Quel est le point commun entre Shaun le mouton, James Bond incarné par Pierce Brosnan et l’ablum Different Class de Pulp ? 1995.

Tous ont incarné la pop culture britannique en 1995, année de la « battle of brit pop » entre Blur et Oasis qui sortent leur single le même jour, le 14 août 1995. Ces éléments de pop culture sont rassemblés dans le Brit Book par Hervé Bourhis chez Dargaud. Sorte d’inventaire d’histoire culturelle, forcément subjectif, le Brit Book est né en partie « grâce » au Covid. Hervé Bourhis nous explique que l’impossibilité de voyager pendant le confinement a donné naissance à une frustration créatrice ; pour s’occuper, il a listé tout ce qu’il aimait dans la culture du Royaume-Uni, depuis les groupes de musique aux séries en passant par les filmes ou les objets de la vie courante, bref une énumération de tout ce qui fait la brit culture.

La BD documentaire débute avec les sixties car, selon l’auteur « un agent secret sexy, un groupe de Liverpool et une mini (jupe et voiture) » font leur apparition à cette époque, donnant naissance peu à peu à la pop culture britannique. On peut évidemment confirmer qu’avec James Bond contre le Docteur No, le début de la Beatlemania, et la mini-jupe de Mary Quant, la culture britannique connaît effectivement un véritable bouleversement qui contraste avec les années d’après-guerre, marquées par une forme d’austérité qui se dissipe peu à peu au tournant des années 1950-60.

Puis le brit book s’organise en chapitres ou plutôt en décades : on passe des sixties aux seventies etc. jusqu’aux twenties. Le livre n’est pas numéroté : chaque année est constituée de deux double-pages, ce qui offre au lecteur la possibilité de « voyager » dans le temps, en allant d’une année à une autre. Ainsi, la lecture peut se faire chronologiquement ou bien le lecteurpeut se plonger directement dans la décennie qui l’inspire le plus  ; on imagine ainsi le lecteur chercher ses années lycée, l’année de ses 18 ans, l’année de sa première année de fac,.etc et redécouvrir des références culturelles qu’il connaît. Autant, cet ouvrage a un côté un peu nostalgique en parcourant les années, autant, on se prend à s’étonner en découvrant les années des sorties de certains tubes, films ou série et la concomitance de certains objets culturels.  L’ouvrage se termine par une playlist allant de 1963 à 2002 et incluant à la fois des chansons, des génériques de films, de série.

Parmi les références culturelles présentées, on apprécie non seulement la culture au sens large avec l’apparition du ZX Spectrum dès 1982 ou l’Amstrad 464 de 1984 mais aussi quelques éléments politiques ou européens (l’entrée dans la communauté, l’apparition de l’eurostar) et artisitiques (les premières apparitions de Banksy). On notera tout de même la prépondérance des éléments musicaux avec la présentation sur une seule page pour chaque année d’un album ou d’un EP avec détails des caractéristiques ( 33 tours, 45 tours, maxi 45 tours, CD, ou MP3, production, arrangements). C’est donc résolument un livre qui se lit et qui… s’écoute en même temps ! On ne peut que conseiller de lire le brit book à côté de la chaîne ou de son smartphone pour écouter les chansons aux quelles le livre faire écho. Cela n’est pas étonnant car Hervé Bourhis s’est fait connaître par l’excellente bande dessinée le Petit livre rock dès 2007, BD qui retrace l’histoire du rock depuis les années 1950.

Rendant hommage à la pop culture, Hervé Bourhis propose une BD documentaire mais avant tout, une BD plaisante et agréable à lire qui montre à quel point nous sommes sommes imprégnés de cette pop culture britannique (et ce malgré le Brexit!)