Des territoires créatifs via la culture – L’exemple de la région Sud

On assiste depuis les années 1990 à une concentration des habitants et des activités dans les métropoles. La pandémie Covid-19 va-t-elle aboutir à une nouvelle géographie de la population moins à l’avantage des plus grandes villes ?

A cause des confinements, sont apparus des  « corona-migrants » : à l’échelle nationale, il peut s’agir de personnes qui quittent le cœur des agglomérations pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie ou à l’échelle mondiale, des millions de personnes qui ont quitté le pays où elles étaient expatriées pour regagner leur pays d’origine. Parmi ces « corona-migrants », de nombreux actifs ont pu expérimenter le télé-travail. Son développement, hors pandémie, peut à terme entraîner un changement structurel du lien domicile-travail. Par ailleurs, le développement des circuits courts pourrait engendrer une diversification des activités économiques locales dans les territoires ruraux. Le Covid-19 sera-t-il à l’origine d’un processus de « démétropolisation » ?

Sous l’impulsion de Richard FLORIDA, la notion de créativité des territoires via la culture a acquis une réelle importance. Elle a été rapidement reprise dans les discours des décideurs politiques locaux et transparaît dans plusieurs stratégies de développement territorial, comme par exemple en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette région constitue en effet une véritable « terre de festivals » avec, en 2017, près de 1200 (dans les domaines de musique, de la danse, du théâtre,…). Ils sont une ressource créative régionale propice au développement des territoires urbains mais aussi périurbains ou ruraux.

L’une des principales ressources de la créativité territoriale a été, en 2013, l’évènement Marseille-Provence Capitale européenne de la culture. Il est apparu comme un véritable levier du développement local. Il a montré la possibilité, via la culture, de développer une coopération territoriale entre des communes opposées sur de nombreux autres projets. Il a été un grand succès auprès du public. Les chiffres positifs de la fréquentation (plus de 11 millions de visites) s’accompagnent de bons résultats économiques, avec la hausse du nombre de nuitées mensuelles. De plus, de nouvelles infrastructures culturelles ont fleuri dans le périmètre Marseille-Provence (MuCEM, Villa Méditerranée,…), permettant par exemple la ré-esthétisation de plusieurs quartiers et l’amélioration de l’image de la cité phocéenne.

Mais la valorisation des ressources créatives régionales ne s’est pas traduite par des créations d’emplois, bien au contraire (du moins dans le secteur privé). La concorde entre élus autour du projet MP2013 a également fait long feu. Pire, « diverses transformations urbaines réalisées au nom de la créativité cachent en réalité des indices en faveur d’un espace public […] socialement inégalitaire, avec l’exclusion des plus pauvres dans l’optique de créer une « vitrine urbaine » rutilante, voire aseptisée. »