Est-ce que cet ouvrage est une bande dessinée? Un roman graphique? Un documentaire anthropologique? Un carnet de voyage? Ou est-ce tout ça à la fois?
Les dinosaures du paradis est une oeuvre à l’image du parcours de son auteur, complexe. Non pas qu’elle soit obscure intellectuellement, bien au contraire. Elle est juste inclassable, tant Mazan joue avec les codes pour mieux s’en séparer. Plus de 10 ans de travail pour ce résultat… Et forcément, cela intrique et interroge, cela fascine.
Cette oeuvre, c’est celle d’un artiste du Sud-Ouest de la France, dont la vie est chamboulée lorsqu’on lui propose de suivre des fouilles pour mieux les mettre en valeur à travers ses croquis. Pas n’importe quelles fouilles, la recherche de dinosaures. Et là, c’est l’enfance qui ressurgit, les yeux illuminés du petit garçon face à la démesure et la fascination de ces créatures. Et pour le soutenir dans ce parcours improbable, sa femme.
De la France à l’Asie, voilà ce dessinateur plongé dans le quotidien d’une équipe de paléontologues, à la recherche d’un dinosaure emblématique, le spinosaure. Et il va en profiter de ce voyage. Tout d’abord, pour retracer de manière fidèle les techniques de recherche, le travail quotidien de ces petites mains, les échecs et les doutes, les failles humaines, les réussites.
Ensuite, l’auteur se métamorphose en ethnologue, analysant les habitudes de toutes les populations rencontrées, leurs coutumes et leurs moeurs, les décalages occidentaux, les incompréhensions et les joies partagées.
Pour mieux nous faire vivre cela, Mazan mélange planches de BD, photographies, textes scientifiques, croquis, extraits de carnets de bord, échanges de mails… Tout un kaléidoscope de matières et de support pour rendre son propos à la fois le plus vivant possible et le plus rigoureux. On sent que cette oeuvre, c’est d’abord et avant tout un morceau de vie qui a profondément marqué et changé l’auteur, qui l’a fait vibrer.
Cette somme de plus de 200 pages se dévore avec grand plaisir, avec beaucoup de rires et de sourires, avec beaucoup d’émotions aussi et surtout.
Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur
« Naissance d’une aventure paléontologique. Les dinosaures du Paradis nous fait découvrir ce qui a amené Mazan, dessinateur de bande dessinée, à la paléontologie, et ce qu’est une fouille paléontologique, pendant une campagne de fouilles à Angeac-Charente alors que l’équipe de tournage de C’est pas sorcier filme les différents protagonistes du site. Cela permet d’expliquer au lecteur ce qu’est un chantier de fouilles, à quelle époque ont vécu les dinosaures, ce que l’on cherche et comment. Un avant-goût avant le voyage au Laos et la rencontre avec Ronan Allain, paléontologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris, un des seuls paléontologues français en exercice travaillant sur les dinosaures. Le livre se termine avec cette mission au Laos à la découverte du squelette d’une nouvelle espèce de dinosaure : Ichthyovenator laosensis (à la crête étrange et échancrée) ! Avec ce récit aussi autobiographique que scientifique, le paléoartiste Mazan nous entraîne des rives de la Charente à la jungle du Laos à la découverte des dinosaures. »
Présentation de l’auteur sur son site
« Pierre Lavaud, dit Mazan, est né le 24 février 1968 à Périgueux et vit près d’ Angoulême. Le petit Pierre a 5 ans quand il déclare vouloir devenir un paléontologue émérite et c’est en illustrant le catalogue de son mini-musée de fossiles qu’il se découvre la passion du dessin. En grandissant, il abandonne son destin d’aventurier-archéologue au profit d’un rêve tout aussi utopique : celui de mettre en images des histoires dans l’Histoire… Il sera auteur de bandes dessinées !
Après avoir passé une partie de son enfance dans la région parisienne (Nanterre, Saint Michel sur Orge) il retourne terminer sa scolarité dans sa ville natale. Son Bac arts plastiques en poche, il s’inscrit en 1985 à l’école des Beaux-Arts de la ville d’Angoulême qui vient tout juste d’ouvrir une section de bande dessinée. Il y croise un tout jeune éditeur venu expliquer son métier aux élèves: Guy Delcourt… nous sommes en 1987. Étant un peu obstiné et ayant pour unique objectif de publier des histoires courtes dans la revue (À SUIVRE), Mazan décline l’offre de cet éditeur inconnu. Un de ses mini-récits, « Aménophis 4 », lui permet de décrocher l’Alfred Avenir en 1988 et de re-croiser Guy Delcourt dans la foulée. Nouvelle proposition d’album, déclinée une fois de plus par l’étudiant têtu, mais surtout angoissé à l’idée de s’engager sur 46 pages ! Jamais deux sans trois: lors d’un stage BD à Erlangen (Allemagne) en juin de la même année il finit par céder aux avances de l’éditeur obstiné, dont le catalogue déjà s’étoffe un peu et signe son premier contrat en octobre.
