L’excellente revue Dada propose dans son numéro de septembre, une large présentation de l’œuvre de Tomi Ungerer.
Jean-Thomas Ungerer, dit Tomi, est né le 28 novembre 1931 à Strasbourg. A huit ans, il est confronté à la réalité de la guerre avec l’occupation allemande. Très tôt attiré par le dessin, il entre à l’école des arts décoratifs de Strasbourg. En 1956, il part pour les États-Unis et y publie, un an plus tard, son premier livre pour enfant (Les Mellops font de l’avion). Il travaille pour une école d’art et publie dans des revues ou quotidiens prestigieux comme Harper’s ou le New-York Times.
Son expérience américaine est également l’occasion d’une critique de la société étasunienne d’une grande causticité comme dans le livre The Party. Ungerer lutte contre le racisme et prend fait et cause contre la guerre du Vietnam en réalisant sa célèbre affiche Eat (figurant un Vietnamien contraint de manger une statue de la Liberté), ce qui lui vaut une arrestation en bonne et due forme par le FBI. En 1969, Ungerer voit son Fornicon très mal accueilli et ses livres sont retirés des bibliothèques publiques de États-Unis. Il choisit alors de vivre en Nouvelle-Écosse. En 1976, il part s’installer avec sa famille en Irlande. A soixante ans passés, il se voit distingué du prix Hans Christian Andersen (le « Nobel » du livre jeunesse). En 2015, il revient à New-York pour y exposer des photomontages et il décède en 2019.
Ce très beau numéro de la revue permet de saisir les différentes facettes d’un artiste protéiforme qui, à cotés des extraordinaires et classiques Les trois Brigands, Le géant de Zeralda, Otto ou encore Émile, a œuvré dans différents domaines et pour un public transgénérationnel. Tomi Ungerer a ainsi réalisé de magnifiques esquisses de sa période canadienne, des affiches, a créé des jouets et a même investi le monde de l’architecture avec la Fontaine de Janus à Strasbourg ou encore en concevant une école en forme de chat à Wolfartsweier.
Une très belle occasion de se plonger dans l’univers d’un homme qui, lorsqu’on lui a demandé à quelle école artistique il se rattachait, a répondu avec malice : « à l’école buissonnière ».