Résistante de la première heure, coresponsable du mouvement Combat, Berty Albrecht est l’une des six femmes Compagnon de la Libération (sur 1038), et la seule femme inhumée dans la crypte du Mont Valérien. Dans les manuels d’histoire, Berty Albrecht a longtemps été mentionnée (quand elle l’était) seulement comme la compagne (voire la secrétaire) d’Henri Frenay, fondateur et chef de Combat, l’un des plus importants mouvements de la Résistance intérieure française. L’importance de son rôle dans la création et la vie du mouvement aux côtés d’Henri Frenay dont elle fut le grand amour fut longtemps minorée, et celle de son influence dans le mouvement féministe des années 1930 ne fut véritablement mise en évidence que plus récemment encore.

Robert Mencherini est professeur honoraire des universités en histoire contemporaine, président des Amis du Musée de la Résistance en Ligne en Provence-Alpes-Côte d’Azur, membre des conseils d’administration et scientifique du Mémorial des Milles. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire contemporaine de Marseille et des Bouches-du-Rhône et le rédacteur de près de 250 notices biographiques du Dictionnaire biographique. Fusillés, exécutés, massacrés, 1940-1944. Anne Blanchet est conservatrice du Patrimoine au Service des collections des musées de la ville de Marseille.

Une nouvelle biographie

Cette biographie de Berty Albrecht n’est pas la première et Robert Mencherini le rappelle dès sa préface, mentionnant celle publiée par Mireille Albrecht, fille de Berty, Chez Robert Laffont en 1986 (rééditée en 2001 et 2015) et celle de l’historienne Dominique Missika chez Perrin en 2005, rééditée en 2014 sous le titre Berty Albrecht, femme et résistante. Cette nouvelle biographie se justifie par l’exploitation de nouveaux fonds d’archives, en particulier le riche fond constitué au musée d’histoire de la ville de Marseille, que présente Anne Blanchet dans la dernière partie du livre. D’autres fonds ont été exploités, dans les archives départementales des Bouches-du-Rhône et de Saône-et-Loire, dans les archives municipales de Mâcon et de Marseille, aux Archives nationales et dans celles de l’International Institute of social history à Amsterdam. La seconde particularité de cette nouvelle biographie est sa volonté « d’éclairer des épisodes marseillais et provençaux qui jouent dans la vie de Berty Albrecht, en particulier dans sa jeunesse, un rôle important, souvent sous estimé ». On ajoutera que l’ouvrage accorde une large part à la pensée et à l’action de la militante féministe, à son engagement antifasciste et aux côtés des réfugiés, à sa vie familiale aussi.

L’ouvrage est structuré en deux parties. La première, intitulée « Une vie », est à proprement parler une biographie, qui comprend sept chapitres, l’engagement dans la Résistance en constituant les deux derniers, soit un peu moins de la moitié en volume. La seconde partie, intitulée « Les échos de la mémoire » analyse de façon exhaustive  l’histoire de la mémoire de Berty Albrecht de 1943 à nos jours, ainsi que les plaques, stèles et monuments qui lui sont consacrés. Une présentation du fonds Berty Albrecht du musée d’histoire de Marseille, quelques annexes, et deux index (personnes et lieux) complètent cet ouvrage. Un bel ouvrage, richement illustré, publié sur papier glacé et couverture cartonnée à revers.

Une jeunesse entre Marseille et la Suisse

Berthe Pauline Mariette Wild, Berty comme son père va affectueusement l’appeler, est née à Marseille le 15 février 1893. Sa famille est aisée, son père est négociant en bois exotiques, et elle habite durant son enfance les quartiers résidentiels, d’abord sur les hauteurs près de Notre-Dame-de-la-Garde, puis dans une belle villa proche du Vieux Port. Les deux branches de sa famille sont helvétiques et « les traditions sociales et religieuses des Suisses de Marseille font partie, dès sa naissance, de l’environnement familial de la fillette ». Pendant dix ans, de 1898 à 1908, elle poursuit ses études au lycée de jeunes filles Montgrand, que fréquentent les enfants des milieux aisés du commerce, de l’industrie et de la fonction publique. Ayant échoué au brevet élémentaire, elle est envoyée durant un an dans un pensionnat pour jeunes filles à Lausanne, où elle côtoie des jeunes filles de toute l’Europe. A son retour elle obtient son brevet supérieur et son diplôme d’études secondaires, le baccalauréat étant réservé aux garçons.

