On a parfois la main heureuse lorsque l’on remue les strates des bacs des soldeurs. On déniche des pépites et cet ouvrage sur le photographe rouennais Burchell est de celles-là.
Charles Delaquaize dit Burchell, est né à Rouen le 10 décembre 1927. Sa mère, Marguerite Burchell, dont il prendra le nom de jeune fille comme nom d’artiste, était peintre et secrétaire de la Société des artistes indépendants normands. C’est durant la Seconde Guerre mondiale que Burchell se forme à la photographie. En 1945, il devient photographe professionnel et publie sa première photographie (une course cycliste) dans La Liberté Normande. Burchell va également contribuer à la Revue de Rouen entre 1947 et 1958, réalisant une trentaine de reportages pour cette revue.
Sur le plan artistique, Burchell est membre du « Groupe des 7 », réunion de photographes créée en 1951 et souhaitant expérimenter des projets photographiques à caractère artistique. Burchell était « attiré par la nuit » et il a réalisé de très beaux tirages nocturnes des rues de Rouen (l’ouvrage présente une sélection de douze de ces clichés entre les pages 134 et 141). Il a également volontairement photographié en contre-jour déclarant que « le contre-jour est le plus bel éclairage qui existe, mais c’est plus facile à rater qu’à réussir (p.53) ». Le photographe a, durant plusieurs années, pris des clichés de la place Saint-Marc depuis l’appartement qu’il a occupé la majeure partie de sa vie à Rouen, démarche qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre artiste à Rouen.
Mélomane, Burchell a joué de la trompette et du trombone et il a également multiplié les photos figurant des artistes de jazz dans la préfecture normande.
Il est surtout un très grand témoin de l’évolution de la vie rouennaise entre 1945 et la fin des années 50 . Ces clichés offrent de multiples points de vue sur les ruines de la ville, sa reconstruction, la vie quotidienne, les événements sportifs culturels et parfois politiques.
Les photographies de Burchell ont été rachetées par la ville de Rouen (elle constitue un ensemble de 12000 clichés sur film ou plaque de verre et près de 7000 tirages argentiques) et elles sont consultables en ligne sur le site de la bibliothèque de cette même ville : https://rnbi.rouen.fr.
Le travail de Burchell, au-delà de ses qualités artistique et patrimoniale, peut être un support appréciable pour une séquence consacrée à la France de l’après second conflit mondial.
Grégoire Masson