Ce deuxième tome de Brigantus, paru en janvier 2025 aux éditions Le Lombard, clôt avec intensité ce diptyque sombre et captivant signé Yves H. et Hermann.
Avec une narration sobre et des dessins d’une puissance remarquable, père et fils livrent un péplum où la violence et l’exclusion servent un propos profondément humain. Ce récit austère et brut, amorcé dans le premier tome, trouve ici une conclusion à la fois tragique et saisissante.
Dans le premier opus, Melonius Brigantus, surnommé « Le Picte », était présenté comme une force de la nature, rejetée par tous mais fidèle à Rome malgré le mépris qu’elle lui inspire. En 84 après J.-C., ce légionnaire brutal et taciturne s’enfonçait avec sa centurie dans les marécages de Calédonie, livrant un combat désespéré contre les Pictes. Survivant parmi les décombres d’une bataille sanglante, il devenait le jouet des ambitions des autres, notamment de l’optio Vigilius, un homme dont la trahison allait nourrir sa haine et son désir de revanche.
Dans ce second tome, Brigantus, prisonnier des Pictes, revit le même drame que dans la légion. Accepté par les uns car il est une force de la nature et qu’il connaît les secrets des Romains, il est rejeté par les autres. Ni compatriote ni allié à leurs yeux, il demeure un marginal, réduit à son rôle de machine de guerre. Dévoré par sa soif de vengeance, il concentre toute sa rage contre Vigilius et contre Rome, qu’il rêve de détruire. Pourtant, son combat n’est pas seulement celui d’un guerrier, mais d’un homme perdu, en quête de lumière dans les ténèbres. La tension dramatique culmine dans des scènes de bataille où la violence est magnifiée par les somptueux dessins d’Hermann, jouant sur des contrastes saisissants entre le bleu des peintures guerrières pictes, le rouge du sang des légionnaires romains et la grisaille des paysages. Les dernières pages, passant de couleurs éclatantes au noir absolu, sont particulièrement réussies.
Cette conclusion de Brigantus est donc une très belle réussite. Le récit allie une réflexion poignante sur l’identité et l’exclusion à une mise en scène d’une beauté brute. Yves H. maîtrise une narration épurée, parfaitement complémentaire au trait incisif et aux couleurs magistrales d’Hermann. Ensemble, ils signent une œuvre aussi tragique que fascinante, où le destin d’un homme seul contre tous se confond avec une lutte universelle pour le sens et la reconnaissance.