L’ouverture du sommet de Copenhague ce 7 décembre 2009 a suscité, on s’en doute, de grands débats et surtout une multitude de publications. La compilation par notre partenaire Arte vidéo de plusieurs émissions de l’émission présentée par Jean-Christophe Victor vient à point nommé pour introduire une série de séquences dans la cadre du programme de seconde.

Les textes sont de Jean-Christophe Victor Frank Tétart Mathias Strobel
Les réalisateurs: Nain Jomier Frédéric Lemoud Natacha Nisic Didier Ozil Jean-Loïc Portion Frédéric Pamade Philippe Truffault
Les graphistes: Pierre-Jean Canac Anne Criou Frédéric Lernoud

Ce coffret est présenté sous forme de deux DVD qui sont traités par deux rédacteurs des Clionautes. Cette présentation est celle du deuxième DVD. Le sommaire de ce coffret est à la fin de l’article.
Même si la très complexe machine climatique est encore imparfaitement décryptée, « le mécanisme du réchauffement climatique est en cours. Cette publication sous forme de DVD permet de faire le point sur les enjeux de cette évolution dans laquelle certains pessimistes prévoient la fin de l’espèce humaine.

La première émission est très didactique et présente avec des effets graphiques simples mais efficaces, les causes du réchauffement et les questions posées. Le protocole de Kyoto n’ a été validé qu’en 2005 Avec un objectif de – 5,2 de réduction de CO². L’idée est de réduire de moitié le chiffre de 27 milliards de tonnes de CO² émises par l’ensemble des activités de la planète.

L’émission sur les transports durables de 2007 revient sur les effets des transports 20 % des gaz à effet de serre. Une étude très pointue et bien présentée montre comment les entreprises de transport routier pourraient largement réduire leurs émissions de GES en développant les transports alternatifs à l’échelle européenne.
On pourra apprécier les études sur le port de Lille, qui pourrait jouer un rôle majeur en divisant par 3 les émissions de CO² en alimentant Rotterdam. Un Canal Seine Nord de 105 km serait une formidable alternative aux flottes de camions qui déboulent quotidiennement sur l’autoroute A1

3 novembre 2009. Copenhague négociations sur le climat.

On présente ici un rappel sur sur le protocole de Kyoto signé en 1997, ouvert à la ratification en 1998 et finalement validé en 1995. Sa principale disposition a été, en plus de quotas d’émissions et d’objectifs signés par la les grands pays industrialisés, la création d’un marché du carbone.
La solution qui en a découlé a été ce mécanisme d’investissements propres. Les pays développés peuvent subventionner des systèmes moins polluants dans les pays en développement et récupérer des crédits carbone. En 4 ans 1792 projets de ce type ont été validés.
La plupart des investissements se font dans les pays émergents. 33 seulement sur l’Afrique. C’est sans doute à ce niveau, alors que le continent a dépassé cette année le milliard d’habitants que le problème majeur se pose.
Le principe est actuellement celui de la solidarité planétaire. Ce qui est économisé en terme de rejet de CO² en un point du globe est positif par principe pour tout le monde. Mais cela s’accommode mal des égoïsmes nationaux.
Les pays émergents dépasseront bientôt les pays de l’OCDE en matière de pollution.
Mais au niveau d’un accord, il faut justement en tenir compte. Les pays émergents, surtout l’Inde et la Chine sont hostiles aux régulations
Les pays pétroliers sont réservés puisque cela remet en cause la rente dont ils bénéficient.
Le Brésil a une position contradictoire. Partisan du développement des biocarburants, il subit aussi les pressions des autres pays qui lui reprochent la déforestation de l’Amazonie.
Encore une fois ce sont les PMA et les États insulaires qui subissent le réchauffement mais qui se retrouvent en position défavorable dans cette négociation.

À Copenhague, la signature d’un accord avec les États-Unis est obligatoire
mais pour les pays émergents le problème principal vient de la Chine, principal pollueur en volume qui tarde à mettre en œuvre une politique énergétique qui limite l’utilisation du charbon.

