Il dresse un tableau historique des pratiques communautaires: durant la période coloniale il décrit la tradition des travaux en commun, réalité à la fois économique, sociologique et cérémonielle à ne pas confondre avec les associations volontaires tournées vers le développement mises en place par la puissance coloniale; en particulier entre les deux guerres pour atténuer les revendications indépendantistes. C’est l’occasion de mettre en regard les systèmes anglais et français, plutôt animation rurale pour les premiers et coopératives pour les seconds. La période post-coloniale perpétue ces modes d’organisation, les nouveaux états se substituant à la puissance coloniale dans l’animation de ces associations et dans la formation des cadres.
Les groupements de développement local connaissent dans les années 80 un relatif échec dans l’amélioration des conditions de vie en relation avec une appropriation incomplète des projets par les populations concernées et un désengagement des états contraints par les programmes d’ajustement structurel du F.M.I..
A partir d’exemples pris au Burkina Faso et au Mali, l’auteur montre que de cet échec, est sorti un renouveau des groupements d’organisation paysanne qui prend appui sur les traditions communautaires.
Dans un second chapitre, il s’agit d’une analyse du processus participatif: place de la tradition des groupements d’age, adhésion volontaire à un syndicat ou une coopérative ou obligation dans le cas des syndicats d’irrigation. L’auteur analyse de manière très précise un exemple d’hydraulique villageoise au Togo: conditions de réussite et d’échec: participation dès le projet ou seulement aux travaux, respect des traditions par exemple dans le choix du site des puits, importance du suivi et de l’évaluation.
Les chapitres suivants portent sur le mouvement social paysan, sa place dans les mouvements d’émancipation à l’époque coloniale, le repli post-indépendance et une certaine relance depuis des années 80- 90 dans le contexte actuel de la mondialisation. Le rôle des diasporas: tour d’horizon des phénomènes migratoires et leur évolution, l’importance des transferts monétaires qui peut être plus importants que l’aide au développement reçue des pays riches, la place à trouver pour la “diaspora scientifique”: Quel rôle et quelles modalités pour les élites expatriées dans un engagement pour le développement de leur pays d’origine? Et une réflexion sur le rôle possible de l’internet et du “modèle” des NPI asiatiques.
Le chapitre 5 est plus théorique: comment le concept d’ “économie sociale et populaire” peut être un outil d’analyse des réalités africaines. L’auteur décrit ensuite des pratiques comme les “tontines”.
Le sixième chapitre est plus concret, il s’agit de comprendre les réussites et les échecs des projets de développement à travers deux exemples: un barrage au Mali et un forage au Cameroun, l’auteur nous propose ici une intéressante grille d’analyse des projets de développement.
Un épilogue montre l’intérêt de la sociologie pour une analyse des questions de développement en Afrique même si les théoriciens évoqués (Weber, Durkeim, Simmel) ont fondé leurs théories sur l’étude de ’Europe.
Ce petit livre est une contribution à l’étude des facteurs de développement en Afrique ni pessimiste ni optimiste qui cherche à proposer des outils utiles à tout lecteur en particulier ceux qui seraient engagés dans une ONG.
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