Elle décide de devenir infirmière et obtient le diplôme d’ambulancière. Elle effectue en 1914 un séjour à Londres où elle est surveillante dans un pensionnat de jeunes filles, tout en donnant des cours de français et en suivant les cours de l’université. Elle se lie d’amitié, puis d’amour, avec Frédéric Albrecht, un jeune homme riche d’origine allemande expatrié à Londres. Lorsqu’elle revient en France, elle a le projet de se marier, au grand déplaisir de ses parents.

Marseille, Amsterdam, Londres, Beauvallon, Vienne, Paris : amour, famille, prise de conscience politique, séparation

Marseille en 1914 accueille des milliers de réfugiés, de blessés, et de troupes coloniales. Berty décide de s’engager dans une organisation caritative. Au sein de l’Entraide féminine de Marseille, elle secourt les femmes seules et les assiste dans leurs démarches. Puis elle est infirmière à la Croix Rouge, intègre le service de radiographie et se dévoue sans compter. Sa correspondance avec Frédéric la montre patriote et germanophobe, ce qui ne va pas sans poser de problème car il est allemand, pacifiste et antimilitariste ! D’autre part, elle s’affirme républicaine et socialiste, et se montre très attachée à Marseille et à la Provence.

En 1917, Berty et Frédéric se retrouvent à Amsterdam et ils se marient en décembre 1918. Elle devient allemande, et tous deux sont vite naturalisés néerlandais. Frédéric junior nait en 1920 et Mireille en 1924. La famille part pour Londres ou Frédéric Albrecht est un important financier de la City. A Londres elle vit dans le luxe : grande maison, domestiques, gouvernante. Elle passe son temps entre courses, boutiques de mode, coiffeur, concerts, dîners en ville et réceptions chez elle : « Cette vie de grande bourgeoise londonienne ne peut entièrement satisfaire la jeune femme ».

C’est alors qu’elle s’intéresse au Birth control, au féminisme et au socialisme. Elle rencontre Sylvia Pankhurst, féministe devenue socialiste et révolutionnaire et Norman Zions, sexologue et secrétaire de la Word League for sexual Reform, qui deviendra son ami. Elle approche des intellectuels de gauche, Bertrand Russell, Herbert George Wells, George Bernard Show. Elle prend conscience du décalage entre ses idées et son mode de vie d’une part, ses idées et celles de son mari d’autre part. La mort de son père et le fossé qui se creuse entre les époux les incite à un voyage provençal en 1929.

La Côte d’Azur les enchante. Ils achètent un grand terrain proche de leur hôtel de Beauvallon et entreprennent d’y construire une vaste maison de vacances. Tandis que la crise de 1929 ruine quasiment Frédéric Albrecht, Berty participe en Autriche au congrès de la Ligue mondiale pour une réforme sexuelle sur une base scientifique (LMRS), qui revendique l’égalité homme-femme, la libéralisation du mariage, le contrôle de la conception, l’éducation sexuelle, la dépénalisation de l’homosexualité et la légalisation de l’avortement (objet de l’intervention de Berty). De retour à Londres, elle soigne son mari très gravement malade. Après son rétablissement, ils décident de se séparer. Elle s’installe en octobre 1931 dans un bel appartement parisien, où elle dispose toujours de domestiques, gouvernante, cuisinière. Elle roule en automobile (ce qui n’est pas courant) et se consacre à l’éducation de ses enfants.

 L’engagement féministe

 « Les préoccupations premières de Berty sont féministes, en faveur de la défense et de l’émancipation de la femme, de l’éducation sexuelle, du développement de la contraception et de la dépénalisation de l’avortement. » Elle intervient sur ce thème au congrès de la LMRS à Brno (Tchécoslovaquie), en septembre 1932. Elle dénonce la loi française de 1920 qui interdit l’avortement et la propagande anticonceptionnelle et souligne la dureté de la répression en France. Elle est élue au comité central de la LMRS. En juillet 1931, elle participe à l’assemblée constitutive de l’Association d’études sexologiques et décide de créer une revue qu’elle dirigerait.

