Faire tenir toute l’histoire de l’humanité sur une seule et même frise, voici l’ambition de cette chronologie universelle. Pour autant, un tel pari peut-il être tenu ? Peut-on raconter toute l’histoire des hommes dans un seul ouvrage ? C’est ce que nous verrons dans les lignes qui suivent.

 Un voyage à travers le temps et l’espace

Durant les 320 pages de cet ouvrage, nous parcourons le monde depuis – 4 millions d’années avec la domination des australopithèques jusqu’en 2021. Il est intéressant de constater que l’organisation de l’ouvrage, sommairement présentée sur la double page portant le même nom, ne reprend pas les périodes historiques « canoniques » très largement remises en cause dans la recherche historique actuelle. La première rupture permettant le passage à une nouvelle période intervient par exemple en -200. Cependant, la logique du passage d’une partie à l’autre n’est pas toujours explicite.

Bien évidemment, il a fallu faire des choix dans les événements retenus. Cependant, l’un des grands intérêts de cet ouvrage est qu’il s’agit d’une véritable histoire « universelle ». En ne se limitant pas aux seuls objets d’étude classiques (comme l’Europe occidentale et la constitution des différents empires coloniaux pour le XVIe siècle par exemple), l’ouvrage s’inscrit véritablement dans la continuité du courant historiographique de l’histoire globale. La Chine, le Japon, l’Asie du sud-est ou encore les empires africains ne sont pas oubliés sur cette période.

Une frise chronologique longue de… 300 pages

Comme annoncé, l’ensemble de l’ouvrage est centré sur une frise chronologie qui traverse chaque page en son centre et autour de laquelle sont organisés les différents événements. Cette frise est très sobre : elle forme un trait continu qui varie de couleur selon la période.

Les événements organisés autour de cette frise sont souvent illustrés et accompagnés d’un petit texte explicatif. Ces textes sont volontairement courts et si l’on souhaite en savoir plus sur chaque événement, d’autres lectures seront nécessaires. Ces textes ont cependant le mérite d’être clairs. Il est cependant nécessaire de préciser que certains faits présentés comme admis sont encore considérés comme des hypothèses au sein de la recherche historique. Ainsi, la principale cause de la sédentarisation des hommes au Néolithique est attribuée dans cet ouvrage au réchauffement climatique, alors qu’il s’agit d’une thèse parmi d’autres, largement débattue.

La présentation des différents événements de la frise est claire le plus souvent. Parfois l’agencement rend la lecture chronologique un peu plus difficile, mais cela demeure rare. Par contre, cela contribue à l’esthétique de l’ouvrage, très agréable à lire.

Enfin, certaines thématiques spécialisées sont parfois développés sous forme de « sous-frises » (comme, par exemple, la chronologie des ordinateurs) ou dans des doubles pages spéciales (parmi tant d’autres, celle consacrée à l’ingénierie et l’architecture romaines). Sans gêner la lecture, ces ajouts apportent aussi d’autres informations particulièrement intéressantes.

 

Cette chronologie universelle est donc avant tout un « beau livre », qui, sans entrer dans le détail des différents événements, nous rappelle cependant que l’histoire de l’homme est véritablement mondiale et que chaque civilisation a connu des moments marquants. En ce sens, c’est un ouvrage utile pour sortir d’une histoire européano-centrée et s’ouvrir sur d’autres civilisations dont l’héritage nous est souvent méconnu.