Le rideau vient de s’abaisser sur le faste des JO de Pékin. Sous le feu des projecteurs pendant l’été, la Chine n’a cessé d’interroger par son drôle de modèle économique dont elle a tout fait pour montrer les atouts pendant la période des Jeux.

Dans la veine des nombreuses publications qui ont envahi les tables des libraires depuis la fin du printemps, la Documentation Française publie un numéro de la Documentation Photographique consacré au « Défi chinois ».

Thierry Sanjuan, géographe spécialiste reconnu de la Chine, professeur à Paris I, est l’auteur de cet opus très attendu. La Chine est au programme du concours AL de l’ENS 2009. Nombreux vont être les professeurs de classes préparatoires et leurs étudiants à se précipiter sur ce recueil. Car, contrairement à la majorité des ouvrages parus, Thierry Sanjuan livre une œuvre de géographe. Il a précédemment publié Atlas de la Chine. Les mutations accélérées. Autrement, 2007 et Dictionnaire de la Chine contemporaine, Armand Colin, 2007. Il interroge ici le territoire chinois à la lumière de la mondialisation.

Entrée de plein pied dans la mondialisation en 2001 (choix du pays pour organiser les JO de 2008, entrée à l’OMC), la Chine et son modèle de développement suscitent à la fois fascination et méfiance. L’exemple chinois remet en cause les schémas de lecture jusque là basés sur l’hyper puissance américaine et la domination globale de l’Occident. Il faut désormais compter sur la Chine en tant qu’une des principales puissances mondiales.

Les ambitions mondiales de ce géant démographique ne se satisfont pas de demeurer l’atelier du monde, fonction qui la rend dépendante de l’activité économique mondiale.

Le pays, malgré sa croissance galopante, a plusieurs défis à relever pour s’affirmer en tant que partenaire incontournable dans la mondialisation :
– S’ouvrir au monde tout en maintenant le communisme au pouvoir.
– Gérer l’immensité territoriale et démographique.
– Combattre les inégalités (sociales et territoriales) nées de l’ouverture au monde.
– S’assurer des ressources nécessaires et contrôler les conséquences environnementales de son développement économique.

Thierry Sanjuan livre ici une mise au point actualisée qui va bien au-delà de l’image de pays-atelier. Description de l’implantation chinoise dans les économies du nord, rôle de la diaspora, insuffisance de qualifications d’une partie de la population chinoise, émergence d’une classe moyenne, voici quelques exemples de développement qui apporteront beaucoup aux professeurs de 5° et de Terminale soucieux de dépoussiérer leurs cours de géographie. Thierry Sanjuan insiste sur la métropolisation et la forte polarisation de l’espace chinois tout en combattant les idées reçues : « Il n’existe pas de mégalopole chinoise qui irait de Canton à Dalian ! ». Il montre que le déséquilibre démographique et économique Ouest / Est reste énorme, même si l’Etat essaie de le résorber en construisant des infrastructures de transport afin d’innerver le pays. Malgré tout, l’auteur ne néglige pas la situation politique du pays. Pour lui, la Chine n’est plus un Etat totalitaire mais reste un pays soumis à un pouvoir autoritaire.

L’ensemble du texte est accompagné de nombreux documents intéressants à exploiter en classe : les cartes de l’évolution des IDE en Chine entre 1992 et 2006 sont particulièrement parlantes et montrent bien l’insertion du pays dans la mondialisation. Mais, d’autres documents trouveront leur place dans une démonstration sur la place de la Chine à travers le monde (diagramme et graphiques sur la place de la Chine en Afrique) ou dans son espace régional (carte de l’Organisation de Coopération de Shanghai). L’insertion du territoire chinois dans la mondialisation apparaît sur la carte : Les territoires de la mondialisation qui peut servir de support à la construction d’un croquis de synthèse du territoire chinois. De même, les pages sur les villes (Pékin, Shanghai, Shenzhen…) peuvent être associés aux documents figurant dans le TDC N°945 (décembre 2007) consacrés aux villes chinoises. On l’aura compris cette livraison de la Documentation Photographique offre une synthèse de qu’il faut savoir sur ce pays qui n’en finit pas de nous interroger. Et comme le dit Thierry Sanjuan à la fin de son introduction : « Comprendre mieux la Chine afin de nous mieux comprendre nous-mêmes ? ».

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