Louise Ferté et Anne Claire Husser, toutes les deux philosophes de l’éducation la première à l’ESPE de Lille et la seconde à l’ESPE de Lyon, ont dirigé cet ouvrage qui est le prolongement d’une journée d’étude des contributeurs, en 2013, à l’ENS de Lyon.
La modernité pédagogique est annoncée dans l’introduction comme la nécessaire redéfinition pédagogique pour penser une école de masse à la suite de la Révolution Française au tout au long du XIXe siècle.
Ce petit livre (163 pages) est divisé en deux parties : la première insiste sur les circulations des idées et les appropriations des modèles. Alexandre Fontaine démontre la circulation et les métamorphoses des manuels d’éducation civique entre la France et la Suisse. Jean Charles Buttier analyse à la vision de Pestalozzi par Jean Guillaume et comment ce dernier a fixé une image qui ne prend pas en compte chez Pestalozzi les liens nécessaires entre modernité politique et pédagogique. Pour conclure cette partie, Iona Fillion-Quibel présente comment Michelet a proposé une lecture de Comenius pour promouvoir son idéal d’éducation populaire et moderne.
Dans la deuxième partie est abordé le problème de la modernité pédagogique et la philosophie de l’histoire des institutions. Jean François Goubet expose les idées de Paulsen dans son combat pour la modernisation du lycée allemand et son combat contre le poids excessif du grec et du latin dans le cursus académique au XIXe siècle. Il termine en montrant l’appropriation partielle des idées de Paulsen en France. Puis, Anne Claire Husser analyse « L’évolution pédagogique en France » de Durkheim. Replacé dans son contexte, le texte de Durkheim insiste sur la nécessité de la culture historique pour comprendre « l’homme dans sa complexité » et de la longue durée des réformes non abouties pour comprendre les problèmes que la modernité pose à l’école. Louise Ferté étudie l’idée de liberté de conscience chez Quinet. Pour ce dernier l’école moderne ne peut être que laïque, où la liberté religieuse et politique doivent s’auto instituer afin de pouvoir sortir de la servitude volontaire.
Enfin, Frédéric Mole présente les différences d’appropriation entre libertaires, socialistes révolutionnaires et radicaux socialiste du principe d’éducation intégrale.