Il sort de l’école d’Angoulême en 1989 avec les félicitations du jury, diplôme remis par Pierre Christin et Jean Claude Mézière ! On peut retrouver ses premiers travaux dans l’album Les Enfants du Nil (éditions Delcourt) , avec la genèse du Grand Mal (Le récit primé « Aménophis 4 »), ainsi que dans plusieurs revues allemandes et autrichiennes (Schweer Metal, Sinnflut, U-ComiX-, Fön-X). Auteur complet, il réalise intégralement ses histoires, du scénario aux dessins, sans oublier ses mises en couleurs, aux gammes très originales. Mazan construit l’histoire du Grand Mal en près de deux ans. Le résultat est un premier album au découpage savant, dans lequel il a su alterner dessin dense, ambiances monochromes et un style aérien, en accord avec les différentes étapes de l’histoire. Mazan achève en 1992 le deuxième album de cette série, Lumière sur le Front, deux ans d’un travail acharné et rigoureux. Véritable miniaturiste, Mazan explose littéralement grâce notamment à sa nouvelle technique de couleurs.
Le festival d’Angoulême 1993 l’encourage en le nommant simultanément à l’Alph’Art coup de cœur et au Prix Bloody Mary. C’est à l’Atelier Brol, en compagnie d’Isabelle Dethan, Turf, Thierry Robin, Eric Dérian, Guilhem et Pierre Yves Gabrion qu’il terminera la trilogie L’hiver d’un monde par un dernier opus: Ville Basse. Membre fondateur du célèbre Atelier Sanzot (1995/2006) puis de l’Atelier du Marquis à Angoulême, il poursuit son œuvre lentement, en explorant toujours de nouvelles voies. Il multiplie ainsi les travaux publicitaires (album BD pour DHL, illustrations pour IBM, Atlas, etc.). Sans changer sa technique, il réalise deux albums pour enfants: Le vaillant petit tailleur et Apprendre à frissonner (adaptations des contes de Grimm) en essuyant les plâtres de la toute nouvelle et pimpante collection jeunesse des éditions Delcourt. On ne change pas une équipe qui gagne. Le Vaillant Petit Tailleur bénéficiera du prix Max und Moritz qui récompense le Meilleur album jeunesse au festival d’ Erlangen, toujours en Allemagne… il y a des lieux gagnants aussi. Outre ses albums réalisés comme auteur complet, il collabore à l’adaptation de quatre récits littéraires pour la revue des Éditions Bayard Je Bouquine.
Son style, très personnel, se caractérise par un ton humoristique tout en demi-teinte, la délicatesse s’effaçant parfois au profit d’un humour caustique. C’est particulièrement frappant dans sa bande dessinée Dans l’cochon tout est bon, qui relate l’histoire d’amour entre un médecin légiste et une jeune et jolie femme pleine de phobies. Dans cet album, Mazan pose son regard aiguisé sur les relations curieuses que notre civilisation peut entretenir avec la chair. Les récentes (et bien réelles) dérives sur la qualité de notre nourriture ne lui donnent certes pas tort ! C’est sans doute pour ces raisons que cet album est récompensé par le prix Tournesol, remis par les Verts, à Angoulême en 2001.
Après un passage récréatif dans l’univers de la série Donjon Monsters de Joann Sfar et Lewis Trondheim dont il dessine le premier opus Jean-Jean la terreur, il renoue avec les aventures de Philibert. Ce second tome, C’est aujourd’hui dimanche, permet d’approfondir la psychologie des personnages avec en toile de fond une enquête criminelle pleine de surprises. Entre temps, Mazan rencontre l’écrivain Gérard Moncomble dont il illustre la série de romans Bouzouk, puis deux livres pour enfants d’inspiration asiatique : Ulùpi, princesse chipie et Le Voyage d’Ulùpi . Il s’ acoquine ensuite le temps d’un album avec Eric Wantiez –Tatsu- tout en multipliant les contributions à divers collectifs : La fontaine aux fables, Goldman, Cabrel, Gainsbourg, Noah… Son désir de revenir un jour à ses passions de gosse se faisant de plus en plus pressant, il entame avec Isabelle Dethan une collaboration qui va les emmener au fil du Nil redécouvrir le temps des pyramides. Ainsi naissent Khéti, Mayt et Miou.
Le plaisir du croquis s’impose à son quotidien et l’accompagne tout au long de ses voyages. Alors, quand il apprend qu’un extraordinaire gisement d’os de dinosaures vient d’être découvert à quelques kilomètres de chez lui, à Angeac-Charente, c’est avec des étoiles dans les yeux qu’il dégaine une fois de plus son carnet. 2010 est ainsi une date charnière pour l’auteur. Le boomerang lancé depuis près de quarante ans est de retour. Clin d’œil du destin ou hasard de la vie, il intègre le petit monde de la paléontologie par le dessin. Depuis, il participe à diverses campagnes de fouilles, côtoie d’éminents paléontologues et des préhistoriens de renom. Missionné en 2012 par le Muséum d’Histoire naturelle de Paris et Le National Geographic il intègre l’équipe Franco-Laotienne Dinosavan’ et part à la recherche d’un tout nouveau squelette de dinosaure au fond de la jungle Lao. Des centaines de croquis, des paléoreconstitutions en pagaille, des expositions, des illustrations pour des livres scientifiques et des magazines… on ne l’arrête plus. D’un œuf de dinosaure de papier, de l’esprit d’Isabelle Dethan et du crayon de Mazan est sorti Mimo, la petite mascotte antédiluvienne d’Angeac-Charente, un petit ornithomimosaure curieux de tout.
Une petite pause ?… Pour réaliser le dernier Donjon avec Sfar et Trondheim alors !… La fin du Donjon, ça ne se refuse pas. Mais Pierre à déjà hâte de retourner sur le terrain ! »