Le premier numéro de la revue Le Problème sexuel. Revue d’Etude et Documentation. Hygiène, Morale, Eugénique, Législation paraît en novembre 1933. On trouve au sein du comité de rédaction des médecins, des sexologues, des professeurs d’université, des avocats. Cette revue trimestrielle fera paraître six numéros de novembre 1933 à juin 1935, contenant des articles de fond, des propositions de loi, des comptes-rendus de conférences, des informations et des critiques d’ouvrages. Elle cesse de paraître pour des raisons financières.

« Compagne de route » du Parti communiste, surintendante d’usine

A la fin de 1935, Berty Albrecht devient enseignante au sein de l’Université ouvrière fondée par le PCF où elle assure le cours « Vie sexuelle dans la nature ». Parallèlement elle consacre beaucoup de temps à l’accueil des réfugiés qui affluent à Paris. Son appartement devient quasiment un centre d’accueil et elle multiplie les interventions auprès des représentations diplomatiques étrangères pour dénoncer la répression à l’œuvre dans plusieurs pays. Elle agit souvent avec le PCF mais refuse de prendre sa carte au Parti. Elle est revenue enthousiaste d’un voyage en URSS effectué avec les Amis de l’URSS où elle a observé les grands progrès apparents de la condition féminine. Les relations se dégradent avec le PCF en 1935-1936 quand le Parti s’aligne sur les nouvelles positions de Staline interdisant l’avortement et limitant le droit au divorce

En 1935, elle rencontre Henri Frenay, jeune officier de trente ans, alors qu’il est en permission chez sa mère à Sainte-Maxime. Ils « forment désormais un couple, accepté par leurs amis, sans que cela perturbe les relations de Berty avec son mari, du moins publiquement ». Elle s’inscrit à l’Ecole des surintendantes d’usine, fonction qui se situe entre direction et employés, appréciée par la patronat moderniste mais regardée avec méfiance par les syndicats ouvriers, fonction assez rare car elles ne sont guère que 200 en 1937. Á l’École, « elle détone, par son milieu social et son âge, avec le recrutement habituel, moins aisé et beaucoup plus jeune ». Elle effectue en 1937 un stage aux Galeries Lafayette et rédige un rapport bien noté sur les méfaits du taylorisme. Elle est diplômée en juillet 1938, à 45 ans ; elle est désormais salariée et autonome, ce qui déplaît fortement à son mari. Elle rejoint le monde de l’usine, mais n’est pas ouvrière.

Tenue au devoir de réserve, elle ne paraît plus dans les réunions publiques. Mais elle continue à accueillir des réfugiés et à fréquenter des amis engagés, provoquant de fait l’évolution vers la gauche d’Henri Frenay, issu d’une famille catholique de droite conservatrice. Tous deux ont lu Mein Kampf et l’entrée en guerre ne les surprend pas vraiment.

L’engagement dans la Résistance

A l’automne 1939, la famille Albrecht est dispersée, le père à Londres, les enfants en pension dans les Alpes, Berty à Paris, Henri Frenay mobilisé en Lorraine puis en Alsace. Berty exerce ses fonctions à Paris, puis Saint-Etienne, puis Clichy à l’usine Fulmen qui se replie à Vierzon. Après la défaite cette ville se trouve sur la ligne de démarcation qui longe le Cher. En novembre, elle reçoit des nouvelles d’Henri Frenay qui a été fait prisonnier, s’est évadé, a été affecté à Marseille, puis à Vichy où il est nommé début décembre au Deuxième Bureau de l’État-major.

Toujours confiant dans le maréchal Pétain, il est décidé à lutter clandestinement contre l’occupant, et a déjà réfléchi à une organisation qui le permette. Il a commencé à recruter à Marseille et un petit noyau s’est constitué autour de Maurice Chevance, du docteur Paul Recordier et de Jean Gemähling. Berty est heureuse de le retrouver rebelle et lui affirme immédiatement vouloir lutter à ses côtés, non sans avoir cependant demandé son accord à sa fille Mireille, alors âgée de 16 ans.

