Que savons-nous de l’Afrique ? Comment peut-on titrer un ouvrage sur un continent entier, sept fois plus vaste que l’Union européenne, si multiforme et historiquement si varié ? Comment peut-on traiter d’un sujet si vaste en 100 questions ?
Stephen Smith qui enseigne les études africaines à Duke aux États-Unis et Jean de La Guérivière, ancien journaliste au Monde, relèvent ce défi.
Dans un premier temps les auteurs cadrent leur sujet : ils invitent le lecteur à explorer l’Afrique subsaharienne composée de 48 États en excluant le nord du continent rattaché au monde arabe et visent à « décoloniser l’histoire africaine ». L’ouvrage interroge l’Afrique depuis le France et ses grands thèmes récurrents autour du développement, la jeunesse de sa population. L’ONU prévoit 2,5 milliards d’Africains dans 30 ans (1/4 de l’humanité).
Les auteurs cherchent à aborder l’essentiel dans six volets à travers 100 questions qui à elles seules pourraient être l’objet d’un livre !
L’Afrique des origines
Dans l’état actuel des connaissances, l’Afrique reste le berceau de l’humanité. Les découvertes récentes montrent les migrations des premiers hommes vers les continents (l’homo sapiens le plus ancien, 300 000 ans BC, a été découvert au Maroc en 2017). Parler des Afrique est une évidence : 30 millions de km2 avec des paysages variés, 54 états, 3000 groupes ethniques (dont 400 en RDC), 2000 langues parlées.
L’expansion bantoue s’avère une étape importante de l’histoire africaine. Trois millénaires avant notre ère, des agriculteurs semi-nomades vivant sur les plateaux du nord-ouest du Cameroun, dans une zone tempérée, ont commencé à essaimer vers le sud et l’est. Du fait d’une forte dégradation climatique ayant réduit la forêt équatoriale, ils ont pu atteindre les Grands Lacs vers 500 BC et l’Afrique du Sud environ 500 après JC.
Si de nombreux contacts terrestres sont attestés au Moyen-Age, seule la navigation à voile susceptible de remonter les alizés permet aux Européens de se lancer dans la circumnavigation. Encore fallait-il vaincre le paludisme. Seule la synthèse de la quinine en 1944 permettra à ce « tombeau de l’homme blanc » d’être vivable. Les explorateurs portugais, Bartlomeu Dias et Vasco de Gama commencent des contacts avec les Africains décrits par Hampâté Bâ comme un troc à distance : métaux, tissu, eau de vie contre fruits frais et pépites d’or. Hollandais et huguenots français cherchent à s’enfoncer à l’intérieur. Près du Cap, Jan Van Riebeek établit une « escale de rafraichissement » ouverte aux navires de la route des Indes en 1648. Les Anglais annexent la région du Cap à la fin du XVIIIe siècle.
Professeur au collège de France, François-Xavier Fauvelle décrit un âge d’or africain avant la colonisation. De prestigieux empires ont laissé des noms parmi les États contemporains : le Mali, le Ghana, le Dahomey (devenu le Bénin).
On ne peut aborder l’histoire africaine sans parler des traites négrières : la traite intérieure entre Africains, la traite transsaharienne, la traite orientale ou arabe et la traite transatlantique. Il ne faut pas confondre avec l’esclavage dit domestique très répandu en Afrique. Les historiens s’accordent à évaluer 28 millions d’Africains arrachés à leur terre.
Explorateurs dans l’âme, les voyageurs européens rivalisent dans la découverte de nouvelles terres africaines. Le mystère des sources du Nil blanc, les voyages de Savorgnan de Brazza ou de David Livingstone sont des objets de curiosité et de fierté nationale, relayés par des récits, souvent publiés par épisodes dans les journaux.
Colonisation et décolonisation
Alors que les Européens se sont entendus à la conférence de Berlin (1885), non pour se partager l’Afrique mais pour éviter que des rivalités produisent une guerre, ces puissances s’octroient peu à peu « les terres découvertes ». Fort de son industrialisation et ses armes modernes, le continent européen peuplé de 275 millions d’hommes se trouve face à l’Afrique sept fois plus vaste, occupée par 100 millions d’âmes, bien plus démunie au niveau matériel et technologique. Ainsi ce que l’on a appelé les guerres coloniales se traduisent par une suite de massacres. A la fin du XIXe siècle, toute l’Afrique est « pacifiée » comme on aimait le dire, à l’exception du Liberia, pays regroupant d’anciens esclaves affranchis et l’Éthiopie dominée.
