Partez à l’assaut du temps dans ce docu-BD passionnant sur l’histoire de Genève. De -63 et la guerre des Gaules jusqu’à la bataille de l’Escalade en 1602, vous découvrirez comment les luttes de pouvoir au cœur de l’Europe ont influencé l’établissement de Genève. Les BD se concentreront sur certains épisodes de l’Histoire, tandis que les pages documentaires rédigées par des historiens de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève approfondiront chaque chapitre.
Dix chapitre se succèdent dans cette BD, chacun d’entre eux a été dessiné par des auteurs différents, mais les pages documentaires en complément ont été réalisées par Marc-André Haldimann, Matthieu de la Corbière, Marc Aberle et Sonia Vernhes Rappaz. Cela donne à la BD un intérêt pour apprendre l’histoire de la ville, au-delà des petites histoires racontées dans les chapitres. Ainsi, elle est adaptée aux adultes plutôt qu’aux enfants ; cependant elle peut être lue par les enfants pour la partie bande dessinée.
Genève du temps de César
Depuis le IIe siècle av.JC, une agglomération est installée ; César mentionne ce territoire en 58 av. JC sous le nom d’oppodium genavensis. Ce territoire est solidement structuré, sillonné par des voies aménagées et quadrillé par un nombre croissant d’établissements ruraux. Genève continue de se développer au nord de la province Allobroge, sous domination romaine.
Les autochtones ne sont pas contents de la politique romaine qui leur est imposée, en particulier l’importance du prélèvement des impôts et le profit quasi exclusif des citoyens romains à leur détriment. Un vent de rébellion souffle sur certaines parties des habitants, cependant, beaucoup sont fidèles à Rome et veulent écraser cette rébellion. La population se divise. C’est en partie pour cette raison que cette résistance allobroge est écrasée par Gaius Pomptinus.
Suite à ce matage, les Allobroges deviennent des alliés loyaux envers Rome et demandent le secours de César face aux Helvètes. C’est le début de la guerre des Gaules. Cette fidélité est peu visible sur le territoire car les archéologues retrouvent peu de choses, cependant le gentilice Iulius est majoritaire parmi les habitants, ce qui permet d’affirmer leur fidélité. Elle est d’ailleurs récompensée par l’octroi du droit de cité.
La Genève romaine
La Genève romaine atteint au IIe siècle une superficie d’environ 50 hectares plus ou moins densément urbanisés. C’est une ville dynamique car c’est le point d’arrivée du grand commerce rhodanien et point de départ de tout le commerce lacustre ; c’est un carrefour routier majeur entre la Méditerranée et le Rhin.
Genève, entre le Bas-Empire et le Haut Moyen-Âge
La ville devient la capitale administrative d’une vaste région s’étendant d’Aubonne (canton de Vaud) à Belley (Savoie) et du Jura au Mont-Blanc. Désormais, la ville s’étend s’étend sur 10 hectares et accueille sa première cathédrale au IVe siècle ; la deuxième à vocation politique et de représentation sera érigée au Ve siècle.
Un tsunami à Genève
Et oui, les tsunami (raz-de-marée en français) n’ont pas seulement lieu en mer ; ils peuvent avoir lieu sur des lacs.
Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs et Marius d’Avenches dans ses Chroniques évoquent l’effondrement d’une montagne, le Tauredunum, en 563. Pendant longtemps, on a cru qu’il s’agissait de récits merveilleux ; or la publication d’une étude géologique de pointe en 2012 démontre l’historicité absolue de ce tsunami lémanique qui frappa Genève avec une vague de 8 mètres de haut.
Genève et le Saint-Empire germanique
Le roi de Bourgogne, Rodolphe III, décide de céder sa couronne à l’empereur du Saint-Empire romain germanique dès 1016 car il n’a pas de descendance. Conrad II le Salique prend alors possession du royaume à la mort du roi en 1032 et fait confirmer ses pouvoirs dans la cathédrale de Genève le 1er août 1034. Cependant, le comte Eudes II de Blois et de Champagne, soutenu par le comte Géraud de Genève, se révolte contre le nouveau roi car lui aussi a une parenté avec Rodolphe III.
La révolte est éteinte en 1045 et conforte l’autorité de l’évêque de Genève.
Genève, le clair obscur
Au XIVe siècle, la ville profite de sa situation géographique pour attirer tout le commerce de l’Europe Occidentale. Ainsi, les foires se développent et arrivent à leur apogée dans les années 1390. Il y en a sept par an et elles durent deux semaines. C’est un atout pour sa démographie car elle double en très peu de temps : elle était à 1 150 habitants environ en 1300 et est passée à 3 300 en 1380.
Genève au temps des Combourgeoisies
Au XVIe siècle, la ville se retrouve au coeur de luttes complexes où s’entremêlent dimensions politiques, économiques et religieuses.
La Réforme et Genève
En octobre 1517, Martin Luther publie et affiche ses 95 thèses contre les indulgences à Wittenberg. Un vaste mouvement de réforme de l’Eglise touche chaque pays européen. En Suisse, plusieurs villes accueillent des réformateurs qui savent communiquer leur enthousiasme pour la nouvelle foi réformée et convaincre la population. A Genève, trois hommes oeuvrent à ces changements : Antoine Froment, Guillaume Farel et Jean Calvin. Ce dernier s’implique dans l’organisation de la nouvelle Eglise.
Il fut expulsé de la ville en 1538 puis de nouveau réclamé en 1541, il s’y montrera encore plus rigoriste qu’avant. On nous montre qu’il était interdit de danser ou de porter de la soie rouge…
Aujourd’hui, au parc des Bastiens, vous pouvez voir « le mur des réformateurs » construit entre 1909 et 1917 ; y sont représentés Guillaume Férel, Jean Calvin, Théodore de Bèze et John Knox.
Jean Calvin et Michel Servet
En France, au XVIe siècle, les guerres de religion font rage. Les catholiques s’opposent aux protestants qui fuient le royaume pour aller temporairement ou définitivement à Genève. Michel Servet , médecin et théologien d’origine espagnole, est accusé d’hérésie par Calvin. Il est accusé en particulier de remettre en cause la Sainte-Trinité, ce qui l’oppose à la fois aux protestants mais aussi catholiques. Il fut condamné au bûcher le 27 octobre 1753.
Calvin et ses partisans ont établit une grande conversion de la ville et ont participé à la diffusion de la Réforme, quelques temps plus tard, Genève commença à être appelée la « Rome protestante ».
La Bataille de l’Escalade
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la Savoie jouant de la rivalité entre de la France et l’Espagne, cherche à récupérer ses territoires perdus au profit de Berne, du Valais et de la France. Le duc de Savoie a à la fois l’envie de conquérir Genève depuis des siècles mais également de détruire la Rome protestante.
Cette bataille désigne l’assaut des remparts de la ville par les troupes du Duc de Savoie dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602. Cela aurait dû être un succès, mais le tir d’un garde ayant surpris les 200 à 300 Savoyards infiltrés réveilla les habitants. S’en suivent trois heures de combats qui se terminent par la fuite des Savoyards.
Au total, il y eut une soixantaine de morts et treize prisonniers qui furent exécutés le lendemain. Côté Genevois, les dix-sept morts furent célébrés en martyrs. Suite à cette défaite, le duc de Savoie est contraint de reconnaître l’indépendance de la petite république. Cet événement marque l’identité genevoise et favorise la défiance des Genevois envers la Savoie.