La hausse des températures

Selon le bilan de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié la semaine dernière, 2008 est la dixième année la plus chaude depuis 1850. Sachant que les années comprises entre 2001 et 2008 figurent parmi ces dix années, précise le « Diagnostic Copenhague », une mise à jour internationale des données sur le climat rédigée par 26 scientifiques.

La température moyenne de 2008 a certes été légèrement inférieure à celle des années précédentes, mais elle fut néanmoins supérieure de 0,31 °C à la moyenne des années 1961-1990. La pente du réchauffement se poursuit au rythme de + 0,2 °C par décennie.
La planète ne se réchauffe pas uniformément, le réchauffement est accentué aux pôles et il est plus prononcé sur les zones terrestres que sur les océans.

L’augmentation du CO2

Les émissions de CO2 provenant de la combustion des énergies fossiles ont augmenté à un rythme de 3,4 % par an entre 2000 et 2008, alors que le rythme était de 1 % dans la décennie 1990, a publié le consortium international Global Carbon Project (GCP) dans la revue Nature Geoscience le 17 novembre dernier.

Cette accélération s’explique en partie par le recours croissant au charbon (40 % des émissions de CO2 en 2008) et par l’augmentation des émissions de 1,1 tonne par habitant en 2000 à 1,3 tonne en 2008, épousant ainsi la courbe haute des scénarios les plus pessimistes élaborés par le Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques (Giec) en 2000.

On attirera également l’attention sur l’émission consacrée aux espèces menacées. Cette émission de 2004 cartographie les espèces menacées montre notamment la méditerranée comme une zone de grande biodiversité. On aura alors une pensée pour les élevages de taureaux de combat dans le sud de la France et en Espagne qui permettent le maintien de cette biodiversité en sauvegardant des étendues sauvages que les préoccupations de défenseurs de la cause animale livreraient à l’agriculture intensive et aux bétonneurs.
Au Brésil il ne resterait que 8 % de la forêt primaire. L’urbanisation menace très directement ces espaces tout comme l’agriculture extensive.
Des actions de l’homme introduisant avec lui ses espèces associées comme les rats sont en voie de stériliser des îles comme à Hawaï.
Le trafic des espèces est également traité; il représenterait en valeur, le deuxième trafic au monde après la drogue ce qui est surprenant.
Mais la principale menace sur toutes ces espèces, des singes de la forêt brésilienne aux grenouilles du Honduras est clairement liée à l’action de l’homme considéré comme le premier responsable du réchaufemet climatique et de la migration des espèces.

Les scientifiques observent un phénomène de saturation de la planète : la végétation, et surtout l’océan qui sont des puits de carbone naturels ont ainsi une moindre propension à absorber le CO2 émis. Ainsi la part de CO2 qui reste dans l’atmosphère augmente, passant de 40 à 45 % en 50 ans. La végétation, qui a jusqu’à présent profité de l’augmentation de CO2, pourrait elle aussi connaître des retournements de situation. C’est ce qui a été clairement démontré lors de la canicule et sécheresse de 2003 : au lieu de capter le CO2, la végétation trop stressée l’a renvoyé dans l’atmosphère.

D’autres problèmes comme celui-de la montée des eaux sont traités avec le sujet sur les réfugiés climatiques estimés à 200 millions en 2050.
Après une pause de quelques millénaires, le niveau de la mer a recommencé à monter au début du XXe siècle et s’est élevé de 20 cm au siècle passé.
Le réchauffement de l’eau depuis 2003 est moindre que pendant la décennie précédente. Si la dilatation thermique des eaux contribue moins à l’élévation du niveau des mers, les glaces polaires ont pris le relais beaucoup plus tôt que ne le prévoyaient tous les modèles scientifiques.
La perte des plates-formes de glace qui se disloquent en mer – Larsen A en 1995, Larsen B en 2002 et Wilkins dernièrement – en Antarctique de l’ouest en sont les événements les plus spectaculaires. Au total, plus de 25000 km² de plaques ont été perdues en Antarctique. Or, la disparition de ces plaques, qui corsetaient la calotte polaire, laisse la voie libre à l’écoulement des glaciers. Le phénomène est similaire au Nord, où l’on assiste de plus aux fontes estivales records de la banquise, année après année.

On pourra donc très largement utiliser ces émissions de Jean-Christophe Victor dans les cours sur l’environnement durable eet la mondialisation. En dehors d’une pédagogie frontale qui consiste à présenter cette émission et à bâtir un questionnement, rien n’interdit au contraire de développer des séquences visant à positionner sur des planisphères les phénomènes évoqués dans les émissions. Cet exercice peut aussi bien se conduire avec des outils traditionnels ou des supports numériques Avec la suppression des modules prévus dans la réforme des lycées on ne voit pas trop comment réaliser cela dans des classes de plus de 30 élèves.

On attribuera également une attention particulière aux deux émissions L’accès à l’eau : les usines de dessalement et un canal entre la Mer Rouge et la Mer Morte qui présentent l’immense intérêt de servir de conclusion ou de document d’accroche à la question du programme de seconde: «l’eau entre abondance et rareté». Avec ces deux émissions, le professeur pourra amener la classe à poser la problématique suivante. L’eau est un bien précieux, loin d’être inépuisable. Quels sont les moyens dont nous disposons pour en garantir l’approvisionnement dans un cadre équitable?

© Bruno Modica

DVD 1 Énergies 14 émissions

Pétrole : production et dépendance

Géopolitique du gaz

Les histoires du charbon

Les avenirs du charbon

Agrocarburants, une alternative

Croissance et énergie : prospective 2030

Énergies et risques politiques

Des drapeaux sous l’océan

Canada : la ruée vers l’or noir

Les agrocarburants au Brésil

Un gazoduc sous la Baltique

La Mer Noire, zone de transit

Le pétrole au Darfour

Le défi énergétique de l’Amérique Latine

DVD 2 Environnement 11 émissions

Négociations climatiques : 1 – Kyoto

Les premiers réfugiés climatiques

Risques climats = risques pays

Les mondes arctiques changent

Cartographie des espèces menacées

Vers des transports durables

Les sentinelles écologiques de l’Europe

L’accès à l’eau : les usines de dessalement

L’accès à l’eau : un canal entre la Mer Rouge et la Mer Morte

La destruction de l’environnement en Asie centrale

Négociations climatiques: 2 – Copenhague

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Recension de Jean-Pierre Costille

Ce volume 1 est composé de 14 émissions comme un état des lieux, prélude au second opus. Le prix catalogue est de 24.99 €.

Des lieux, des acteurs, des échelles

L’Union européenne, l ‘Amérique latine, le Brésil ou encore la Russie et le Canada : voilà quelques endroits parcourus tout au long de ces émissions. Les énergies abordées sont le pétrole, le charbon, le gaz et aussi les agrocarburants. L’approche se fait à plusieurs échelles, du régional au national, jusqu’au mondial. De petites animations ponctuent les propos de Jean-Christophe Victor lorsque c’est nécessaire. Ainsi en est-il pour la façon d’extraire du pétrole dans les schistes bitumineux ou encore pour évoquer les filières existantes pour produire des agrocarburants. Plusieurs émissions sont générales et associent par exemple la question de la croissance et de l’énergie à l’échéance de 2030 par exemple.

Le pétrole : toujours un incontournable

Ce ne sont pas moins de 6 émissions qui sont consacrées à un titre ou à un autre à l’or noir. Dans la première émission intitulée « production et dépendance », il s’agit de déterminer ce qui explique le prix du pétrole. L’OPEP, dont on entend souvent parler, représente en fait seulement 12 pays, mais 44 % de la production mondiale et surtout 75 % des réserves. Au-delà de ce chiffre, on cerne les rapports entre les pays, et par exemple, le rôle de l’Arabie Saoudite qui ajuste souvent sa production aux besoins exprimés par les Etats-Unis. Pour enrichir le sujet, une émission est consacrée au cas, sans doute peu connu, du Canada et particulièrement de la province de l’Alberta, nouvel eldorado pétrolier. Sur le site d’Athabasca, on est passé de 400 000 à 1 million de barils par jour entre 1995 et 2005. Ce numéro peut être utile pour montrer combien les modes d’exploitation du pétrole varient sur la planète puisqu’on estime que le coût d’extraction de cette ressource varie considérablement sur la planète. Aujourd’hui, avec un baril en moyenne à plus de 30 dollars, l’exploitation de schistes bitumineux devient rentable. Même dans des endroits qu’on pourrait considérer comme calmes, on s’aperçoit alors que le pétrole peut être une source de tension, puisque dans le cadre du mécanisme canadien de redistribution des richesses, les ressources de l’Alberta profitent à l’ensemble des provinces du pays, ce qui n’est pas sans renforcer, chez certains, les tendances au séparatisme.


Le charbon et gaz : deux marchés très différents

Energie fossile traditionnelle s’il en est, Jean-Christophe Victor et son équipe consacrent deux numéros au charbon. Une première approche est plus historique. Il s’agit d’étudier également les techniques et la localisation. Le charbon est en réalité une énergie diverse, car très liée à sa teneur en carbone. Actuellement, 82 % des ressources prouvées sont maîtrisées par seulement 6 pays. Néanmoins, le potentiel existe encore, et c’est pour cela qu’il y a un intérêt nouveau pour cette énergie en Chine ou en Inde. Le charbon totalise aujourd’hui un tiers du bilan énergétique mondial. En 2006, la Chine a construit trois centrales à charbon par semaine !
Le gaz, quant à lui, est aujourd’hui la deuxième source d’énergie dans le monde et la Russie totalise 22 % de la production mondiale, là où les Etats-Unis représentent 23 % de la demande mondiale. La particularité de ce marché, c’est qu’en fait il n’existe pas de marché mondial, mais uniquement des marchés régionaux. Les enjeux politiques sont aussi conséquents comme en témoigne la nationalisation de cette ressource en Bolivie. On sait également le poids de la Russie sur l’Union européenne, puisque 40 % des importations de gaz de l’UE en proviennent. Le géant russe Gazprom rapporte aussi 25 % des recettes budgétaires du pays !

Les agrocarburants : une nouvelle voie problématique ?

Deux numéros de grande qualité y sont consacrés. Elles permettent d’abord une approche globale, puis de choisir de focaliser sur un pays à savoir le Brésil. C’est particulièrement utile dans le cadre du programme de seconde. C’est toujours clair, c’est-à-dire très pédagogique : description, critique et avenir. Fort utilement Jean-Christophe Victor rappelle comment on obtient des agrocarburants. Ils sont vus comme une alternative aux énergies fossiles, mais les chiffres obligent à reconsidérer les choses puisque ils ne représentent en réalité que 1,5 % des carburants utilisés. Il faut aussi considérer leurs effets polluants et s’interroger pour savoir si l’alternative de demain sera entre manger ou rouler. L’émission est très précise et distingue bien les différentes générations d’agrocarburants, car ceux-ci ne doivent pas être mis tous dans le même sac. La nouvelle génération par exemple est produite à partir de bois ou de paille.
On peut utilement enchaîner avec l’émission dédiée au Brésil. Ce pays de 200 millions d’habitants, 10ème puissance économique mondiale, est le premier producteur mondial d’agrocarburants. Après l’échec des années 70, c’est aujourd’hui un vrai succès au Brésil. Les zones de culture de maïs se déplacent vers l’intérieur du pays, et on note un déplacement des cultures vivrières, ce qui pose la question de la sécurité alimentaire. Sans jamais être simpliste, l’émission pose donc clairement les enjeux du débat.

Que ce soit pour le citoyen ou pour nos cours, il s’agit vraiment d’un très utile dvd, et donc d’un très utile coffret. Comme autant de facettes, les émissions éclairent notre monde contemporain, nous donnent à penser, à réfléchir. Sacré défi ainsi relevé alors que nous sommes simplement devant notre poste.

Jean-Pierre Costille