Black-out est une superbe fiction, très bien documentée et dénonçant avec subtilité et humour le racisme d’une société et d’une partie de son industrie culturelle notamment dans un dialogue savoureux, lorsque le personnage de Maximus Wyld, dans un tournage avec John Ford, lance une série de phrases caustiques en langue comanche .

Black-out met en scène l’acteur (imaginaire) métis Maximus Wyld (ainsi rebaptisé par Hollywood, son vrai nom étant Maximus Ohanzee Wildhorse), né dans un quartier défavorisé de Los Angeles et repéré par Cary Grant dans une salle de boxe.
Comédien de talent et grand séducteur, Maximus Wyld, devenu une « star MGM (avec une évocation de l’effroyable réification des actrices et acteurs de la compagnie)», tourne entre autres pour Capra, Hitchcock ou encore Ford.
Son combat pour l’égalité l’amène à refuser des rôles auxquels ses origines le cantonnent dans le système des représentations cinématographiques de l’époque.
Il côtoie son idole, Paul Robeson, et parvient partiellement à contourner la censure existante (l’ahurissant code Hays) en distillant de légères touches de « subversion » dans les films où il apparaît.
Sa participation à une production soviétique signe sa chute et un procès ubuesque, en plein maccarthysme, le condamne, outre à une peine de prison, à une véritable damnatio memoriae, avec une éviction pure et simple de l’ensemble des images le représentant au cinéma.

 

Un roman graphique dont on ne saurait que trop recommander la lecture.