Dans cette nouvelle BD, Bouchard retrace la vie d’un personnage emblématique de l’histoire du Dauphiné et des guerres de religion : François de Bonne, né en 1543 à Saint-Bonnet dans le Champsaur, actuellement département des Hautes-Alpes et mort à Valence en 1626, seigneur puis duc de Lesdiguières en 1611, comte de Pont-de-Veyle, seigneur du Glaizil, maréchal de France et dernier connétable de France.
L’auteur a une formation d’historien. il a déjà publié d’autres BD historiques, notamment sur l’histoire de Lyon, de Chambéry, de la Savoie, la Haute-Savoie, l’Isère, de Champollion. Il est aussi le dessinateur au côté du scénariste Jacques Martin de la série des Voyages d’Alix.

 

Le choix narratif peut surprendre : le dialogue entre François de Bonne et le diable, le jour de sa mort, introduit la biographie de ce fils de notaire du Champsaur qui fut chef militaire des Huguenots en révolte avant d’abjurer et de rejoindre la couronne de France.

Ce récit de vie permet de montrer le développement des idées réformées qui trouvent un écho chez ce jeune dauphinois ambitieux mais désargenté, qui s’engage au service armé du baron de Gordes. Après le massacre de Wassy (Haute-Marne), il se range du côté des protestants et participent rapidement aux luttes politico-religieuses. Il s’illustre tant par sa valeur militaire, sa ruse, que son manque d’humanité. On le suit au plus près de ses aventures, de ses déplacements et de son ascension sociale, décrits avec détails par le texte comme par le dessin.

L’auteur dispose d’une solide documentation, notamment en ce qui concerne les différentes citadelles construites au temps de Lesdiguières. La représentation par exemple du fort Barraux est conforme au plan d’Ercole NegroLe fort Barraux (Isère) est construit en 1597 par l’ingénieur italien Ercole Negro pour le duc de Savoie Charles-Emmanuel Iuper, véritable provocation face à Henri IV puisqu’il est situé sur le territoire du royaume de France. Il est pris par Lesdiguières dès 1598. On remarquera que le plan général évoque déjà ce qui deviendra le système Vauban. et non à l’actuelle fortification reprise un siècle plus tard par Vauban.

Si l’histoire de François de Bonne suit la « grande » histoire, l’auteur n’oublie pas des aspects plus intimes : mariages, naissance de son fils et crainte de la mort.

Une BD qui permet au lecteur de découvrir une période complexe de notre histoire.

—-
Christiane Peyronnard, pour Les Clionautes©