Ce sont 79 peintures qui constituent, à la demande du prieur de la Grande Chartreuse, l’inventaire des maisons de l’ordre de Saint Bruno. Ces cartes vieilles de trois siècles viennent d’être restaurées.

Ces établissements furent tous construits sur un modèle unique : un cloître entouré de maisonnettes individuelles, une église et un bâtiment pour les moments de vie collective, souvent dans un site isolé ou derrière des murs en ville.

Jean GuibalAncien directeur du Musée dauphinois de Grenoble, dans l’avant-propos, rappelle les conditions de leur restauration.

L’ordre cartusien au temps des Réformes

Pierrette Paravy retrace l’histoire de l’ordre. Elle rappelle brièvement la fondation par Saint Bruno en 1084, l’expansion médiévale et les caractéristiques de la règle. Après la crise du XVe siècle, Dom Innocent Le Masson, le prieur, va reconstruire l’ordre. et pour montrer cet effort, il demande que soit réalisée, dans chaque monastère, une « carte » de la chartreuse et envoyée à la Grande Chartreuse (en Isère) qui est à la tête de cet ordre très centralisé. Réalisées par différents artistes, elles renseignent tant sur la vie des moines que sur la topographie des lieux.

De nombreuses chartreusesCarte de l’expansion p. 23-23 datent de cette époque, nouvelles ou restaurées, elles répondent à une volonté d’austérité.

C’est ce mouvement de renouveau que décrit Pierrette Paravy. Elle montre notamment le rôle personnel de Dom Innocent Le Masson. Elle revient sur les cartes, elle-même : nature, datation.

L’apport des cartes à la connaissance de l’univers cartusien

Giovanni LeonciniProfesseur émérite d’histoire de l’art de l’Université de florence définit précisément ce qu’est un chartreuse, notamment par comparaison avec les monastères bénédictins ; la faible place des lieux de vie collective : église, salle du chapitre, réfectoire pour le repas collectif une fois par semaine. L’accueil des hôtes de passage est à distance dans l’espace.

L’étude des cartes montre les solutions choisies pour se conformer à la règle. Elles sont précieuses, car certains monastères ont été détruits (Montebello après 1810).

L’architecture varie en fonction de la région et des courants artistiques. L’entrée est souvent monumentale (Lyon, Marseille, Bosserville). La Grande Chartreuse représente, pour Giovanni Leoncini, une synthèse architecturale.

Daniel Le Blévec présente la vie en chartreuse à l’époque moderne. Implantée dans un espace, souvent sauvage, la chartreuse offre un cadre pour une vie de silence, de méditation en cellule et de célébration collective des offices.

Certaines cartes représentent des personnages au travail, des scènes de réfection du bâti, mais aussi le rapport au monde avec des scènes d’aumône. D’autres scènes évoquent les loisirs profanes auxquels les moines ont renoncé.

Parcours des provinces cartusiennes

Les différentes cartes sont présentées en fonction de leur localisation, selon les provinces de l’ordre : Chartreuse incluant Lyon et la Suisse, Provence, Bourgogne Fouilles récentes de l’INRAP : Vestiges du jardin de la Chartreuse de Champmol à Dijon (Côte-d’Or), Aquitaine, Picardie, France sur Seine, France sur Loire, Lombardie, TuscieToscane et Vénétie, de Saint-BrunoRome et Italie centrale, d’Allemagne, du Rhin, d’Angleterre, de Catalogne, de Castille.

Chaque carte est reproduite en page entière, complétée d’une présentation (localisation précise, dimension de la toile, date, nom du restaurateur) et d’une brève analyse. À noter que le choix majoritaire d’une vue « aérienne oblique » permet une bonne représentation de l’espace cartusien.

L’ouvrage invite à un véritable voyage. Un très beau livre, une idée de cadeau…

 

Découvrir des extraits sur le site de l’éditeur.