Un livre pour la balade qui tient dans la poche
Pour cela l’auteur a une méthode, à savoir poser quelques éléments considérés comme fondamentaux en architecture puis décortiquer en quelque sorte les bâtiments, morceaux par morceaux. Le tout est agrémenté de 640 illustrations. Il s’agit soit d’endroits précis, soit d’un dessin permettant de comprendre une définition. Le procédé est donc pratique mais la taille et l’absence de couleurs sont tout de même un peu génantes. On le constate par exemple page 25 quand l’auteur souligne l’importance des couleurs en Grèce ancienne par un dessin bicolore gris et blanc ! Un index et un glossaire complètent le tout avec une introduction à chaque sous-partie de l’ensemble. Parmi les points abordés, il y a donc les types d’édifices, les colonnes, les arcs, les tours ou encore les portes.
De la comparaison et du rapprochement avant tout
Pour accompagner le lecteur, un texte rapide et une présentation en double page permettent de focaliser sur un monument ou un lieu précis à gauche, et d’envisager quatre aspects complémentaires sur la page de droite. Ainsi les clochers sont présentés globalement dans leur définition puis la page de droite se consacre à quatre exemples dont le beffroi et le campanile. L’approche s’appuie certes sur la chronologie, mais vise clairement à la dépasser comme en témoigne les choix de rapprochement faits. Par exemple, pour les matériaux des sols, le choix de vignettes s’étend du Moyen Age au carrelage moderne des sanitaires ! Cette approche peut déconcerter, mais s’inscrit bien dans l’esprit du projet.
Abat-son, spolia et autres bucranes
Beaucoup de termes sont connus et un rapide dessin permet pour quelques-uns de se les remettre en tête. En revanche, on pourra apprendre aussi, ça et là, des termes ou des informations sur les emplois de tel ou tel matériau. Au niveau des toitures par exemple, « la possibilité de recouvrir les toits d’une pellicule de plomb eut d’importantes répercussions sur l’architecture gothique , les couvertures de plomb favorisant le ruissellement de l’eau de pluie, elles permirent de construire des toits beaucoup plus plats ». On découvrira peut-être ce qu’étaient les spolia. Il s’agissait des éléments provenant d’une ruine antique. Quant aux virevents, ce sont des planches de bois disposées le long de la bordure du toit pour protéger les extrémités des chevrons. Les bucranes enfin correspondent à des représentations de crânes de bœufs entourées de guirlandes de fleurs et très en vogue à la Renaissance.
Escaliers, cheminées, fenêtres : le goût du détail
Ces éléments sont parfois délaissés dans d’autres ouvrages, mais trouvent ici une place importante. Une quinzaine de pages sont ainsi consacrées à chacun d’eux avec davantage de place quand même pour les fenêtres. Dans chacun des éléments étudiés, l’auteur réinsère la chronologie car c’est un fil conducteur tout de même nécessaire, mais cela se fait finalement de façon légère et non de façon imposante et définitive. L’escalier donne à l’auteur l’occasion de varier les échelles, car sur une même page, on retrouve à la fois un détail de rampe, un escalier et un plan faisant apparaître la disposition des escaliers de service. Les fenêtres n’auront également plus de secret pour ceux qui le souhaitent.
Au total, on peut noter que le procédé qui vise à découper le bâtiment en de multiples morceaux permet de briser un peu les cadres habituels où l’on surimpose d’abord le nom d’un style et d’une période avant d’en examiner les éléments. Le livre parvient-il finalement à son but, c’est-à-dire nous rendre capable d’identifier des éléments pour reconnaître des styles ? Quelques propositions non identifiées auraient pu agréablement conclure l’ouvrage comme une sorte de test grandeur nature. Ouvrage de poche, il peut donc s’avérer utile à tout ceux qui veulent réussir à mettre des mots sur des réalisations.
© Jean-Pierre Costille