Marcello Simonetta se penche sur la période de jeunesse et d’apprentissage politique de Catherine de Médicis de 1527 à 1559, soit avant les guerres de religion.

Un personnage historique controversé

Pour un protestant comme moi, se pencher sur Catherine de Médicis, c’est tout de suite penser à la Saint Barthélémy d’août 1572 et au meurtre de l’amiral de Coligny.  Une vraie découverte ce Marcello Simonetta à propos de Catherine de Médicis. Humain, attachant, drôle, passionné et captivant  lors de sa conférence aux RVH de Blois en octobre dernier

Une jeunesse difficile

Catherine a eu une jeunesse difficile que l’auteur fait commencer avec le sac de Rome par les mercenaires de Charles Quint en mai 1527. Catherine est orpheline et très isolée. Prisonnière dans un couvent de religieuses, sans protection, elle est à la merci de ses ennemis et risque d’être envoyée dans un bordel.

Le livre se compose de 9 parties qui correspondent aux 9 lettres du mot Catherine : Clémence 1527/1530; Amour 1531/1534; Trahison 1535/1537; Honneur 1538/1543; Erreur 1544/1546; Revanche en 1547; Infamie 1548/1551; Némésis 1552/1554; et Elimination de 1555 à 1559.

La Famille illustre des Médicis : une famille qui s’entretue !

C’est une saga familiale remplie de meurtres comme celui d’Hippolyte de Médicis à l’âge de 24 ans le 10/08 1535 par son cousin Alexandre; puis celui d’Alexandre de Médicis, à l’âge de 26 ans en avril 1536, par son cousin Lorenzino. Ce dernier sera assassiné à son tour, à Venise en février 1548.

Sans oublier Clément VII, le Pape dont le nom est Jules de Médicis, pape de 1523 à 1534; et Cosme de Médicis duc de Florence de 1537 à 1574.

La Famille héroïque des Sforzzi

Autre illustre famille,  les Sforzzi. L’auteur s’attache surtout au dangereux aventurier et corsaire Leone Strozzi qui meurt tué par une arquebuse en juin 1554 et au chevalier de Malte Pierro Strozzi, guerrier courageux qui meurt au siège de Thionville, le 20 Juin 1558. Son acte de bravoure : entrer dans Calais déguisé en messager, repérer les faiblesses des fortifications et réussir à prendre la ville en janvier 1558.

Mais il y a aussi Filippo Strozzi qui se suicide en s’égorgeant en prison le 18/12 1538… Dans une autodérision macabre, Filippo demande que l’on fasse du boudin de son sang pour assouvir l’énorme appétit du cardinal Cybo, son ennemi juré…

Un mari qui la trompe et la croit stérile.

Pendant 10 ans Catherine n’a pas d’enfant de son mariage en 1533. Puis elle aura 10 enfants : 5 filles et 5 garçons dont 3 Rois :  François II, Charles IX et Henri III de 1543 à 1556 ( les deux dernières jumelles ne survivront pas).

Le tournant de sa vie :  c’est le 31 mars 1547, quand son mari devient roi,  à la mort de François Ier. Elle a sa revanche sur la vie : à presque 28 ans, elle devient Reine de France. Son initiation politique commence alors pour 12 années de règne de son mari.

Mais c’est aussi un dur moment  de son existence, car Henri II passe tout son temps et donne tout son amour à Diane de Poitiers, sa favorite , qui le manipule et a 20 ans de plus que lui. À la mort d’Henri II, dans un accident de tournoi, le 10/07 1559, Catherine devient une veuve joyeuse et dès le 14/07 vire définitivement Diane de Poitiers de la Cour de France!

En bref, une femme patiente, endurcie et stoïque

Orpheline, prisonnière, ballottée dans les vengeances et vendettas familiales, mariée à un homme qui ne l’aime pas et qui l’humilie chaque jour, elle va survivre à deux de ses enfants devenus rois et vivre jusqu’à 70 ans en 1589. C’est un personnage coriace à défaut d’être attachante; pugnace à défaut d’être belle et obstinée à défaut d’être brillante.

Je vous conseille donc la lecture de cette biographie romancée de 225 pages qui se suit comme un thriller et qui va de rebondissement en rebondissement historique. Quelle fresque mouvementée que cette tranche de vie au XVIe siècle au milieu des meurtres, des guerres en Italie et de la grande rivalité entre François Ier et Charles Quint. Bonne lecture à tous !

Marc DE VELDER