Décembre 2006, quelle douceur, peu de neige, comment satisfaire les clients des stations qui arrivent? Pourquoi un tel déficit d’enneigement: situation exceptionnelle ou évolution durable. Le réchauffement climatique est-ce seulement une invention de journaliste, comme le dit une commerçante de station de ski. Un rapport de l’OCDE annonce la fermeture de la moitié des stations de ski d’ici 2050 si l’atmosphère continue à se réchauffer. Quelles réponses face à la mise en garde des scientifiques?

Le thème de ce film de 52′ : “juste des propos tenus par des individus qui sont aux premières loges du “grand chambardement”environnemental … et des images qui se passent de commentaires.”, si l’on lit le texte de présentation.

L’auteur, Gilles Perret a déjà réalisé des films sur l’univers montagnard, portraits de pisteurs, d’alpinistes mais aussi des documentaires plus économiques sur les Alpes comme « T.I.R.-toi du Mont Blanc » sur la traversée des Alpes par les transporteurs routiers mais aussi sur des thèmes plus globaux « 8 clos à Evian » sur la réunion du G8 à Evian et « Ma mondialisation » son troisième film présenté par notre collègue Gérard Buono.
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Mécano productions est une petite entreprise née en 1998 de la rencontre de professionnels de l’audiovisuel qui partageaient le même désir de nourrir par l’image la réflexion du public face aux évolutions du monde actuel. Elle édite de nombreux films de l’émission FR3 “Chroniques d’en haut” qui est à la montagne ce que Thalassa est au monde de la mer. Le catalogue est intéressant: http://www.mecanosprod.com/index.html) et nous annonce le prochain film de Jean Michel Rodrigo: “Coton versus migration”, suite de “La guerre des cotons” présenté par notre collègue Caroline Jouneau-Sion .
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Un DVD de 52′ construit autour d’un fil conducteur assuré par le journaliste Hervé Kempf, journaliste scientifique spécialiste sur les questions environnementales au journal Le Monde et proche de la mouvance altermondialiste. Le film présente une série d’interviews : agriculteurs, scientifiques, acteurs de l’économie touristique et élus en deux grandes parties : manque de neige en hiver et stations de ski / l’ été et les risques liés aux modifications sols de montagne.

On est au début de l’hiver 2006-2007, des ruraux évoquent la douceur nouvelle du temps, le maire des Gets apporte la réponse des stations: la neige de culture. Un premier moment décrit la situation dans les stations de ski: toujours plus de canons à neige pour satisfaire la clientèle et garder la carte postale d’une montagne immaculée même si se pose le problème de la disponibilité en eau pourtant également indispensable pour une population décuplée en période de fréquentation touristique.
Un rapide passage à Météo-France introduit la première intervention scientifique de Marie Antoinette Mélières, spécialiste de climatologie et géophysique de l’environnement à l’Université Joseph Fourier de Grenoble. Elle présente la réalité du réchauffement et sa conséquence: le moins d’enneigement aux altitudes basses. Face à cette situation, Les élus insistent sur la nécessité de répondre à la demande touristique des sports d’hiver: investissements techniques pour palier le manque de neige naturelle, avec l’exemple du Grand Bornand et le plus grand lac artificiel créé pour enneiger 60% du domaine skiable. La logique choisie est celle de l’adaptation technologique au réchauffement même si les solutions peuvent contribuer aussi aux causes: utiliser plus d’énergie qui contribue à plus de réchauffement comme le démontre l’exemple des Suisses qui posent des bâches sur leurs glaciers (15 sites aujourd’hui) pour éviter la fonte estivale.
L’interview de 2 saisonniers permet à Hervé Kempf de poser la question des conséquences économiques et sociales du phénomène. L’auteur met face à face deux réactions: la crainte du chômage technique des saisonniers qui envisagent pour la saison suivante de rechercher une station plus haut en altitude et peut-être moins soumise au manque de neige, deux commerçantes qui préfère nier la situation, “il y aura toujours de la neige comme quand nous étions enfants”.

Retour sur l’explication scientifique: constat chiffré de la baisse d’enneigement aux altitudes moyennes et des variations d’une année à l’autre qui perturbent la prise de conscience et évocation des variations climatiques à l’échelle des temps géologiques, des taches solaires et des causes anthropiques du phénomène: dommage que ce soit trop rapide pour une véritable compréhension.

L’été arrive et invite à poser la question: Et si cela conduisait à une plus forte fréquentation touristique estivale?
A Chamonix, cheminant en haute montagne sur les pas d’un guide, on constate le recul des glaciers mais aussi la modification des sols de montagne. Ce recul des glaciers est mis en perspective du début du XIXème siècle aux trente dernières années durant lesquels la fonte estivale a évolué parallèlement à la hausse moyenne des températures. Mais le phénomène peut-être le plus préoccupant est la fonte du permafrost d’altitude, c’est là un réel danger par la chute de blocs abordé par l’exemple des Drus. Le film présente, sur ce thème, les travaux de l’université de Savoie. Un élu chamoniard analyse les problèmes de gestion des risques: va-t-on vers une fermeture de la grotte de la mer de glace, haut lieu du tourisme de masse? et pose plus sérieusement la question des atteintes possibles aux infrastructures comme les pylônes de téléphériques.

Sur fond de circulation de marchandises à travers les Alpes, symbole d’une économie mondialisée productrice de gaz à effet de serre, Hervé Kempf conclue sur la nécessité d’une prise de conscience et d’un changement de mode de vie.

Un ton très, peut-être trop journalistique info FR3 région pour ce DVD. On y trouve à la fois des informations sur le réchauffement climatique dans les Alpes mais distillées au long du documentaire ce qui ne facilite pas la compréhension, les réactions d’habitants : ruraux, saisonniers, commerçants, guide de haute montagne, les positions de plusieurs élus face à ce défi et pour élargir le débat l’intervention d’un expert de l’OCDE. De belles images de montagne pour un documentaire un peu long pour une utilisation en classe; de courts passages à bien repérer (dommage qu’on ne trouve pas de navigation par chapitres) pourraient illustrer ou poser tel ou tel problème.

Pour compléter sur ce thème on pourra se reporter à de très nombreux sites web comme:
le journal de vulgarisation scientifique de l’Université Joseph Fourier :
http://www.ujf-grenoble.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1162998197014&LANGUE=0

Une synthèse de Marie Antoinette Mélières , réalisée dans le cadre du programme de recherche « Archives Passées du Climat et de l’Environnement dans les Alpes nord-occidentales » http://www.institut-montagne.org/fichiers_contenu/200706melieresmarieantoinette-1192721503.pdf
et plus généralement on pourra consulter le site de l’Institut de la Montagne de Chambéry : http://www.institut-montagne.org/
ou l’on trouve notamment une revue de presse utile sur tourisme alpin et réchauffement climatique : http://www.institut-montagne.org/fr/actualites/revue_presse.php?ID_page=196

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