Comment, en Occident, un rapport singulier – incluant une violence certaine – à l’environnement naturel a-t-il pu émerger ? Vingt contributions d’anthropologues, d’historiens ou encore de philosophes y répondent, en interrogeant l’idée de nature dans sa diversité spatio-temporelle. Plus globalement, le dossier plonge ses racines dans l’approche historique du système ontologique de Philippe Descola (Par-delà Nature et Culture, 2005).

Préfacé par Jean-Claude Schmitt, cet ouvrage paru aux Presses universitaires de Rennes, exigeantes et audacieuses, est dirigé par les historiens Jérôme Lamy (historien et sociologue des sciences, U. de Toulouse) et Romain Roy (historien de la Grèce antique, U. de Poitiers). Il est le fruit de deux colloques organisés en 2014-2015. Diversité est le maître mot pour circonscrire la teneur de ces 394 pages organisées en quatre parties : Qu’est-ce que l’anthropologie historique de la nature ? – L’autre nature – Politiques de la nature – La relation aux existants. Diversité géographique, avec une focalisation sur la nature de l’Autre, en dehors de l’Occident. Mais aussi diversité liée au temps long des politiques de la nature – de la société de cours à l’anthropisation du littoral pacifique américain (E Devienne), en passant par le nazisme vecteur de renaissance et de dénaturation (J Chapoutot) – , qui révèle ce que l’on entend aujourd’hui par nature, vocable porteur de tant d’enjeux en ce début de troisième millénaire. Ces pages sont donc le signe de la participation des chercheurs en sciences sociales et historiques à la table du débat public. Un panorama qui vient potentiellement éclairer la décision politique.

Articulations et représentations

La formidable articulation des relations entre les êtres et les choses est déployée dans de nombreuses contributions, à l’instar de celle de Grégory Quénet qui dévoile dans  »Les trois écologies de Versailles »,  les multiples arrangements entre nature, pratiques humaines et symboliques du pouvoir dans l’écologie du château de Versailles à l’époque moderne. Diversité encore. Enfin, la question des représentations (les rituels et les jalons symboliques) de la nature offre un mille-feuilles de lectures interprétées de façons très différentes selon les époques.

In fine, ce recueil éclaire la nature, notion tour à tour floue et polysémique. Il sera d’un grand secours pour les collègues qui ont en charge la spécialité HGGSP en terminale, où le thème de l’environnement mobilise environ quatre semaines. Dans cette optique, l’idée de proposer la rédaction de fiches de lecture sur certaines contributions, telles celle d’Alexis Vrignon à propos du tournant écologiste des années 1970 et celle d’Elsa Devienne à propos de l’invention de la plage moderne à Los Angeles, entre protection et exploitation du littoral, semble aller de soi.

La présentation de l’éditeur :

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4784