Sept états ont participé à la colonisation (la France, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne). Seuls deux millions d’Européens ont vécu en Afrique en 1931, date de l’apogée de la domination ce qui suppose une certaine implication des 150 millions d’Africains de l’époque. De l’indirect rule des Anglais à l’administration directe prônée par les Français, la réalité s’est avérée plus pragmatique. Ceux que l’historien congolais Elikia M’Bokolo appelle « les compères africains du colonisateur » ont permis la pérennisation du système.
La « force noire » a joué un rôle important dans les deux guerres mondiales, voire un rôle clé dans la libération de la France. Si l’Afrique a été un théâtre important pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats coloniaux ont combattu avec des espoirs d’émancipation et de sortie de « l’indigénat ». La restauration de l’ordre colonial s’annonce dès la conférence de Brazzaville en 1944.
Selon l’historien américain Frederick Cooper, l’entre-deux-guerres est un temps de bascule car l’Afrique connaît une transition démographique sans précédent passant à 300 millions en 1960, puis 600 millions en 1990, milliardaire en 2000.
1960 est proclamée l’année de l’Afrique par l’ONU car « un vent du changement balaie le continent ». Pourtant le premier pays explorateur est aussi le dernier décolonisateur. Le Portugal a gardé ses terres d’outremer jusqu’en 1975 à cause du régime dictatorial de Salazar. Les colonies servent d’exutoire démographique à la métropole. Démocratisé et délesté du problème colonial, le Portugal entre dans la CEE en 1986.
L’Afrique indépendante
Les pays ont accepté les 83 500 km de frontières à 70 % tracées par les colonisateurs entre 1885 et 1909. L’OUA (l’organisation de l’unité africaine adopte en 1964 une résolution engageant les états à respecter ces frontières. Michel Foucher conteste l’artificialité supposée des frontières tant décriées du continent, un argument des anticolonialistes. Il explique que les traceurs ont intégré certaines réalités politiques locales et régionales. De toute manière, aucune frontière n’est naturelle.
Le régime de l’apartheid, développé en Afrique du Sud de 1948 à 1991, n’est pas l’ultime voie du colonialisme. La différence réside dans la temporalité puisque les colonisateurs se sont donné « une mission civilisatrice temporaire ». L’Apartheid a institutionnalisé la suprématie blanche en agitant le spectre du « péril noir » et a privé 60 % en 1948, puis 80% en 2020 de la population de ses droits civiques. A partir de 1950, le grand apartheid concrétise le développement séparé avec la division du pays en dix bantoustans pour les noirs. L’opposition à ce régime discriminatoire s’est cristallisée autour de l’ANC (African National Congress) proche du bloc de l’Est.
L’apartheid est tombé par la conjugaison de plusieurs facteurs : la décolonisation de l’Afrique subsaharienne, la lutte des mouvements opposants dans le pays, les sanctions internationales et la fin de la guerre froide. La libération de Nelson Mandela emprisonné depuis 27 ans devient la condition de la levée de l’embargo contre l’Afrique du Sud. En 1990, les partisans du régime raciste deviennent ultra minoritaires (12 %). La chute du mur de Berlin prive le pays de sa justification en Afrique australe. Deux leaders exceptionnels ont permis la négociation d’un compromis historique : le droit de vote pour la majorité noire et en échange, l’impunité pour ceux qui ont mis en place, ce que l’ONU a qualifié de crime contre l’humanité. Libéré, Mandela est élu président de l’Afrique du Sud en 1994.
Le problème de l’aide au développement en Afrique est soulevé quant à son efficacité. La pauvreté absolue est restée dans la même proportion, environ la moitié des habitants, sachant que le nombre a considérablement augmenté. D’après Dambisa Moyo, une économiste zambienne : « L’assistance sans limite aux gouvernements africains a favorisé la dépendance, encouragé la corruption et perpétué la gouvernance médiocre ». Si autrefois l’aide pour le développement (OPD) à l’Afrique était une modération en pleine guerre froide, elle devient aujourd’hui un soutien pour endiguer l’émigration. « L’Afrique perçoit une rente migratoire du vieux continent ». Les gouvernements devraient jouer le rôle de garde-frontières de l’Europe.
