C’est un ouvrage de référence de Suzanne Borel-Maisonny qui est publié à nouveau aujourd’hui. Manuel pour de nombreux étudiants en orthophonie, il a été édité régulièrement de 1960 à 1985 chez Delachaux & Niestlé. Il s’organise en quatre parties : lecture, orthographe, écriture et calcul.

Une pionnière de l’orthophonie

Suzanne Borel-Maisonny est née en 1900 à Paris et est connue comme l’une des fondatrices de l’orthophonie en France. Elle a été à l’origine d’une méthode qui porte son nom et qui vise à l’apprentissage des sons par des associations avec des gestes. Elle a suivi une formation en grammaire et en phonétique et a notamment été l’élève de Jean-Pierre Rousselot, l’un des fondateurs de la phonétique expérimentale. Elle s’intéressa dès 1926 à l’observation de la parole chez les enfants opérés (de divisions palatines et de becs de lièvre) et à leur rééducation. Elle s’intéressa ensuite à la parole et au langage en général et mena des recherches sur l’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et sur la rééducation des dyslexies et dysorthographies dès 1946. Elle fut également la fondatrice d’associations, de centres, de revues et de syndicats d’orthophonie et notamment du Syndicat National des Orthophonistes qui est aujourd’hui connu sous le nom de la Fédération nationale des orthophonistes.

Un ouvrage de référence

Suzanne Borel-Maisonny a donc publié pendant 60 ans plus de 250 contributions sur la parole et sa rééducation. On comprendra dès lors que certains termes pourront paraître datés car le livre est republié à l’identique. Il n’est plus d’usage, par exemple, d’employer le terme d’ « arriérés » pour décrire des enfants présentant un handicap intellectuel. Son ouvrage est destiné aux enseignants, aux orthophonistes et aux rééducateurs et propose des méthodes pour les apprentissages de la lecture, de l’orthographe, de l’écriture et du calcul. Grâce à ses nombreuses observations, l’orthophoniste évoque les difficultés possibles des élèves et propose une méthode pour les aider.

Un manuel très détaillé

On trouve par exemple pour la lecture les leçons détaillées à appliquer pour suivre et aider l’enfant dans son apprentissage. Suzanne Borel-Maisonny référence les éventuelles confusions que l’élève peut commettre avec des méthodes pour les lui faire éviter. Ce schéma est également repris dans la partie consacrée à l’orthographe et on y trouve en plus des dessins qui peuvent permettrent aux écoliers de mieux comprendre des idées (par exemple que le pronom « elles » ne s’utilise que pour des filles ou alors pour illustrer la notion de remplacement d’un nom par un pronom). On trouve dans chaque partie des exemples tirés des observations de Suzanne Borel-Maisonny. C’est le cas par exemple dans la partie consacrée à la lecture, où on nous montre la graphie d’un enfant ayant des troubles de structuration. Cette partie évoque également les méthodes pour faire acquérir aux élèves une bonne graphie des lettres, qui passe notamment par la manière dont ils doivent s’installer à une table et installer leur feuille.

La dernière partie est consacrée aux élèves dysarithmétiques et à leur apprentissage de la notion de nombre et des rudiments du calcul. Après une introduction sur le travail intellectuel nécéssaire à l’assimilation du calcul, l’orthophoniste propose encore une fois une méthode d’enseignement ainsi que des exercices destinés aux enfants ayant des difficultés avec ces notions.

Cet ouvrage, intéressant et très complet, s’adresse aux personnes ayant un minimum de connaissances sur les troubles DYS et qui y sont confrontés de par leur entourage ou leur métier. Il fut pionnier dans la réflexion et dans les connaissances et reste utile à relire, sans négliger aujourd’hui l’apport des neurosciences.

© Jean-Pierre Costille avec l’aide de Clara