Il y a 80 ans, la France était libérée du joug nazi. Une Libération accompagnée de son sordide cortège de massacres et d’exactions commises par une armée allemande aux abois. C’est ainsi que, quatre jours après le débarquement allié en Normandie, la division Das Reich passait par Oradour-sur-Glane afin d’y perpétrer « l’assassinat d’un village » avec une « perfection criminelle » (Nicolas Bernard) ôtant la vie à 643 innocents.
Les éditions Petit-à-Petit nous offrent, une nouvelle fois, un docu-fiction de grande qualité consacré ici à l’histoire tragique de ce petit village de la Haute Vienne, situé à 20 kilomètres de Limoges, et à ses habitants. Très pédagogique, alliant planches de bande dessinée et pages documentaires, cet ouvrage est une vraie et belle réussite. Les dessins d’Arnaud Joffroy, Emmanuel Cerisier et Maria Riccio accompagnent parfaitement le scenario solide et équilibré de Philippe Tomblaine.
Oradour, de la vie paisible au massacre
Le lecteur est plongé, tout d’abord, dans le quotidien paisible d’Oradour en ce début de mois de juin 1944. Dans les champs, les cafés ou les commerces autour de la place du champ-de-foire, au bord de la Glane, la peur des Allemands est assez relative. Les dimanches, les promeneurs sont nombreux à venir de Limoges ou des villages aux alentours, à pied ou en tramway ! Mais, au lendemain du débarquement, la 2e division SS Das Reich, retardée par la Résistance et les bombardements de l’aviation alliée, réplique par des actions de terreur tout au long de sa route. La décision est prise de mener une « action exemplaire » contre les « terroristes ». Le village d’Oradour est choisi car suffisamment isolé et facile à encercler. Cette décision est validée par le Generalmajor Lammerding, responsable aussi des massacres de Tulle et d’Argenton-sur-Creuse en 1944.
Double page 10 et 11
10 juin 1944, 16h00, le sang et les flammes
Plusieurs chapitres sont ensuite consacrés à la description du massacre. Le 10 juin, la 3e compagnie, soit environ 200 Waffen SS, se met en route aux environs de 13 heures. Le périmètre des exécutions est délimité et le bourg est méthodiquement encerclé. Regroupés sur le champ-de-foire, les hommes sont ensuite séparés des femmes et des enfants qui sont conduits dans l’église. Ils sont répartis dans différents lieux (granges, garage, forge, etc.). A 16h00, lorsque le signal est donné, le massacre des hommes débute. A 17h00, les SS incendient l’église où ont été rassemblés 450 femmes et enfants. On dénombrera 643 victimes. En fin de journée, les SS pillent et incendient le village avant de le quitter. Le lendemain, une section revient et procède à l’élimination systématique des corps par le feu et la fosse commune ce qui rendra impossible l’identification des morts ainsi que le deuil pour les familles.
Ne jamais oublier, témoignages et entretien de la mémoire
Les rescapés, qui ont témoigné et entretenu la mémoire de cette tragique journée, sont bien sûr au cœur de l’ouvrage. C’est le garagiste Robert Hébras, la miraculée de l’incendie de l’église Marguerite Rouffanche, la passagère du tramway Camille Senon ou l’écolier Roger Godfrin. Enfin, ce docu-BD, se termine en abordant les questions mémorielles liées à la participation des « Malgré-nous » alsaciens et mosellans ou aux différentes visites des présidents de la République qui se sont déroulées entre polémiques, émotions et volonté de réconciliation. Depuis 1999, l’action du Centre de la mémoire est essentielle, d’autant plus avec la disparition des derniers survivants. 1€ est reversé par album vendu à la Fondation du Patrimoine en vue de la restauration du village martyr.
En cette année, de commémoration, les parutions sur le sujet ont été nombreuses. Voici quelques CR disponibles dans la Cliothèque :
Oradour-sur-Glane, 10 juin 1944 – Histoire d’un massacre dans l’Europe nazie