« Celui qui cache son secret est maître de sa route. »
« La femme qui s’entend avec son mari fait tourner la lune entre ses doigts. »
« Le cousin Mokhtar, disait que les chaussures sont le reflet de l’âme des hommes. »
Fatima dont le nom signifie, petite chamelle sevrée, écoute sa mère prononcer ces adages ancestraux. Dans la casbah d’Alger la blanche, elle vit heureuse avec sa famille, Baba son père, ‘Umi sa mère et son petit frère Raïd. Ses préoccupations sont celles d’une enfant de 12 ans. Les manifestations des Français d’Algérie, les militaires fouillant les habitants, l’ambiance survoltée de la ville ne semblent pas perturber son quotidien. Et pourtant…
Le 11 décembre 1960, alors que Baba n’est pas rentré chez lui depuis plusieurs semaines, Fatima lâche la main de sa mère lors d’un mouvement de foule impressionnant. Tant de femmes manifestent dans la rue avec leurs enfants, suivant un appel du FLN.
« La Casbah était un long fleuve féminin. » Fatima a perdu sa mère et, des balcons, des hommes armés tirent sur le flot humain… La jeune fille devra quitter sa terre… pour ensuite la retrouver.
Christophe Léon connaît bien son affaire. L’écrivain tronque le récit de ce roman d’initiation afin d’aviver le suspens. Le destin de Fatima se dévoile par petites touches, avec un mouvement d’avant à l’arrière, ce qui pimente agréablement l’histoire, somme toute assez originale, de l’adolescente qui se souvient. Sur fond de décolonisation violente, le climat de l’Algérie comme de la métropole, le racisme ambiant et la condition féminine se dévoilent au cours des aventures d’une enfant déracinée. Certains événements, comme le dimanche noir, le 17 octobre 1961, sont suggestivement évoqués.
Cet ouvrage jeunesse est vraiment conseillé pour les élèves de 3ème qui étudient la guerre d’Algérie, même pour de « petits » lecteurs. Ce récit puissant ne manquera pas de les passionner.