L’intervention de la France en Afrique fait couler beaucoup d’encre. Félix Houphrouët-Boigny, a parlé de Françafrique pour exalter l’étroitesse des liens tissés après la décolonisation. Au fil du temps, on ironise le mot avec le vocable de France-à-fric. La coopération se substitue à la colonisation. La France se fait l’avocat de « son Afrique » au niveau international en échange d’un accès privilégié aux ressources africaines (pétrole, cacao…) Elle a promu au pouvoir les élites issues de l’assimilation coloniale qui soutenaient les entreprises françaises. L’affaire ELF a suffisamment été médiatisée pour comprendre l’importance des missi dominici du pouvoir comme Jean-Christophe Mitterrand surnommé Papa-m’a-dit.
La politique
Les chefferies traditionnelles restent importantes au sein des communautés rurales mais elles n’ont pas de poids sur le plan juridique et institutionnel dans un État moderne hérité de la colonisation. Aucun pays n’a renoué avec le système politique traditionnel.
L’Afrique est-elle affligée du syndrome de « l’homme fort » ? En 2020, trois Africains détiennent le record mondial de la longévité présidentielle. L’Afrique des États faibles est aussi celle des hommes forts. Certains sont des « pères de la nation », présents lors des indépendances et soutenus par un parti unique. Ainsi Robert Mugabe, le Zimbabwéen, s’est agrippé au pouvoir de 1975 à 2017 où il est évincé à l’âge de 93 ans. Il a été le « freedom fighter » dans sa lutte contre le régime d’une minorité blanche en Rhodésie.
Le patriarcat traditionnel est aussi évoqué pour expliquer ce pouvoir des hommes forts, ce droit d’ainesse, la séniorité des vieux. Les jeunes se trouvent d’emblée exclus du processus démocratique. Depuis 2001, cette tendance n’a fait que de se renforcer. La démocratie ne s’installe pas durablement en Afrique et il est intéressant de noter que dans les pays dont la croissance démographique est la plus forte, l’autoritarisme est de mise.
Certains pensent que les croyances y sont pour quelque chose : « la compétition politique par toutes sortes de grigris ou de sacrifices rituels et de nombreux citoyens ont peur d’être envoûtés ».
Beaucoup d’États sont considérés comme faillis. Il s’agit d’un pays sans gouvernement ou institution capable de produire des biens publics et de protéger ses citoyens et ses frontières. On cite la Somalie ou la République centrafricaine, dite une État fantôme, ayant perdu toute capacité institutionnelle. Les politologues parlent aujourd’hui d’État défaillant.
Ainsi les coups d’État sont nombreux. Cet ouvrage en recense 82 de 1958 à 2018 même si le rythme s’est ralenti depuis la fin de la guerre froide. Rares sont les pays qui n’ont pas connu de coup de force.
Les massacres dont certains dépassent l’entendement font ressurgir le cliché des conflits ethniques. Tout est tellement plus compliqué. Les conflits frontaliers se mêlent à l’accès aux ressources. Le terrorisme islamique fait tache d’huile : AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique mais aussi Boko Haram (boko signifie l’abécédaire introduit par l’école coloniale dans un transfert métonymique en langue haoussa et Haram signifiant, interdit).
La société
Dire que l’Afrique est polyglotte est une banalité. La langue du colonisateur côtoie celle d’une grande aire linguistique comme le haoussa ou le dioula, puis celle de la région natale. Mais l’Union africaine n’en a retenu que six : le français, le portugais, l’espagnol, l’anglais, le swahili et l’arabe. Au niveau de l’école primaire, les langues maternelles sont les meilleurs outils d’apprentissage, mais dans les lycées et les collèges, sont enseignées les langues « importées ». Cette coupure voulue par l’élite est problématique mais elle émane d’une volonté d’intégrer les pays dans la mondialisation. Pour certains intellectuels, la langue de l’ancien colonisateur devient la langue du pays puisque les jeunes se l’approprient. A Abidjan, une des villes les plus cosmopolites, le nouchi, est un agrégat de plusieurs langues, le sabir des SMS. Depuis l’été 2017, la BBC émet en West African pidgin English parlé par 75 millions de personnes. Avec 300 millions de locuteurs dont 44 % en Afrique, le français est la 5e langue parlée dans le monde, selon l’OIF (organisation internationale de la Francophonie).
