Maison d’édition fidèle aux publications liées aux concours de l’enseignement, Armand Colin a publié ce nouvel ouvrage traitant de la question au programme « Culture, médias, pouvoirs aux Etats-Unis et en Europe occidentale, 1945-1991 ». Une question d’histoire commune aux candidats du CAPES-CAFEP et de l’agrégation d’histoire.

Cet ouvrage réunit, à travers plusieurs plumes, des perspectives chrono-thématiques, des approches nationales et comparées. Le but est de permettre au lecteur de comprendre les interactions entre culture et médias, culture et pouvoirs, médias et pouvoirs. Le choix de la période n’est pas anodin. Cette période est marquée par la « bataille culturelle » suscitée par la Guerre froide ; mais également par l’influence du modèle américain en Europe occidentale, les grands mouvements protestataires qui ont lieu de part et d’autre de l’Atlantique. On étudie ici une société transformée, entraînée par la prospérité, mais aussi le choc culturel provoqué par différentes crises : économiques, sociales, idéologiques.

Cet ouvrage collectif montre combien ce demi-siècle d’histoire bouleverse aux Etats-Unis et en Europe occidentale les représentations collectives. C’est une évolution au coeur des sociétés dont il est principalement question.

 

Dès l’introduction, écrite par les directeurs de l’ouvrage Christian Delporte et Caroline Moine, une mine d’informations est mise à la disposition des candidats : références culturelles, historiques, historiographiques. Sont aussi traitées les définitions des termes de la question, de quoi éviter aux candidats de perdre du temps à chercher dans les différents (et nombreux) chapitres du livre ces définitions.

 

L’ouvrage est divisé en 3 parties :

– Le temps des idéologies et des engagements

– Le temps des contestations et des crises

– Le temps de la démocratisation, de la consommation de masse, de la mondialisation

 

Dans la première partie, 3 chapitres sont traités:

  • Après-guerre : héritages, refondations

Ici sont traités la place des minorités aux Etats-Unis : les femmes travailleuses, les Noirs, les Japonais et les Hispaniques. Mais aussi la pluralité des cultures médiatiques qui explosent après 1945.

Ensuite, il est question du Royaume-Uni : sa politique culturelle d’après-guerre.

Puis, la France est traitée sous l’angle de ses limites en terme de révolution culturelle. L’épuration d’après guerre, la démocratisation de l’information et de la culture sont traités.

Vient alors le temps de la dénazification culturelle de l’Allemagne de l’Ouest et de Berlin.

Enfin, les voies du renouveau culturel italien sont traitées. L’épuration, la continuité du fascisme, le renouveau à travers la littérature et le cinéma néo-réaliste.

Un point est effectué sur « la propagande médiatique en faveur du Plan Marshall ».

2 caricatures permettent de traiter de « France-Allemagne, la puissance des stéréotypes après-guerre » rompant alors avec les textes. Toutefois elles sont expliquées longuement ce qui permet aux candidats d’avoir un exemple assez riche pour parler des dessins de presse.

  • Culture et Guerre froide : communisme, neutralisme, idée européenne

Dans un premier temps il s’agit de voir l’influence prégnante de l’imaginaire communiste en France. Ensuite, l’influence communiste en Italie, qui est puissante mais non hégémonique. Puis la Guerre froide dans le débat allemand. Enfin les idées communistes au Royaume-Uni sont minoritaires mais bien réelles.

 

  • Culture et Guerre froide : la défense du « monde libre »

Tout d’abord il s’agit d’étudier « la vitrine de l’American Way of Life » puis la patrie anticommuniste que sont les Etats-Unis ; ensuite la RFA comme étant une pointe avancée du « monde libre » ; le déploiement de la propagande anticommuniste au Royaume-Uni ; l’anticommunisme, l’antitotalitarisme et l’influence américaine en France. Enfin, « catholiques et libéraux, pôles de résistance au communisme en Italie ».

 

Dans la deuxième partie, 5 chapitres sont traités:

  • Guerres et conflits : représentations, médiatisation, constructions mémorielles

Ici sont traités les thèmes suivants : la mémoire du fascisme et de la guerre en Italie ; le passé nazi et l’impact de la Guerre froide en RFA ; les imaginaires de guerre français ; De la Corée au Vietnam, des mots en images ; l’Irlande du Nord et la guerre des Malouines : les contraintes du pouvoir.

  • Les Sixties. Jeunes, culture et contre-culture

Dans ce chapitre, les thèmes suivants sont traités : l’Angleterre des Sixties ; l’Amérique des contestations et de l’effervescence culturelle ; Dans l’Allemagne du miracle économique ; la vague de la jeunesse en France ; Cultures « jeunes » italiennes.

  • Le moment « 1968 »

Au sommaire : la révolte anti-autoritaire et utilisation subversive des médias en RFA ; le bouillonnement du Mai français ; la culture du « mai rampant » italien ; le Mai anglais ; l’esprit 68 américain : du Summer of Love à Easy Rider.

  • Effet de souffle : féminisme, minorités, nouvelles cultures

Au programme de ce chapitre : la RFA entre initiatives citoyennes et terrorisme ; « révolutions » des années 1970 en France ; l’ombre portée de 1968 sur l’Italie ; « minorités » et contre-culture : the long Sixties aux EU ; l’Angleterre des Sex Pistols.

  • La fin des idéologies ?

Y sont traités les sujets suivants : America is back, le retour du conservatisme aux EU ; le thatchérisme un libéralisme ; la RFA peurs tensions (ré)unification ; la France en crise et crise des idées ; le paradoxe italien et ses limites.

 

Dans la troisième partie, 4 chapitres sont traités:

  • Pouvoirs et culture

Le sommaire : la politique culturelle en France ; la politique culturelle allemande face au défi fédéral ; la frilosité de la politique culturelle britannique ; la culture italienne phagocytée par la Démocratie chrétienne ; EU: philanthropie et interventions ciblées de l’Etat.

  • Pouvoirs et médias

Les médias français : moins de pression politique, plus de pression économique ; EU : la liberté et le profit ; les médias britanniques entre indépendance et marché ; RFA les médias garants de la démocratie ? ; la dérégulation de l’audiovisuel en Italie.

  • Médias et transformation des imaginaires politiques

5 parties dans ce chapitre : les médias américains, soumis à la communication présidentielle ? ; médias et communication politique : le laboratoire britannique ; France : le rôle croissant de la tv en politique ; la « République de Bonn » au prisme des médias : entre sobriété et modernisation ; Italie : la marche vers la suprématie de la tv.

  • Culture audiovisuelle : vers la globalisation culturelle ?

Ce chapitre traite de : l’hégémonie culturelle américaine ? ; la culture audiovisuelle britannique : singularité et impérialisme culturel ; l’audiovisuel français à l’épreuve de l’audience et de la concurrence culturel ; la culture télévisuelle et diversité culturelle en Italie ; intégration internationale unification allemande et globalisation culturelle.

 

En fin d’ouvrage, pas de conclusion générale. Seulement une bibliographie complémentaire qui est très bien réalisée : dictionnaires, historiographie, enjeux, études comparées et croisées de la question, histoire culturelle et histoire des médias.

Seul reproche que l’on puisse faire à cet ouvrage : ne pas traiter de toute l’Europe occidentale. Quid des pays scandinaves, de l’Irlande (peu traitée), de l’Espagne et du Portugal, du Benelux, de la Suisse… ?

Aux candidats de mener leurs recherches !