Pour sa nouvelle livraison de son album de soutien à la liberté de la presse, Reporters sans frontières offre à ses lecteurs cent photographies de Brassaï.

Gyula Halász, qui prendra le pseudonyme de Brassaï (en référence à sa ville natale, Brassó), est né le 9 septembre 1899 à Brassó. Après des études d’arts, il arrive à Paris en 1924. Il se lie d’amitié avec les écrivains Henry Miller et Léon-Paul Fargue et fait la rencontre du photographe Eugène Atget.

Photographe du Paris nocturne, il s’intéresse au mobilier urbain, à l’architecture de la ville mais aussi aux femmes et aux hommes qui y vivent. Il photographie les travailleurs, les promeneurs, les clients des cafés mais également les marginaux et les milieux interlopes. Il s’intéresse également très tôt aux graffiti et dit du mur où ils figurent qu’« il est le tableau noir de l’école buissonnière » (p.125) ». A partir de 1932, il côtoie Pablo Picasso dont il va rester très proche jusqu’à la mort de ce dernier. Brassaï, à propos de son art, a dit qu’il ne cherchait « qu’à exprimer la réalité, car rien n’est plus surréel (p.124) ». Il s’est éteint en 1984, à Beaulieu-sur-Mer.

Le présent album propose un très large panorama de l’œuvre extraordinaire de Brassaï. Il comporte, en sus du très beau propos liminaire de Patrick Modiano, des textes accompagnant certaines reproductions (Dimitri Beck pour « Le baiser » ; Denis Cosnard pour « Au Monocle. Le bar » ; Sophie Jacotot pour « Le bal Tabarin » ; Philippe Ribeyrolles pour « La môme Bijou au Bar de la Lune » ; Laure Adler pour « Belle de nuit, quartier Italie » ; José Lebrero Stals pour « Pablo Picasso près du grand poêle de l’atelier des Grands-Augustins » ; C215 pour « Graffiti série VI L’amour ». Jeanne Poret a réalisé, pour finir, une notice biographique intitulée « Brasssaï, la nuit et le réel »).

L’album contient, comme à l’accoutumée, un « tour du monde la liberté de la presse », avec des portraits parmi « les prédateurs de la liberté de la presse » de Sheikh Hasina au Bangladesh et de l’action de Daniel Ortega contre le journal « La Prensa » au Nicaragua. Parmi les « défenseurs de la liberté de la presse », sont évoqués la journaliste Rozina Islam au Bangladesh qui risque la peine de mort pour ses enquêtes sur la gestion par les autorités de la crise du Covid-19 ; l’avocat tanzanien Onesmo Olengurumwa qui assure la défense de nombreux journalistes de son pays et Pham Doan Trang, courageuse journaliste vietnamienne condamnée à neuf de prison pour « propagande contre l’État ».

Grégoire Masson