A Vichy, Berty et Henri Frenay rédigent, font imprimer et distribuent un Bulletin d’information et un Bulletin de propagande. Frenay demande un congé d’armistice et quitte Vichy pour Lyon. Berty le rejoint et obtient un poste d’inspectrice du Commissariat à la lutte contre le chômage (CLC). Les Bulletins deviennent Les Petites Ailes de France imprimées clandestinement. Le mouvement s’étoffe et se répand jusqu’en zone occupée. Le journal devenu Vérités paraît tous les dix jours à 5000 exemplaires en août 1941, date à laquelle Frenay rencontre Jean Moulin. « Berty Albrecht est évidemment pour beaucoup dans la confection et la diffusion du journal et dans l’extension du mouvement. » Qui devient le mouvement Combat.

Elle prend très à cœur son travail de directrice régionale du Chômage féminin, se préoccupant de donner un travail et une formation aux femmes dans le besoin. Parallèlement, elle ne cesse, depuis Lyon, de se préoccuper de ses enfants, qu’elle rejoint à Beauvallon en août 1941.

A la fin de 1941, Henri Frenay, se rend à Paris où il forme un comité directeur du mouvement Combat pour la zone occupée. Un traitre s’est infiltré en son sein et une première vague d’arrestations a lieu en octobre, menée par la police française. Berty Albrecht, emprisonnée à la prison Saint-Joseph de Lyon, est conduite auprès du directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST) qui la fait libérer, porteuse d’un message pour Henri Frenay. S’engagent alors des discussions entre Frenay et Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, visant à faire libérer les résistants de Combat et qui feront accuser Frenay de compromission jusqu’au sein de son propre mouvement. Libre, Berty démissionne de sa fonction au CLC et s’engage pleinement dans la Résistance sous le nom de France ou Victoria.

Résistance, arrestations, évasions, trahison

L’information judiciaire contre les membres de Combat est relancée après le retour au pouvoir de Pierre Laval, le 18 avril 1942. Une nouvelle vague d’arrestations touche le mouvement. Berty est conduite avec d’autres camarades au centre d’internement de Vals-les-Bains, parmi eux, Emmanuel Mounier, le philosophe chrétien personnaliste, directeur de la revue Esprit, interdite par Vichy. Seule femme internée, elle vit très mal cette détention arbitraire et entame une grève de la faim, le 19 juin 1932, avec Emmanuel Mounier. Transférés à l’hôpital d’Aubenas, aidés par un commissaire et un médecin sympathisants, ils parviennent à faire céder le gouvernement qui lève le décret d’internement, mais refuse de les libérer.

Le procès des membres de Combat a lieu du 19 au 22 octobre 1942 au Palais de justice de Lyon. Berty est condamnée à six mois de prison et internée à la prison Saint-Joseph. Le 11 novembre, les Allemands envahissent la zone Sud, et les prisonniers sont sous la menace d’une déportation. Berty décide de s’évader, se fait passer pour folle et est transférée à l’asile du Vinatier. De retour de Londres où il a rencontré le mari de Berty, Frenay monte une opération qui permet à un commando, avec la complicité d’un médecin de l’hôpital, de faire évader Berty, dans la nuit du 23 décembre 1942. Elle se cache avec sa fille à Marseille mais refuse de partir pour Londres, malgré l’insistance d’Henri Frenay.

En mai 1943 Henri Frenay est hébergé à Cluny chez les Gouze, un couple d’enseignants hostiles au régime de Vichy (leur fille Danielle épousera François Mitterrand). Il loue une chambre dans une maisonnette annexe de la résidence principale où Berty vient le rejoindre. Il est alors en pleine discussion avec Jean Moulin, Emmanuel d’Astier et Jean-Pierre Lévy dans le cadre de l’unification de la Résistance tandis qu’il doit gérer les réalités d’une répression croissante. « Berty m’aide énormément » écrit-il. Celle-ci fait évacuer sa fille Mireille vers la Suisse où elle sera en sécurité. Frenay s’installe pour quelques jours à Lyon.