Le continent est une terre de prosélytisme, compte tenu de sa démographie. Les croyances traditionnelles se superposent « aux monothéismes importés ». Une plaisanterie en Afrique serait de dire qu’il y a 45 % de chrétiens, 45 % de musulmans et 100 % d’animistes. Cependant on parle toujours de fétichisme, de bois sacré où ont lieu les rites d’initiation, et d’offrandes dues aux ancêtres.
Il n’existe pas de politique de contrôle des naissances même si le planning familial existe dans beaucoup de pays. Le Niger détient le record de la fécondité avec 6,9 enfants par femme (chiffre corrigé sur l’Ined.fr ). L’éducation des filles s’avère le problème majeur. En Afrique subsaharienne, les 2/3 des jeunes filles ne poursuivent pas leurs études après le primaire à 12 ans. Elles sont mariées avant 15 ans.
L’extrême jeunesse de la population africaine ruine les efforts des États. Des progrès ont été accomplis mais l’écart entre les sexes est alarmant. Les nouveaux objectifs de développement durable de l’ONU (ODD4) incluent « l’accès de tous à une éducation de qualité sur un pied d’égalité ». Déjà, 60 % des adolescents de 15 à 17 ans ne vont plus à l’école en Afrique subsaharienne. Il manque de tout : de locaux adéquats, d’enseignants formés, des infrastructures pour mener les enfants à l’école. On peut ajouter la fuite des cerveaux. Les plus riches scolarisent donc leurs enfants à l’étranger.
L’inégalité entre les sexes perdure, même si aujourd’hui certaines femmes puissances émergent en ville comme les mama Bentz, femmes d’affaire togolaises qui roulent en Mercedes. Pour une femme, tout est plus dure en Afrique qu’ailleurs : dernières scolarisées, peu employées dans le secteur formel, mariée de force, même accoucher en Afrique subsaharienne est 500 fois plus risqué qu’en Europe. Un des ressorts de l’émancipation féminine est l’émigration à majorité masculine. « Celles qui attendent » (titre d’un roman de Fatou Diome) prennent leur vie en main.
L’économie
On ne peut parler d’Afrique sans évoquer la pauvreté durable qui sévit depuis longtemps. Les avis sur ses causes sont multiples, entre ceux qui incriminent l’histoire (la traite, la colonisation, la Françafrique, le capitalisme ou le néolibéralisme) et d’autres qui ciblent les Africains eux-mêmes entre leur incurie et la corruption de leurs dirigeants. Depuis les années 1930, la croissance de la population aggrave la pauvreté car elle fractionne les progrès accomplis.
La dépendance économique s’accentue. Après le « pacte colonial » qui consistait à réserver à la métropole la totalité des matières premières d’une colonie, afin de les transformer en produits finis qui sont redirigés ensuite vers cette colonie sans autre concurrence. Après les indépendances, les échanges inégaux se perpétuent en profitant au capitalisme international. Les pays pauvres ne peuvent lutter contre des multinationales qui exploitent les richesses africaines. Par exemple, on peut noter que le commerce maritime africain passe par des compagnies étrangères à partir de ports possédés ou gérés par des sociétés concessionnaires venues d’autres continents.
Pourquoi une si grande pauvreté sur un continent doté d’extraordinaires richesses naturelles, tellement convoitées ? La corrélation entre État rentier du pétrole et l’accroissement de la pauvreté est éloquente. Au Nigeria, le premier producteur de brut au sud du Sahara, environ 500 milliards de dollars de rente se sont accumulés au profit de quelques-uns. La pauvreté est passée de 15 % en 1960 à 46 % en 2018. L’élite au pouvoir s’approprie la rente qui est redistribuée à une nomenklatura et sa clientèle. Cette dernière en bénéficie grâce à son rang et non pour ses talents. « Le ressort entre l’effort et la juste récompense est cassé, l’argent dépensé comme il a été gagné ». Il part en fumée.
