Après des études d’arts, Simon Lamouret a vécu trois ans à Bangalore où il a notamment enseigné le dessin. Ce premier album est né de sa volonté de faire partager cette expérience en Inde.
Et une première recension de la production des éditions Warum…
Bangalore ne raconte pas une histoire particulière mais décrit le quotidien d’une grande ville indienne. Le récit n’est donc pas linéaire, il est constitué d’une succession de saynètes entrecoupées de dessins de paysages urbains. Beaucoup d’images sont muettes car il s’agit avant tout pour l’auteur de retranscrire des paysages, des ambiances, des situations, et de capter des instantanés d’une ville en mouvement.
Comme beaucoup de récits de voyage, cette bande dessinée joue en permanence sur le décalage crée par un regard confronté à l’altérité. Les saynètes sont autant de situations vécues, souvent représentées sur un mode léger sans pour autant atténuer les difficultés auxquelles sont confrontés chaque jour les habitants de ces villes qui grandissent trop vite pour pouvoir bénéficier d’un plan d’urbanisme cohérent. Ces scènes sont l’occasion pour Simon Lamouret d’aborder la question des castes, des travailleurs migrants, de la famille et du mariage, la circulation chaotique, la corruption ou encore les étonnants enchevêtrements de réseaux et d’intermédiaires qui s’activent lorsqu’il s’agit de réparer une roue de vélo ou de laver le linge d’un hôtel. Ces anecdotes forment un portrait vivant des villes indiennes et de la société qui les habite.
Des explications en fin d’ouvrage viennent détailler la genèse des saynètes et éclairer le sens de certaines situations qui ont pu échapper au lecteur.
Toutes ces saynètes sont entrecoupées de très belles pages en grand format de paysages urbains, tous intimement liés au quotidien des habitants et qui fourmillent de détails, aussi bien lorsqu’il s’agit de représenter des lieux remarquables, des marchés, des temples ou des gares, que des lieux plus anodins tels que des rues ou des immeubles. On y décèle l’intérêt de l’auteur pour le dessin d’observation qui fait le pari réussi du noir et blanc pour dresser le portrait d’un pays connu pour sa fête des couleurs. Une belle réussite.
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Guillaume Rageau, pour Les Clionautes