Cet essai très personnel d’un journaliste musical passé par RFM et Europe 1 parcourt une cinquantaine de chansons, pour la plupart connues, des années 1950 à aujourd’hui. Même si leur choix n’est volontairement pas exhaustif, le regard se porte essentiellement sur la variété française et parfois l’Angleterre, dont on devine le gout personnel de l’auteur pour son rock.
Le contexte historique est rappelé de manière très didactique, néanmoins les pages se tournent sans chronologie et sans véritable fil de conducteur. C’est un vaste zapping à la manière journalistique à travers la période, pour montrer que la chanson est un miroir de la société autant qu’un relais d’opinion.
Au nom de thématiques universelles contenues dans les paroles, il est difficile d’y comprendre précisément les grandes évolutions des sociétés, car les chansons comme leurs sujets s’enchainent trop rapidement. Ainsi on peut passer, en quelques pages, du rock des Smiths qui s’en prend au « Thatchérisme », au succès planétaire des papys cubains du Buena Vista Social Club, pour continuer sur l’anticonformisme de Brassens sous la IVe République que le rappeur MC Solaar illustrera quarante ans plus tard.
Le titre de l’ouvrage est alléchant, mais la démonstration moins convaincante. Pourtant de nombreuses chansons contemporaines qui peuvent être utilisées en Education Civique dans de nombreux thèmes : égalité, racisme, drogue, homosexualité, nationalisme… Mais il est regrettable qu’à l’index ne figure pas la date de leur composition et ne renvoie pas au numéros des pages où elles sont analysées.
Dans cet essai sans réelles conclusions solides, on pourra néanmoins puiser puiser des paroles et musiques qui témoignent de l’évolution des sociétés d’après les Trente Glorieuses : désindustrialisation, écologie, féminisme, mutations de la cellule familiale ou même transformations de l’industrie musicale qui vient clore le livre (propriété intellectuelle, diffusion sur internet, dématérialisation, marketing).