Les infrastructures sont très insuffisantes : 30 % des Africains ont accès à l’électricité, 58 % à l’eau et 31 % aux services d’assainissement. Les distances, les coûts et l’entretien sont des problèmes majeurs pour une population grandissante. Des essais ponctuels permettent d’espérer des améliorations. Par exemple, l’entreprise française Engie a expérimenté en Afrique du Sud une centrale solaire, le Kathu Solar Park, qui utilise des miroirs pour produire de l’éléctricité.
L’autosuffisance alimentaire est un rêve qui s’éloigne. Il faut importer toujours plus. Hors famines, un Africain sur quatre souffre de malnutrition chronique. La situation est particulièrement précaire dans le Sahel. La FAO estime que 80 % des terres sahéliennes sont dégradées. Sylvie Brunel pense qu’un demi-milliard d’Africains aura quitté la campagne d’ici 2030. Qui les nourrira à un moment où les besoins alimentaires du monde vont exploser ?
La géopolitique
Les liens entre les ex-métropoles et les anciennes colonies restent importants même si la rémanence est à géométrie variable. La France reste une grande puissance mais elle ne peut concurrencer aujourd’hui la Chine et les États-Unis (pourtant peu engagé sur ce continent que Donald Trump aurait qualifié de « pays trous à merde »). Un contre-exemple est l’Angola, une ancienne colonie portugaise qui reçoit plus d’émigrants de ce pays qui cherchent du travail dans un eldorado pétrolier qu’elle en envoie.
Depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Elle projette le trop-plein de sa population vers cette terre. Elle échange des produits industriels contre des matières premières. Il y aurait 10 000 entreprises et un million de ressortissants venant de Chine, une manière de détourner les droits de douane vers l’Europe. Bien sûr, le pays investit surtout dans les États riches en ressources minières et pétrolières. Il se dote d’un dispositif bancaire capable de border son implantation en Afrique. Cette ascension fulgurante s’inscrit dans les projets des routes de la soie, dans une dynamique gagnant-gagnant. Des réalisations symboliques comme des palais présidentiels ou la tour de verre, siège de l’Union africaine à Addis-Abeba ou des stades, sont toutes réalisées en des temps records. Cependant il y a des signes annonciateurs de problèmes dont le spectre d’un nouveau surendettement africain libellé en Yuans. Malgré la « diplomatie des masques » qu’elle offre à l’Afrique, la Chine renâcle à accepter une annulation massive de la dette pour les pays les plus pauvres.
La coopération économique Sud-Sud échappe rarement à la logique comptable des affaires. Des alliances tiers-mondistes face à l’hégémonie occidentale comme les BRICS qui allient des pays qui ont des destins bien différents.
L’Afrique est devenue le principal terrain des ONG. Médecins Sans Frontières (MSF) a vu le jour en 1971 en réaction à la stricte neutralité de la Croix-Rouge internationale. En 2020, cette organisation avec ses 38 000 employés et un budget annuel de 400 millions de dollars pèsent lourd sur les systèmes de santé africains. Une balkanisation de la santé pose la question de la souveraineté thérapeutique des États qui ne fixent pas les priorités puisque les financements viennent de la philanthropie internationale.
Les migrations sont à 70 % intra-africaines. L’exode rural pourrait s’appeler « magnétisme urbain » tant les villes attirent. Pourtant en Afrique subsaharienne, 70 % des citadins vivent dans des bidonvilles, essentiellement des jeunes, des « cadets sociaux ». Ces derniers savent très bien ce qui les attend : vivre dans un taudis. Ils préfèrent chercher l’aventure avec peu de chance d’y parvenir. Mais fuir la vie prévisible du village sous la tutelle des anciens leur semble préférable. Avec l’afflux de migrants, le grande ville se sectorise en fonction des lieux de provenance.
Les candidats au départ vers un autre continent seraient de 40 % des adultes s’ils en avaient les moyens. Le coût en 2019 serait de 2500 à 3500 euros ce qui correspond suivant les pays à plus d’un an de revenus. Ce seront les progrès du développement dans les pays africains qui détermineront le nombre de migrants vers le vieux continent. Les communautés déjà établies, surtout dans les anciennes métropoles coloniales, deviennent les « guichets d’entrée » pour les nouveaux arrivants. Pour sûr, les Afropéens auront un poids démographique de plus en plus important.
Cet ouvrage très généraliste aborde des questions essentielles pour le continent africain. Il peut être une base de départ pour des néophytes ou une réactualisation des connaissances pour d’autres.