Ohé la Science ! est une collection qui « plante les graines de la culture scientifique » en expliquant la science comme on raconte une histoire.

Après un volume sur les transports, cet ouvrage  nous emmène dans les îles pour nous parler de l’endémisme.

Les premières pages nous expliquent les origines diverses des îles : mouvements de l’écorce terrestre, bouts de continents qui se détachent, fonds des océans qui remontent, mouvement du niveau des mers, création par l’homme (lors du creusement du canal de Panama, les sommets des montagnes sont devenus des îles !). On y apprend par ailleurs que pas besoin d’eau pour parler d’îles ; en Amazonie, il existe des tepuis ou sky islands : des plateaux rocheux aux parois infranchissables qui abritent des millions d’espèces uniques.

A sa naissance, une île est parfois déserte mais pas pour longtemps. Des graines, des spores de champignons, des petits insectes sont amenés par les courants, le vent, les oiseaux… De petits animaux arrivent sur des radeaux de fortune… Trop d’animaux à un endroit, on part s’installer ailleurs. La vie se développe rapidement… Certaines espèces se reproduisent seules comme Dame gecko du Pacifique,  et par exemple un seul couple de surmulot peut avoir 20 millions de descendants en 3 ans si tous survivent !

 

Les animaux et les plantes qui vivent sur une île ont évolué jusqu’à devenir une espèce unique, ne ressemblant plus à leurs cousins du continent. Cette espèce unique est alors appelée endémique car elle ne vit qu’à un seul endroit, une seule île ou un seul archipel.

Au fil des pages, le lecteur suit un personnage à la longue barbe blanche, portant chapeau et redingote, observant la faune et la flore sur les îles : Charles Darwin !

« Chaque espèce s’adapte à son milieu et change au fil du temps. C’est la célèbre théorie de l’évolution de Charles Darwin .» A Komodo, le varan est devenu dragon car la nourriture y est abondante alors qu’à Madagascar le caméléon est devenu minuscule (29 mm) la nourriture étant rare. Certaines espèces changent physiquement, perdent l’utilité de leurs ailes, abandonnent épines pour les plantes car moins de prédateurs, changent de régime alimentaire selon les ressources du milieu.

L’ouvrage se termine par un complément d’informations sur le rôle des îles dans le développement de la théorie de l’évolution et l’endémisme grâce à Charles Darwin mais aussi à Alfred Russel Wallace qui faisait les mêmes découvertes à Bornéo et en Nouvelle Guinée au même moment.  Par la suite,  la biogéographie continue à étudier  la répartition des plantes et des animaux sur la Terre et à en expliquer les raisons.

L’isolement sur une île favorise certes l’apparition de nouvelles espèces mais les rend également fragiles vis-à-vis de l’homme qui peut y introduire des espèces concurrentes ou prédatrices et bouleverser complètement cet équilibre. L’homme tente de réparer les dégâts par des lois protectrices, par la création de réserves naturelles.

Un planisphère clôture l’ouvrage en situant des espèces endémiques emblématiques comme le koala, l’orang-outan, le dragon de Komodo …

L’auteur, Emmanuelle Grundmann, est biologiste, naturaliste et reporter animalière. Elle est spécialiste des grands singes et a réalisé sa thèse sur le comportement des orans – outangs. Ses sujets de prédilection sont les primates, la forêt et la biodiversité ainsi que les relations hommes – animaux, et le  trafic d’espèces sauvages. Elle est présidente d’honneur de l’Association Awely, qui cherche à diminuer les conflits entre les hommes et les animaux partout dans le monde.

Les textes ont donc une valeur scientifique ajoutée. Le vocabulaire est soutenu mais compréhensible par les jeunes lecteurs. Le style est léger, comme si on lisait une  histoire.

Les illustrations de Céline Manillier sont très agréables, fines et réalisées à l’aquarelle. Elles sont toutes en adéquation avec le texte, très souvent en pleine page.  Les couleurs sont brillantes et rendent vivants les paysages et les personnages.

Cet ouvrage bien construit est très intéressant à exploiter en classe en sciences, sur le thème du vivant, sa diversité et des fonctions qui le caractérisent. Il peut se présenter comme support à des exposés sur les animaux et le milieu où ils vivent.