Cet album résulte du désir de prolonger une exposition présentée à Mulhouse en 2017 : « De l’immigré au chibani ». Le projet a été de solliciter un certain nombre de dessinateurs « l’un des aspects du travail historique élaboré dans le cadre du recueil de mémoire des Chibanis » (p. 2). Une pleine page leur a été offerte, les illustrations ayant été réalisées en partenariat avec le festival Bédéciné organisé à Illzach (p. 50).
L’album se structure ainsi en un propos qui aborde différents aspects destinés à mieux faire percevoir ce qu’a été le destin des immigrés d’Afrique du Nord. Les auteurs traitent ainsi des qualificatifs qui leur ont été appliqués, ou que les intéressés ont choisi pour eux-mêmes (p. 8). Sont abordés les motifs de leur départ en métropole, les conditions de vie dans les colonies (p. 10 à 17). La part que certains d’entre eux ont pris dans l’effort de guerre de la France n’est pas oubliée (p. 18). Les auteurs analysent également les conditions d’accueil, les phases migratoires (p. 20) : l’immigration des années trente n’a pas le même caractère que dans les années soixante-dix. On en apprend davantage sur les conditions de vie et de travail en métropole, les engagements politiques et syndicaux. Est posée la question du retour et de l’acheminement de la famille, mais aussi celle de la retraite. Si la situation des Chibanis a évalué dans l’opinion publique, c’est en raison de l’obligation administrative qui leur est faire de résider pendant un temps minimal en France pour bénéficier de leurs droits, ce qui oblige à des allers-et-retours.
Les thèmes abordés dans l’album sont multiples, et permettent de rétablir les Chibanis dans l’imaginaire collectif, comme partie de la société française depuis des décennies. On comprend qu’au-delà de la reconnaissance qui leur est due, c’est aussi la question des migrations en général qui est posée, et notamment celle des réfugiés et de la réalité de la solidarité dans ce pays.
L’album trouvera donc toute sa place dans les thèmes abordés aussi bien en géographie qu’en éducation civique.
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Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes