Spécialiste de la question urbaine, Pierre Merlin participe ici à l’essor de la récente collection « la France de demain » de chez Ellipses avec ce volume sur l’avenir des grands ensembles.
Cet ouvrage format poche proposant une synthèse sur le sujet se découpe en cinq parties suivant un plan chronologique.
S’ils ont représenté modernité et satisfaction à leur naissance, les grands ensembles ont surtout constitué une sorte de solution allant de soi pour résoudre les problèmes de logement de l’après Seconde Guerre Mondiale. La forme s’est imposée d’elle même tout comme leur localisation.
Rapidement critiquées pour la monotonie de leur architecture et le manque d’équipements associés, ces « cage à lapins » furent aidées au travers de ZUP qui n’affichèrent pas le succès escompté.
Dès lors, l’histoire de ce type d’habitat rime avec stigmatisation de l’image entraînant ségrégation, exclusion et racisme. La sémantique évolue, de grands ensembles à cités, de cités à quartiers sensibles, mais toujours avec l’idée sous-jacente de difficulté.
L’analyse de la dizaine de politiques menées sur 30 ans montre que traiter du bâti seulement n’est pas efficace mais que le travail sur l’augmentation de la densité (GPU, GPV) apparaît plus salutaire. Quant au débat sur le renouvellement urbain, il est toujours en cours. L’arrivée du développement durable dans le débat montre que la ville compacte pourrait constituer une piste intéressante mais à moyen ou long terme.
Le bilan général est très mitigé, ce qui amène l’auteur à mettre en balance trois scénarios possibles : un « gris » fait de palliatifs qui demeure le plus probable, un « noir » qui verrait une nette dégradation de la situation mais qui n’est nullement exclu et enfin un « rose » fondé sur l’optimisme et l’espérance mais qui demeure assez peu probable.
Quoi qu’il en soit, Pierre Merlin achève son propos en énonçant que temps, argent et volonté forte seront les éléments moteurs du changement.
Une bon tour d’horizon de la question, classique et efficace, mais une réalisation un peu trop sobre qui ne laisse que peu de place aux figures (seulement 4 en 150 pages – et pas d’une netteté exemplaire). La quatrième de couverture évoque un blog qui invite à découvrir les auteurs et à continuer le débat avec eux mais qui ne compte pour le moment aucun message.