Fruit d’un nouveau partenariat avec les Clionautes, la revue de récits de voyages « Bouts du monde » existe depuis octobre 2010. A travers de multiples croquis, photographies et récits, ce numéro propose une quinzaine d’expériences géographiques.

Ce numéro 26 débute par la photographie de William Mauxion prise sur les rives du lac Song-Köl au Kirghizstan. Le fil rouge de l’Asie Centrale est suivie à travers plusieurs articles abordant cette région à la fois stratégique pour les États et régulièrement parcourue par les voyageurs en quête d’exotisme. Après avoir suivi Jessica à Mumbai, Cécilia Pepper présente la Norvège à travers le quotidien du village de Volda (8000 habitants). Situé sur la façade occidentale du pays, elle a la particularité d’accueillir des étudiants étrangers par le biais du programme Erasmus, dans un environnement constitué « d’un hôpital, des montagnes tout autour, des légendes de pieuvre géante dans le fjord et d’une université » (p. 14). L’article de Camille Kerzerho portant sur le littoral belge retiendra particulièrement l’attention des enseignants désireux d’enrichir leur corpus de photographies liées au tourisme de masse (Ostende, Blankenberge). De couleur grise, ces batiments massifs datant des années 1970 permettent d’aborder la pérennité de l’architecture dédiée au tourisme. Sont-elles en train de devenir des non-villes ?L’un des articles les plus prenants est celui d’Alf B. Bryn. En 1909, trois alpinistes norvégiens et australiens effectuent une randonnée en Corse, et échoue dans un village de la vallée Nebbia constitué d’une vingtaine d’habitations et peuplé de mouflons. L’ensemble de la relation de cette expédition sera disponible en 2017 aux éditions Nevicata qui publient également l’ouvrage du géographie Philippe Grenier sur les récits de voyages en Patagonie : « Histoires du bout du monde » (traduit du norvégien par Bibbi Lee).

L’Asie est ensuite relatée à travers plusieurs articles. Mathieu Letellier nous permet d’aborder les clichés sur l’Iran. Une arrivée à 4 heures du matin sans monnaie locale et carte SIM se terminant par un accueil via le couchsurfing chez une hôte francophone ! Le style graphique sous la forme de BD n’est pas sans rappeler celui de Guy Delisle. Espérons qu’une version longue puisse être éditée prochainement. Les monts Tian Shan (par Pierre-Larry Pétrone), le lac Song-Köl au Kirghizstan (par William Mauxion), les chasseurs d’aigles kirghizs (par Kares Le Roy) Dont les photographies sont visibles à la librairie du voyage et de la géographie à Nantes, la « Géothèque » (14 Rue Racine, 44000 Nantes) à partir du 20 septembre jusqu’au 25 Octobre 2016 sont également au cœur de ce numéro. Deux visions de Samarcande sont proposées par Philippe Bichon du site globecroqueur.com et Laurent Claudel. Ce dernier insiste notamment sur le processus de « disneylandisation » (popularisé par la géographie Sylvie Brunel) de la ville ouzbèke. La « vieille-ville » laisse place à des artères standardisées dédiées au tourisme. Un court passage de l’article du voyageur Philippe Bichon peut permettre d’aborder la situation de la Mer d’Aral en géographie.

A l’extrémité ouest de l’Ouzbékistan, dans la pure tradition soviétique, un grand panneau métallique m’accueillie à l’entrée de Moynaq. Le poisson qu’il affiche détonne dans ce paysage désertique, et me rappelle que cette ville-fantôme était autrefois un port de pêche. A la sortie de la ville, la vision apocalyptique des carcasses rouillées de bateaux échoués sur le sable, tel un cimetière d’éléphants me saisit. La mer, ou du moins ce qu’il en reste, est à 180 kilomètres !

Philippe Bichon, « Caravansérails et terres d’aventures », Bouts du monde numéro 26, 2016

L’aventureuse épopée de Vincent Robin-Gazsity s’intéresse principalement aux problèmes relatifs aux visas nécessaires pour voyager en Ouzbékistan. Paradoxalement, après avoir eu un aperçu de la corruption et de la mafia ouzbèke, la porte de sortie vers un espace de liberté l’emmène à Achgabat au Turkménistan. Pour terminer avec le continent asiatique, Céline Jentzsch nous emmène en Mongolie lors de la fête au lac Khövsgöl (l’équivalent du Naaddam en hiver). L’article se termine par un ovoo, lieu sacré constitué d’un empilement de roche qui n’est pas sans rappeler la culture hunnique. La revue se poursuit par un safari en Namibie sur les traces du Big Five (par Valentine Giorda) et dans le quotidien des photographes d’Afrique de l’Ouest dont la profession reste précaire (par Adrien Tache). L’architecture laotienne est présentée par l’intermédiaire du périple de Slovia Roginski qui a décidé de partir six mois dans plusieurs villages. De jolies croquis pour aborder l’adaptation de l’habitat des sociétés à son milieu grâce à l’érection de pilotis.

Antoine BARONNET @ Clionautes.