024, durant laquelle plus de la moitié de la planète va être appelée aux urnes, est également une année cruciale pour la liberté de l’information.