Rédigé par un collectif de chercheurs d’horizons divers (statistique, psychologie, géographie, urbanisme, architecture, sociologie…) fédéré autour du groupe « Mobilités urbaines pédestres » du Labex Futurs Urbains, ce dictionnaire entend cerner les contours de cet objet paradoxalement banal et méconnu qu’est la marche en ville.
Avant le déroulé des différentes entrées, une introduction générale expose l’évolution des progrès technologiques qui ont modifié le rapport à la marche : après une chute liée à l’arrivée du réfrigérateur, de l’automobile et d’un salariat féminin ayant amené à optimiser les déplacements, on voit la marche timidement réapparaitre au travers des rues piétonnes et d’une conscience écologique face à d’autres modes de déplacement couteux pour la planète.
Si les termes sont naturellement présentés de manière alphabétique, on peut être tenté de faire quelques regroupements autour de questions liées à la santé et au bien-être par exemple (« activité physique », « course », « apaisement », « confort », « convivialité »…) ou à la technique (« adhérence », « glissance », « revêtement »…).
Le livre fourmille d’éléments passionnants, souvent sérieux, parfois amusants : la « ligne de désir » et les taux de détour liés aux « coupures urbaines » qui montrent qu’on ne peut pas toujours tout contraindre, la « logistique » qui étudie les 15 premiers et derniers mètres de l’approvisionnement et de la livraison des marchandises dans la rue ou dans les entrepôts, « l’équipement personnel » qui, au-delà de l’optimisation technique (montre connectée, chaussures, équipement de visibilité…), évoluera peut-être encore avec le réchauffement climatique, les « métiers ambulants » (la prostitution, le colportage et une vente de de journaux qui tend à disparaitre avec les objets connectés), le fait de devoir naviguer en ville en fonction des « saletés ».
Objet d’étude d’avenir, la marche nécessite aussi des « méthodes de recherche » dédiées qui sont ici détaillées : la façon de marcher des piétons, la typologie des espaces de mobilités, les pratiques liées à une site en particulier pour une catégorie de population, l’étude des bénéfices de la marche en termes de sécurité ou d’environnement, les parcours commentés ou les parcours augmentés, le cadrage d’échelle (du micro lié au corps au macro qui placera la marche dans un ensemble multimodal/intermodal en passant par le méso qui concernera les géographes intéressés par les interactions humaines et les itinéraires).
Qu’elle soit finalement sportive, utilitaire ou liée au plaisir et à la découverte, la marche est abondamment décortiquée dans ce captivant dictionnaire de plus de 400 pages déroulant ses concepts de « l’accessibilité » au « walkman » que les plus anciens redécouvriront avec nostalgie. Les textes sont limpides, la mise en gras permet des renvois sur d’autres entrées et quelques notices sous-titrées « un pas de côté » amènent un peu d’humour dans l’ensemble. Un ouvrage bien utile donc pour faire évoluer ses conceptions et ses enseignements sur la géographie des mobilités à tous niveaux.