Robert Mencherini passe en revue les diverses versions qui rendent compte des circonstances de l’arrestation de Berty Albrecht à Mâcon le 28 mai 1943. Elle est tombée dans un guet-apens qui visait à arrêter Henri Frenay que la Gestapo pensait trouver dans un hôtel où il avait finalement décidé de ne pas descendre. En revanche Berty a été arrêtée, non dans l’hôtel, mais square de la Paix, victime d’un faux rendez-vous résistant où l’attend en fait la Gestapo. Empoignée, brutalisée, elle est mise dans une voiture et conduite au siège local de la Gestapo, d’où on la voit ressortir tuméfiée et embarquée dans une voiture qui la conduit à la prison de Fresnes, à Paris. La chasse aux résistants se poursuit à Macon et à Cluny où les Gouze parviennent à faire croire qu’ils ignoraient les activités résistantes de leurs locataires, mais où la Gestapo trouve des documents imprudemment laissés par Frenay dans sa chambre.

L’opération allemande trouve son origine à Marseille, dans la trahison de Jean Multon, secrétaire de Chevance, responsable régional de Combat ; c’est lui qui fit arrêter René Hardy, arrestation qui conduisit au général Delestraint et à Jean Moulin. Multon connaît Frenay et Berty Albrecht et il joue un rôle essentiel dans le piège qui lui est tendu.

C’est chez les Gouze, dernière adresse de Berty Albrecht, que parvint la nouvelle de sa mort à la prison de Fresnes, le 31 mai 1943. Ils firent prévenir Bénouville qui en informa Frenay alors à Londres, où « il s’abîme dans un océan de désespoir ». Pendant longtemps l’incertitude demeura sur les causes et les circonstances du décès de Berty Albrecht. On évoqua une mort par décapitation ou fusillade. Après que sa tombe ait été ouverte sur la demande de Frenay en mai 1945, il fut prouvé qu’elle s’était pendue dans sa cellule.

Les échos de la mémoire

Le 23 août 1943, à Alger, la Croix de la Libération fut décernée à titre posthume à Berthe Albrecht. Le 6 octobre 1943, Henri Frenay lui rendit un vibrant hommage sur les ondes de la BBC. Devenu ministre, il s’employa à maintenir sa mémoire. Une grande manifestation commémorative eut lieu à Paris à l’occasion du 11 novembre 1945. Trois convois portant quinze cercueils de résistants tirés au sort, dont deux femmes, Berty Albrecht et Renée Lévy convergèrent vers les Invalides puis conduits au Mont-Valérien. Ils furent provisoirement inhumés dans une crypte du fort.

Robert Mencherini a recensé, en France, plus de 80 plaques, stèles et monuments où est inscrit le nom de Berty Albrecht, avec différentes orthographes de son prénom. Ils sont peu informatifs et sont souvent des lieux de commémorations. On les trouve dans les endroits où elle a séjourné, Marseille, Lyon, Mâcon, Cluny, la Côte-d’Azur, Paris. A Paris un seul monument lui est entièrement dédié, place du Bataillon du Pacifique, dans le quartier de Bercy. Henri Frenay, Mireille Albrecht, les époux Mitterrand firent beaucoup pour la mémoire de Berty Albrecht.

« On constate au fil du temps, une évolution des qualificatifs attribués à Berty Albrecht » : son militantisme féministe fut longtemps ignoré (…) Au XXIe siècle, la volonté d’honorer de manière particulière, les femmes résistantes donne lieu à de multiples initiatives. » C’est de plus en plus l’ensemble de sa vie, militantisme féministe, aide aux réfugiés, résistance qui « apparaît comme exemplaire et participe à l’héroïsation ».

« Toute sa vie, Berty Albrecht a mis en pratique ses idées et, quels qu’en soient les risques, a obéi à ses sentiments profonds. Sans rompre avec lui, elle a quitté son mari, dont la séparaient, de plus en plus, ses convictions féministes et socialistes. Amoureuse d’Henri Frenay, elle lui a fait partager ses certitudes antinazies, avant de s’engager dans la Résistance à ses côtés. Engagement qu’elle tiendra jusqu’à la mort. »

© Joël Drogland pour les Clionautes