Second volet de l’histoire de la plus célèbre des reines d’Égypte. Cléopâtre a conquis le coeur de Marc Antoine, celui de Jules César et celui du peuple égyptien en régnant sans partage sur la fertile Égypte.
La belle Cléopâtre pousse Jules César à faire respecter le testament de son aïeul Ptolémée XII qui souhaitait qu’elle règne avec son frère sur le trône d’Égypte. Évidemment son pharaon de frère ne voit pas cela d’un bon œil et tente de s’en prendre à elle. Le torchon brûle et la guerre s’engage entre les deux hommes, entraînant dans son sillage, mort et destruction ».
Cette BD est le deuxième volume d’une tétralogie consacrée à Cléopâtre VII Philopator (69-30 avant notre ère) qui régna sur l’Egypte entre 51 et 30. Tétralogie semble un terme plus adéquat que le néologisme quadrilogie, tant son sens grec, à savoir « ensemble de tragédies », mélangeant drame et satyre, reflète le parcours de cette femme, à la destinée et à la postérité inégalables. Elle trouve donc parfaitement sa place dans la collection « Les reines de sang » démarrée par Delcourt en 2012 et qui s’est déjà arrêtée sur les destins mouvementés d’Aliénor d’Aquitaine ou de Catherine de Médicis.
La tétralogie est entre les mains, pour le scénario, de Thierry et Marie Gloris. Diplômés en histoire et mariés, ils ont déjà collaboré dans cette collection des reines de sang sur les deux tomes consacrés à Isabelle de France. Thierry Gloris est un peu plus habitué que sa femme à l’univers de la bande dessinée, puisqu’il a déjà écrit aux Editions Spirou, chez Soleil (série Malgré nous avec Marie Terray) et Delcourt (Le Codex Angélique). Pour le dessin, ils sont accompagnés par Joël Mouclier, également illustrateur, qui a travaillé sur la série Les remparts d’écume ou Dragons.
Ce deuxième volume s’inscrit dans la lignée scénaristique, graphique et temporelle du premier. Cet ouvrage est divisé en trois grandes périodes qui s’étalent entre 48 et 45. Tout d’abord, les auteurs s’attardent sur la lutte de pouvoir, toujours aussi violente et acharnée, entre Cléopâtre et son frère Ptolémée XIII. Cette période voit l’entrée dans le giron de Cléopâtre de Marc Antoine.
S’ensuit une découverte de la relation entre Cléopâtre et Jules César, période qui voit le conquérant romain se détourner des affaires de l’Urbs et partir à la découverte de son amante et des richesses de son pays. C’est aussi le moment où Cléopâtre tombe enceinte du futur Césarion.
Enfin, le dernier temps de ce volume est consacré au retour et au triomphe de César à Rome (avec la mort de Vercingétorix, glissée au passage, Gaulois que nous sommes) et à l’arrivée dans la capitale de l’Empire de Cléopâtre et de son nouveau-né.
Ces trois temps permettent aux auteurs de nous plonger plus profondément dans le jeu politique, d’abord égyptien, mais surtout romain. Cléopâtre, à la différence du premier tome, semble moins maîtresse de son destin, même si elle joue, à multiples reprises, de ses atouts intellectuels et physiques pour arriver à ses fins. En effet, nous nous rendons compte, avec elle, qu’elle n’est pas, à Rome, cette figure divine et incarnatrice qu’elle est en Egypte. Reléguée au second rang, traitée avec mépris par une partie de la classe patricienne, c’est une Cléopâtre quelque peu désabusée et parfois même humiliée qui transparaît.
Ces patriciens sont des acteurs non négligeables de ce volume: leurs intrigues de palais, leurs menaces à peine voilées contre César, les réactions de ce dernier face à cela sont autant de signes décodés et analysés par une Cléopâtre, dépeinte comme une femme intelligente, cultivée mais aussi animal politique.
Pour conclure, les auteurs nous proposent un deuxième volume toujours aussi riche et pertinent que le premier. Cette première moitié de tétralogie est une vraie réussite, à l’image de cette collection des Reines de sang extrêmement qualitative.