Des statues de Lénine en Ukraine à celle de Joséphine de Beauharnais en Martinique, des noms de rues en Algérie ou à Vichy au mémorial de Valle de Los Caidos en Espagne, en passant par les monuments coloniaux en Namibie ou les différentes périodes révolutionnaires en France, cet ouvrage collectif rassemble près de cinquante « spécialistes des dynamiques mémorielles » ainsi que les présentent les deux directrices de l’ouvrage : Sarah Gensburger Professeur en sciences sociales au CNRS elle est actuellement présidente de l’Association internationale des études sur la mémoire, qui rassemble 2 000 chercheurs du monde entier. En 2017, avec S. Lefranc, elle a publié À quoi servent les politiques de mémoire ? (Presses de Sciences Po, 2017) et Qui pose les questions mémorielles ? (CNRS Éditions, 2023). et Jenny WüstenbergProfesseur d’histoire et d’études de la mémoire à l’université de Nottingham Trent et directrice du Centre for Public History, Heritage and Memory. Elle est l’auteur de Civil Society and Memory in Postwar Germany (Cambridge UP 2017) et Handbook of Memory Activism (co-direction, Routledge, 2023).

Le livre offre de ce fait un panorama mondial du phénomène de «dé-commémoration» ; chaque contribution s’achève sur une bibliographie complète, certaines sont illustrées.

 

Sarah Gensburger et Jenny Wüstenberg viennent ainsi éclairer les réflexions actuelles sur les questions de commémorations et de mémoire qui font l’actualité et sont au coeur de nos programmes. Les directrices de l’ouvrage ont cependant pris soin de ne pas revenir sur les cas les plus connus, soulignant dans l’introduction que ces exemples « canoniques » selon leurs termes sous-tendent nombre de cas étudiés tant ils ont contribué à libérer la parole et mobiliser les populations. Cette lecture nous permet de mesurer combien la suppression de symboles publics n’est ni une pratique nouvelle, ni une singularité occidentale relevant de la cancel culture et du wokisme qui font aujourd’hui l’actualité. On peut cependant regretter qu’en guise de temps long, les contributions ne remontent qu’à la Révolution française et la 1ère République et ne mentionne pas les pratiques de damnatio memoriae qui ont pu avoir cours dans l’Antiquité, à Rome ou encore en Egypte, ou au Moyen-âge.

Le livre est organisé selon un plan thématique mettant en avant les principaux enjeux de ces déboulonnages :

  • Dé-commémoration et changement de régime ;
  • Dé-commémoration et transformations sociales ;
  • Dé-commémoration comme facteur de changement ;
  • Dé-commémoration comme écran de fumée ;
  • Dé-commémoration, un défi pour la mémoire.

On le voit il s’agit d’un ouvrage particulièrement intéressant et utile pour la préparation de nos cours en HGGSP comme en tronc commun ou EMC. Facile d’accès, il peut également être diffusé via les CDI aux élèves qui souhaiteront travailler sur cette question dans le cadre du Grand Oral.